L'agence de notation internationale le dit, il ne peut rien arriver à la Biat (et aux banques major tunisiennes) dont le poids lui interdirait toute possibilité de faillir à ses obligations vis-à-vis de ses clients. La notation est sollicitée et devrait lui permettre de réussir sa prochaine sortie sur le marché financier international dont elle était déjà allée tâter le pouls à l'occasion de la dernière réunion conjointe FMI/BM au Moyen Orient. Moody's Investors Services vient récemment d'attribuer les notations «A3/Prime-2 monnaie locale» à la BIAT (Banque Internationale Arabe de Tunisie). Les notes qui sont assorties d'une perspective stable, concernent les dépôts en monnaie locale. Ce rating note la capacité de la banque, à pouvoir rembourser à tout moment les dépôts en monnaie locale. Selon Moddy's, les nouvelles notations en monnaie locale attribuées à la BIAT, prennent surtout en considération le soutien que la BIAT est susceptible de bénéficier auprès des autorités financières tunisiennes en cas de difficulté ainsi que les fondamentaux financiers adéquats de la Banque. La BIAT a par exemple survécu en 1993 à une crise de liquidité. Des considérations sociales, politiques et économiques continuent, selon Moody's, de peser en faveur de ce « soutien ». «Le Gouvernement Tunisien considère en effet qu'un secteur bancaire puissant est la pierre angulaire du développement et de la croissance économique». Le soutien est également codifié dans la loi bancaire décrétée en juillet 2001, qui établit le cadre pour la protection des intérêts des dépositaires et des créanciers dans le cas où une banque connaîtrait des difficultés. Mieux que la note souveraine ! Le plus intéressant, dans cette notation, c'est d'abord qu'elle a été sollicitée par la banque elle-même. Cette demande serait le prélude, selon nos informations, à une prochaine sortie de la Biat sur le marché financier international. Ce qui est intéressant aussi, c'est qu'elle est supérieure à la notation souveraine dans la même appréciation du même risque, c'est-à-dire les dépôts en monnaie locale. La notation de la Tunisie dans ce domaine, par Moody's, est de Baa2, c'est-à-dire deux paliers en dessous de la notation de la Biat. Questionnés par le « Moody's Bank Risk Monitor » de février 2004, Bernard Musyck et Anne Caris expliquent que cela n'est pas une antinomie, lorsqu'il s'agit de la notation monnaie locale et de la dette domestique, précisent les spécialistes de Moody's qui ajoutent que «le secteur bancaire a tendance à être crucial pour le propre fonctionnement des économies nationales, ce qui fait de la stabilité du système bancaire est un objectif de la plus haute importance des politiques publiques. Il est donc improbable que des banques puissent, en aucune circonstance, échouer». Et l'agence internationale de rating de continuer en estimant qu'en scénario de crise, le gouvernement serait capable de faire face à ses propres engagements, pour soutenir les banques les importantes. La responsabilité de décréter la loi appartient à la Banque Centrale de Tunisie, mais même si ces actions s'avèrent insuffisantes pour contrôler une crise bancaire, Moody's s'attend à ce que le Gouvernement intervienne pour soutenir les banques qui connaissent des difficultés. Par ailleurs, à cause de la petite taille du secteur bancaire tunisien et de la supervision étroite exercée par la Banque Centrale de Tunisie, les banques rencontrant des difficultés pourraient être identifiées assez tôt et des actions préventives pourraient être prises. Une solidité financière modeste ? L'agence de notation confirme, dans le même communiqué, respectivement à « Baa2/Prime-2 et D » les notes des dépôts en devises et de la solidité financière, sont étayées par sa bonne capacité de générer de revenu et la faible qualité de son actif. La note suppose une solidité financière intrinsèque modeste, qui nécessite potentiellement par moments un soutien externe. Ces institutions peuvent être affectées par un ou plusieurs des facteurs suivants: un faible et limité fonds de commerce, des fondamentaux financiers sensiblement déficients pour un ou plusieurs aspects, ou un environnement opérationnel très imprévisible ou instable. C'est aussi une opinion sur la sécurité et solidité intrinsèque de la Banque, ce qui exclut certains éléments externes de soutien et de risque de crédit rentrant dans le cadre de la notation des dépôts. Contrairement à la notation des dépôts, la notation de la solidité financière de la Banque n'aborde pas la probabilité du remboursement à bonne date de la créance. Elle mesure la probabilité que la Banque ait recours dans le futur à un soutien externe (actionnaires, organismes officiels). Les facteurs pris en considération dans l'octroi de la note comprennent des éléments spécifiques à la Banque tels que les fondamentaux financiers, la valeur du fonds de commerce et la diversification des activités et des actifs. Bien que la notation de la solidité financière exclut les facteurs externes de soutien, elle prend en considération d'autres facteurs de risque dans l'environnement opérationnel de la Banque tels que la force et la performance potentielle de l'économie, la structure et la fragilité relatives du système financier ainsi que la qualité de la réglementation et de la supervision bancaires. Il faut noter qu'en matière de solidité financière, seules l'UBCI et la BT avaient reçu la note D+. La BIAT et l'ATB avaient été notées D. La STB, BNA, BS et l'Amen Bank avaient été notées E+. BIAT 2003 : des créances en hausse Enfin, la BIAT qui affichait un total actif de 2.9 milliard de dinars (équivalent de 2.1 milliard de USD et 1.9 milliard EUR) à fin juin 2003, est la plus grande Banque privée en Tunisie et la troisième plus grande après la Société Tunisienne de Banque «STB» et la Banque Nationale Agricole «BNA», est perçue comme «trop grande pour faire faillite». Elle s'accapare une part de marché de 14.9% et 11.6% respectivement du total dépôts et crédits. Au 31 décembre 2003, la Biat totalisait un actif de 3,063 milliards DT, en augmentation de presque dix pour cent (en fait 9,98%) par rapport à 2002. Les dépôts de la clientèles se sont accrus de plus de 10%, des produits d'exploitation bancaires augmentent de 0,83%, malgré une hausse de 1,83% des charges d'exploitation et laissant un PNB en augmentation de 0,33%. Les créances sur la clientèle se sont accrues de 3,25%, mais la banque a réduit les comptes débiteurs de plus de 16% et augmenté de 13,5% les garanties reçues sur la clientèle. Il y a tout de même une baisse de 2,13% du résultat d'exploitation. Elle résulterait, probablement, des pertes sur toutes les rubriques investissements. C'est ainsi qu'on enregistre des baisses de 17,3% des revenus du portefeuille d'investissements, de 1,3% sur le portefeuille titres, opérations financières et d'une baisse de presque 3% sur les commissions. Au 31 décembre 2003, le résultat net de la Biat enregistre une légère baisse de 0,87% par rapport à 2002.