L'explosion des prix de l'essence et du diesel pousse de plus en plus de Tunisiens à se passer de leurs voitures, au profit des transports publics. «Aujourd'hui, la concurrence est avec la voiture. » Cette phrase lâchée de manière furtive par M. Abderrahim Zouari, en dit long sur l'esprit qui anime aujourd'hui le ministre du Transport. Premier responsable d'un secteur longtemps décrié, M. Zouari a aujourd'hui le vent en poupe, grâce à la flambée des prix des hydrocarbures qui est en train de grever les budgets des ménages tunisiens et, par conséquent, de les réconcilier avec les moyens de transport publics. «Nous commençons à percevoir une augmentation de l'utilisation des transports en commun. La proportion de voyageurs transportés par le train est passé de 1 à 5%, celle de la Société de Transport de Tunis (STS, bus et métro) a grimpé à 3%, après avoir connu une tendance baissière, et le transport collectif privé a vu son taux d'utilisation grimper à 3,5%, et devrait atteindre 10% au cours des prochaines années », a énuméré M. Abderrahim Zouari, lors d'un débat sur le transport, organisé mardi 8 juillet, à la Chambre des Députés.
Une tendance qui devrait s'accentuer, d'autant que les autorités ont sciemment fait le choix de favoriser ce mode de transport, après avoir fortement appuyé depuis une bonne dizaine d'années le programme dit de la «voiture populaire » qui a permis à des milliers de foyers d'acquérir une voiture particulière.
Des études ayant démontré que le développement du transport en commun constitue une solution adéquate au problème de l'énergie, le pays s'est engagé résolument dans cette voie. Ce choix s'est notamment concrétisé dans le onzième plan de développement - qui a consacré 1780 millions de dinars pour le transport ferroviaire (train, métro et réseau ferroviaire rapide), une enveloppe «quatre fois plus importante» que celle du précédant plan, souligne le ministre du Transport. «Le transport ferroviaire, qui concurrence la voiture et l'avion, constitue une option stratégique à l'échelle mondiale. C'est le transport de l'avenir », insiste le ministre. Aussi, les pouvoirs publics sont-ils décidés à en améliorer l'attractivité.
A titre d'exemple, la durée du trajet Tunis-Sfax par train express a été ramenée de quatre heures à un peu plus de trois heures. Des parkings protégés seront aménagés pour encourager les Tunisois à y laisser leurs voitures au profit du métro. L'expérience commencera avec la nouvelle ligne d'El Mourouj, annonce M.Zouari.
A ces moyens déjà opérationnels s'ajoutera dans deux ans le réseau ferroviaire rapide, avec l'inauguration de la première ligne Tunis-Borj Cedria- en 2010, pour un coût global de 250 millions de dinars, entre équipement et aménagement.
Le bus n'est pas oublié. Mille nouvelles unités vont être mises en circulation en trois ans pour renforcer la flotte des différentes sociétés opérant dans ce segment.