Des experts de la santé relevant de l'Organisation des Nations-Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) indiquent que le continent africain abrite plus de 50 mille tonnes de pesticides obsolètes lesquelles constituent un danger pour la santé de l'homme, notamment dans les zones rurales. Selon un bulletin de l'Alliance des femmes et environnement (AFE), le stock de pesticides obsolètes en Tunisie est estimé à 1200 tonnes dont le grand volume se trouve au niveau de la décharge de Menzel Bourguiba.
Stock de 1200 tonnes de pesticides obsolètes et dangereux
Ces pesticides peuvent réduire la fertilité de la terre et polluer l'eau, en cas de non intervention rapide. Quels sont alors les moyens à mettre en place pour lutter contre ces produits hautement toxiques et quel rôle tient les Organisations non gouvernementales, défenseuses de l'environnement dans la sensibilisation à l'élimination des stocks de pesticides obsolètes ? En Afrique, des stocks de pesticides obsolètes se sont accumulés depuis des décennies. Ces stocks sont estimés à des milliers de tonnes, dont une grande partie est constituée de Polluants Organiques Persistants (POPs). Ces pesticides sont souvent abandonnés en plein air ou stockés dans de mauvaises conditions au niveau des magasins inadaptés à proximité des produits alimentaires, des sources d'eau ou près des zones habitées notamment par des populations rurales et urbaines pauvres. Ces produits hautement toxiques s'écoulent de leurs conteneurs, s'infiltrent dans les nappes phréatiques, contaminent l'environnement et constituent un danger réel pour la santé humaine et animale.
Programme Africain Relatif aux Stocks de Pesticides obsolètes (PASP) C'est dans ce contexte que le Programme Africain Relatif aux Stocks de Pesticides obsolètes (PASP) a été mis en place. L'objectif principal de ce programme se résume en : l'élimination de manière écologiquement rationnelle de tous les stocks de pesticides obsolètes accumulés en Afrique, et la mise en place des mesures de prévention pour éviter l'accumulation de nouveaux stocks de pesticides obsolètes dans le futur. La Tunisie est l'un des sept pays qui participent à la première phase du Programme Africain relatif aux stocks de pesticides obsolètes (PASP), financé par le FEM et plusieurs autres donateurs. La Tunisie a été choisie, avec l'Afrique du sud, pour mettre en oeuvre le programme pilote d'élimination du stock de pesticides obsolètes. Le coût de ce projet s'élève à 7,3 millions de dinars en Tunisie.
Hôpital de Menzel Bourguiba, un dépôt « particulièrement dangereux » La FAO, travaillant avec les autorités tunisiennes et avec le concours financier des Etats-Unis, a fourni l'équipement, la formation et l'expertise pour le reconditionnement et l'entreposage sécuritaires du DDT, jusqu'à ce qu'il puisse être enlevé et détruit. Cette opération s'est déroulée avec succès entre le 11 et le 28 février 2007, avec l'assistance d'un expert syrien ayant bénéficié de la formation FAO au cours d'un projet FAO mis en œuvre en Syrie en 2004-2005. Cette opération a permis de réduire les risques au fur et à mesure que les pesticides sont emballés et prélevés pour être entreposés ou détruits, le tout dans le strict respect des mesures de sécurité pour l'homme et l'environnement. Les enquêtes sur les lieux menées en Tunisie indiquent en détail les types, conditions et emplacements des pesticides obsolètes. Les données collectées au cours des enquêtes sont également utilisées dans le logiciel OPMS de la FAO (Obsolete Pesticides Management System) pour générer une évaluation du risque de chaque dépôt ou site. Selon les résultats de l'enquête, la Tunisie a terminé l'inventaire national des pesticides périmés et 1300 tonnes de déchets dangereux dérivant de pesticides ont été identifiées. Près de 725 types de pesticides sont utilisés en Tunisie pour la lutte contre les insectes, les mauvaises herbes et les rats. Les sites à risque élevé sont ainsi aisément identifiés et sont classés prioritaires quant aux mesures de protection à prendre. Par ailleurs, et selon les résultats publiés, un dépôt « particulièrement dangereux » a été découvert, dans l'enceinte de l'hôpital de Menzel Bourguiba, où se trouvaient 40 tonnes de DDT, fournies il y a 50 ans. La plus grande partie du produit était répandue ou s'échappait des emballages. « La direction de l'hôpital était désireuse de s'en défaire le plus vite possible pour éliminer les risques et parce que de nouveaux bâtiments devaient être construits sur le site ».
ONG et Sensibilisation des agricultures Dans la majorité des cas, l'élimination des pesticides obsolètes dans les pays en développement implique leur réemballage, leur transport jusqu'en Europe et leur incinération dans des incinérateurs à haute température spécialement conçus pour les déchets toxiques. Il s'agit là d'une opération dangereuse, difficile et complexe au plan administratif ; elle nécessite des connaissances approfondies et un matériel spécialisé. Elle est également coûteuse - les coûts atteignent actuellement 3 000 USD - 4 000 USD par tonne de déchets. D'autres possibilités d'élimination ont été étudiées, entre autres l'incinération dans des fours à ciment locaux ou dans des incinérateurs mobiles, le dépôt souterrain et les traitements chimiques de niveau technologique modeste. Ces méthodes sont généralement dangereuses. Dans le cadre du PASP, les ONG sont reconnues comme étant des partenaires au niveau des projets - pays. A cet égard, l'Alliance des femmes et environnement (AFE), a organisé, récemment à Tunis, une journée d'information sur "la participation des associations dans la mise en œuvre du programme de gestion et d'élimination du stock de pesticides obsolètes", avec la participation de plusieurs ONG et Associations féminines africaines et européennes. En effet, les ONG et associations interviennent notamment dans la sensibilisation des agricultures et leur initiation aux méthodes d'utilisation de pesticides propres dans l'agriculture, outre la vulgarisation à gérer au mieux l'utilisation des pesticides dans le domaine agricole, surtout par la consolidation de la culture environnementale auprès des agriculteurs, en veillant à limiter l'utilisation anarchique des pesticides. Dans cette perspective, plusieurs membres des associations environnementales prévoient la réduction progressive en Tunisie de l'utilisation des pesticides par les collectivités locales et les municipalités, outre l'encouragement de l'utilisation des engrais naturels en remplacement des engrais chimiques et l'identification de solutions de rechange pour lutter contre les pandémies naturelles dans l'agriculture, à l'instar des méthodes appliquées dans l'agriculture biologique.