La fête de l'agriculture, célébrée le 12 mai de chaque année, coïncide toujours avec l'annonce d'une batterie de mesures et d'incitations au profit des agriculteurs dans l'ultime but d'atteindre un jour les objectifs fixés en matière de sécurité alimentaire. La fête de cette année n'a pas failli à la règle. Un conseil des ministres, présidé par le chef de l'Etat, a pris un ensemble de mesures au profit des céréaliculteurs et éleveurs. Concernant les grandes cultures, les mesures décidées constituent une véritable stratégie pour promouvoir la filière.
Au plan institutionnel, le conseil a convenu de créer une structure unique rassemblant l'ensemble des structures administratives intervenant actuellement dans le domaine des grandes cultures. Au rayon des incitations financières et fiscales, un cadre juridique sera élaboré en vue d'encourager l'exploitation commune des terres agricoles, de manière à éviter le morcellement de la propriété. Il s'agit, également, d'exonérer les activités de location des terres agricoles destinées à la céréaliculture, durant 3 ans, des frais d'enregistrement et de la taxe sur le revenu.
Parallèlement, la prime d'investissement accordée aux coopératives au titre de l'acquisition d'équipements agricoles et accessoires sera augmentée de 40% tandis qu'une marge d'un point sur les crédits saisonniers destinés aux grandes cultures sera instituée au profit des agriculteurs qui s'acquittent de leurs dettes dans les délais impartis, et ce, durant la période 2008-2011. L'Etat interviendra en cas d'aléas climatiques pour en atténuer les effets. Ainsi, l'Etat prendra en charge les frais d'assurance des prêts saisonniers destinés aux grandes cultures, durant une période de trois ans et d'une manière dégressive, sur les contrats prescrits au titre des risques d'incendies et de chute de grêle. Côté crédits saisonniers, il a été décidé de limiter aux alentours de 5% le taux d'intérêt des prêts saisonniers administrés, octroyés au titre des ressources du budget de l'Etat aux petits agriculteurs.
Au rayon de la production céréalière, le conseil des ministres a opté pour l'extension des superficies céréalières. Quelque 120 mille hectares de superficies irriguées seront réservées, d'ici à 2011, aux grandes cultures contre 80 mille hectares actuellement. La superficie céréalière sera étendue. Un programme spécial sera élaboré pour mettre en valeur, dans une première étape, 20 mille hectares de plaines qui seront destinés à la production de céréales. Autres mesures : Elles consistent à porter la production de semences sélectionnées à 450 mille quintaux en 2011, contre 270 mille actuellement. L'accent sera mis sur la consolidation de la recherche appliquée scientifique dans le secteur des grandes cultures. La technopole du Nord-ouest sera chargée de cette mission. S'agissant de l'élevage, les incitations instituées sont assez significatives. Il a été décidé d'arrêter une stratégie aux fins d'accroître la production de fourrage et d'en réduire l'importation. Dans cette perspective, les cultivateurs de fourrage bénéficieront d'une prime de 30% au titre de l'acquisition de semences fourragères sélectionnées.
Les petits éleveurs bénéficieront d'une augmentation, de 25 à 30%, de la prime d'investissement pour l'acquisition de vaches, contre 20 à 25% pour les éleveurs moyens et de 7 à 15% pour les grands éleveurs.
La prime consacrée à la production des génisses racées pleines sera majorée. Elle variera entre 300 et 700 dinars au lieu de 100 à 300 dinars, actuellement.
Enfin, un prix référence pour l'intervention de la société "Ellouhoum" dans le cadre de contrats avec les éleveurs pour l'engraissement de 8 mille moutons sera fixé.
L'ensemble de ces mesures viennent à point nommé en cette conjoncture mondiale où le spectre de la faim resurgit et où les ingrédients d'une guerre alimentaire commencent à se manifester. L'enjeu est de taille lorsque le président de la Banque mondiale déclare que «cette crise alimentaire va se poursuivre jusqu'à 2015».