Une enquête sur les femmes chefs d'entreprise dans cinq pays arabes (Bahreïn, EAU, Jordanie, Liban, Tunisie) vient de voir le jour. Initiée par la Société financière internationale (SFI) -relevant de la Banque mondiale- et le Centre de la femme arabe pour la formation et la recherche (CAWTAR), cette recherche a été menée en Tunisie par la Chambre nationale des femmes chefs d'entreprise (CNFCE) et l'institut supérieur de gestion de Tunis (ISG). La recherche a rassemblé 197 femmes interrogées sur la région du Grand Tunis et les villes de l'intérieur. Le rapport issu de cette étude démontre que le développement des entreprises et la création d'emplois sont essentiellement dus au fait que 87% des femmes chefs d'entreprise questionnées ne sont pas basées dans leurs foyers. La création d'emploi est suggérée par le fait que ces entreprises sont parmi les plus grandes dans la région, et emploient en moyenne 19,3 ouvriers à temps plein.
En outre, 60% des femmes chefs d'entreprise tunisiennes indiquent qu'elles sont optimistes quant à la croissance et au développement de leurs entreprises pour les deux prochaines années. En effet, ces femmes pensent pouvoir influencer la performance de leur propre entreprise et sur l'économie globale (38% des femmes interrogées prévoient le recrutement de nouveaux employés pendant les 12 mois à venir).
L'environnement favorable de la Tunisie concernant l'autonomisation de la femme a donné un avantage aux femmes d'affaires. En effet, plus de 73% des femmes interrogées ont lancé leurs projets elles-mêmes et plus de 55% sont les seules propriétaires de leurs entreprises.
Concernant les défis, le rapport explique qu'au niveau du commerce international la majorité des femmes interrogées ne tire aucun profit des programmes du gouvernement pour promouvoir les exportations et la création d'entreprises. Dans ce sens, 92,1% des femmes questionnées ne participent pas actuellement au FAMEX.
Par ailleurs, le rapport détecte la sous- utilisation des TIC qui affecte les activités des femmes chefs d'entreprise tunisiennes, notamment dans le développement de leurs capacités à trouver et à accéder à de nouveaux marchés. Les statistiques montrent, dans ce cadre, que 82% des femmes interrogées n'ont pas de site web et près de 40% d'entre elles ont même indiqué qu'elles n'avaient jamais utilisé Internet. Seules 51% d'entre elles ont indiqué recourir au courrier électronique et tout autre moyen de communication via Internet. Seulement 34% utilisent ce réseau pour échanger des documents avec des clients, des fournisseurs et autres personnes, et uniquement 28% cherchent sur Internet de nouvelles opportunités d'affaires.
Côté financement, le rapport montre que l'accès aux sources de financement constitue un défi majeur pour 55% des femmes chefs d'entreprise interrogées qui déclarent rencontrer des obstacles surtout liés aux taux d'intérêt prohibitifs.
En outre, le rapport propose des solutions sous forme de cinq recommandations, notamment un meilleur accès des femmes chefs d'entreprise à l'information comme élément moteur pour la garantie du développement de leurs entreprises, en mettant l'accent sur l'importance de l'intégration et la formation aux NTIC sur les lieux de travail. Aussi, faut-il insister sur la facilitation de l'accès des femmes chefs d'entreprise aux sources de financement à travers des lignes de crédits spécifiques aux entreprises de petite taille.
Le rapport recommande d'encourager davantage l'expansion vers des nouveaux marchés par l'élargissement de l'éventail des services de soutien aux femmes chefs d'entreprise, et ce dans le but de promouvoir les exportations et faciliter leur intégration dans le commerce international. H.C.