Contrat de liquidité et réserve de régulation à la clé Somocer, l'un des fleurons de l'industrie du batiment, sera d'ici la fin de l'année cotée en bourse. L'affaire n'est pas nouvelle, elle prend seulement du temps pour mûrir, pour le bien du "boursicoteur" Tunisien.
Le Conseil d'Administration a en effet décidé, depuis le 7 décembre 2001, d'ouvrir le capital de la société au public, dans une proportion ne dépassant pas les 20% du capital, soit 560 000 actions de nominal 5 dinars.
Il est intéressant à ce stade de constater que les actionnaires qui vont céder une part de leurs participations sont Lotfi Abdennadher à hauteur de 15 %, Mohamed Abdennadher à hauteur de 3 % et le groupe Abdennadher à hauteur de 2 %. Ce n'est pas trop, mais c'est encore une entreprise familiale qui joue la transparence, qui s'ouvre au petit actionnariat, qui s'ouvre à la bourse pour y puiser ses fonds de développement et qui se met au niveau de sa concurrence.
Six mois plus tard, le 7 juin 2002, la BVMT donne son accord de principe pour l'admission des actions de la SOMOCER au premier marché de la cote de la Bourse au prix de 16,500 DT et l'entreprise n'attend plus que l'accord du CMF.
Cette introduction en bourse a été précédée, le 13 décembre 2001, par une ouverture du capital de la société à « Al- Mal Investment Company Ltd » qui a souscrit pour 174912 actions et « Al- Mal Kuwaiti Compagny K.S.C » qui a souscrit pour 74962 actions pour une valeur globale de 5 millions de Dinars.
Le prix de l'action était de 20,010 DT.
Cette ouverture du capital s'est traduite par une augmentation du capital social de la société de 1.249.370 DT et une prime d'émission de 3 750 630 DT. Le 20/05/2002, une seconde prise de participation est enregistrée en bourse. Elle s'est traduite par l'entrée dans le capital de la seconde entreprise étrangère qui est la société italienne « la Faenza » pour 1% du capital de la société au prix de 23,280 DT par action.
L'introduction a aussi été précédée par une opération de placement privé auprès des Banques, Assurances et étrangers portant sur une proportion maximale de 8% du capital de la société, ce qui représente 224 000 actions, au prix de 17,500 dinars par action.
A 16,5OO DT, mais avec un contrat de liquidité et une réserve de régulation
L'évaluation de l'action SOMOCER faite au 31/12/2001, est fondée sur les méthodes, patrimoniale, de capitalisation des dividendes futurs (ou méthode de BATES) et de la méthode de capitalisation des cash- flows futurs.
L'analyse poussée des forces et des faiblesses de la SOMOCER, des menaces et des opportunités de son environnement et de l'horizon des prévisions a fait ressortir un taux d'actualisation de 12,5%, soit un taux sans risque des Emprunts de l'Etat de 7,5%, celui du mois de janvier 2002, majoré d'une prime de risque de 5%.
Pour cette OPV, le prix de l'action SOMOCER, tous frais, commissions, courtages et taxes compris, a été fixé à 16,500 dinars, pour le public dans le cadre d'une Offre Publique de Vente et à 17,500 DT dans le cadre d'un placement privé auprès des Banques, Assurances et étrangers.
L'ordre d'achat doit porter sur un nombre d'actions qui ne peut être inférieur à dix (10) actions ni supérieur à 0,1% du capital social, soit deux mille huit cents (2.800) actions seront satisfaits égalitairement, entre les différents donneurs d'ordre par pallier jusqu'à l'épuisement des titres mis en vente et chaque action procurera à son détenteur un droit de vote. Afin d'encourager les actionnaires minoritaires, la direction générale de la SOMOCER a décidé de distribuer chaque année 30% de ses bénéfices nets réalisés sous forme de dividendes.
Il est à noter que cette OPV a été rendue possible après décision, essentiellement, de deux membres de la famille Abdennadher de se dessaisir d'une partie de leur participation. Il s'agit de Lotfi le porte-drapeau du groupe, de Mohamed et d'une personne morale qui est les établissements Abdennadher, selon les pourcentages suivants :
Actionnaires Nombre d'actions détenues Nombre d'actions cédées % à céder M. Lotfi ABDENNADHER 586 967 420 000 15% M. Mohamed ABDENNADHER 295 691 84 000 3% Etablissements ABDENNADHER 668 790 56 000 2% TOTAL 1 551 448 560 000 20%
Après cette offre, la répartition du capital entre les différents actionnaires de cette entreprise, où l'on retrouve aussi des investisseurs étrangers avec un pourcentage de presque 12%, sera transformée.
En personnes physiques, la famille Abdennadher ne détiendra plus que 15,57 % du capital de Somocer. Mais si l'on y ajoutes les 21,89 % de l'établissement Abdennadher, la famille détiendra ainsi la majorité de blocage de 37,46 % du capital de Somocer.
Pour cette première entrée du groupe en bourse, témoins du changement de mentalité au sein du patronat tunisien, le premier groupe sfaxien a mis les petits plats dans les grands et tenu à faire les choses en grand. Les cessionnaires se sont en effet engagés à mettre à la disposition de leur intermédiaire en bourse, MAC SA, le jour de l'introduction, un fonds en liquide de 1,8 Million de dinars issu de la vente des 560 000 titres objets de l'OPV et du placement privé, pour la conclusion d'un contrat de liquidité de leur titre, à la date de la clôture de l'OPV quoique pour une durée d'une seule année. Ce contrat permettra le rachat par les cédants des actions offertes au public, au cas où le cours en Bourse descendrait à un niveau inférieur au prix de l'OPV.
Une fois ses actions cotées à la Bourse, et c'est là une petite nouveauté, la Somocer s'engage cependant à mettre en place un contrat de régulation qu'elle a d'ores et déjà confiée à son intermédiaire en bourse. Les cessionnaires se sont en plus engagés à placer environ 2MD du produit de la cession dans un compte courant associé non rémunéré et ce jusqu'à son utilisation dans une future augmentation de capital.
Activité et perspective
De 1998- 2001 l'activité de l'entreprise a été positive et sur un rythme plutôt ascendant. Les capitaux propres de la SOMOCER ont ainsi augmenté d'une manière continue tout au long de la période 1998-2001 avec un taux de croissance annuel moyen de 67%. Cette hausse substantielle est notamment due à l'absorption de LA BAIGNOIRE par la SOMOCER portant ainsi ses capitaux propres de 11,1 MDT à 24,8 MDT fin 2001.
Le chiffre d'affaires s'est certes légèrement contracté entre 1998 et 1999 perdant 8,4%, mais il a par la suite spectaculairement rebondi pour atteindre 24 MDT au terme de 2000. Le chiffre d'affaires s'est en effet situé à 44,34 MDT au 31/12/2001 contre un chiffre d'affaires consolidé (SOMOCER + LA BAIGNOIRE) de 35,1 MDT en 2000, soit une croissance 25%. Cette évolution est imputable à une augmentation des ventes locales de l'ordre de 43%.
Le résultat net a inscrit une évolution continue au cours des quatre dernières années s'élevant à 901 190 DT en 2000 (3,7% en termes de production). Au 31/12/2001, le résultat net consolidé a atteint 5 355 184 MDT, soit 11,8% de la production, en progression de 8 points par rapport à 2000.
La hausse substantielle du résultat net découle essentiellement du fait que, entre 2000 et 2001, les ventes locales ont progressé beaucoup plus rapidement que les ventes export, les premières ayant une marge supérieure aux secondes.
5 355 184 Taux d'évolution 60,9% 39,1% 494,2% * : après fusion avec LA BAIGNOIRE
En outre, la consolidation des capitaux propres de la SOMOCER en 2001 a permis à la société de mieux maîtriser ses charges financières. Il apparaît en effet très clairement que les charges financières ont progressé beaucoup moins rapidement que le chiffre d'affaires (8,4% en termes de production en 2001 contre 9,9% en 2000).
A signaler enfin que la vente du fonds de commerce de la pyramide ABC par la SOMOCER a généré une plus value d'une valeur de 1,7 MDT, ce qui a considérablement contribué à la hausse substantielle du résultat net au 31/12/2001.
L'évolution du chiffre d'affaires de la SOMOCER par produit fait entrevoir une prédominance de la faïence. Le taux de croissance annuel moyen des ventes de faïences a été de 3,5% au cours de la période 1998- 2001 et c'est le marché local qui a été à l'origine de cette progression. Mises les performances au niveau du grès ont aussi été spectaculaires avec un taux d'évolution moyen de 149%. Ces records ont été visibles tant au niveau du marché local qu'à l'export, dénotant ainsi de la force commerciale de la SOMOCER et du groupe en général.
Cette performance est également imputable à l'introduction de la nouvelle ligne de production de grès dans la masse (fin 1999) ainsi qu'à l'amélioration de la qualité des produits proposés par la SOMOCER . A noter qu'entre 1999 et 2000, les ventes du grès sont passées de 1,9 MDT à 9,3 MDT, soit une progression substantielle de 386%.
Les ventes de Baignoires en fonte ont progressé de 24% en moyenne entre 1998 et 2001 atteignant au terme de 2001 la valeur de 8,77 MDT.
L'introduction des Baignoires en acrylique a été réalisée au cours de l'année 2000 et a été à l'origine d'une forte augmentation du chiffre d'affaires à l'export. En 2001, les ventes des baignoires en acrylique se sont élevées à 3,65 MDT, soit en croissance de 8% par rapport à 2000.
Les autres ventes, essentiellement des ventes des carreaux de décor, ont connu une expansion spectaculaire les portant à 2,034 MDT en 2001 contre 0,189 MDT une année auparavant.
La SOMOCER est déjà présente en France, en Grèce, en Italie, en Pologne, en Libye, en Afrique Noire, et récemment aux Etats Unis.
Au niveau export, la SOMOCER poursuit une stratégie d'adaptation totale et continue des marchés des pays cibles par un suivi des évolutions du marché, des réglementations et des spécificités techniques. Le client étranger le plus important de la société est le français « LT AQUA+ » dont les commandes sont passées de 4 MDT en 2000 à 5,4 MDT fin 2001, soit 33% des exportations de la SOMOCER. Le français « BRICORAMA » et le belge « BOIGELOT » détiennent respectivement 8% et 5% des exportations de la société.
Les exportations vers la Libye avoisinent les 20% des exportations totales de la société. Les investissements du programme de développement de la SOMOCER ont été entamés en 2001. Il s'agit principalement de travaux de génie civil et d'avances faites pour l'acquisition du matériel de la nouvelle ligne de grès dans la masse et d'une station d'épuration.
L'année 2002 verra aussi l'achèvement de la nouvelle ligne de grès dans la masse qui permettra de doubler la capacité de production, l'achèvement de la station d'épuration ainsi que la mise en place d'un four à infrarouge pour la production d'articles sanitaires en ABS et la construction d'un dépôt pour le stockage des produits finis.
L'année 2003 connaîtra principalement l'extension de l'unité acrylique (bâtiment de production), la mise en place d'un four de pièces spéciales ainsi que quelques investissements de renforcement ou de remplacement.
Evolution des marchés de la SOMOCER 2002 -2008
Au-delà, de 2002 à 2008, la demande locale des marchés sur lesquels intervient la SOMOCER, en l'occurrence la faïence, le grès dans la masse et les baignoires, devra logiquement continuer à évoluer au courant des sept (7) prochaines années d'autant plus que le Xème Plan annonce une croissance du PIB de l'ordre de 5,7%, avec des investissements qui représenteront 26,6% du PIB contre 25,7% pour le IXème Plan.
Les ventes des faïences de décor, un produit dérivé des carreaux de faïence, connaîtront une évolution annuelle moyenne de l'ordre de 10% au courant des sept prochaines années, compte tenu de l'amélioration du niveau de vie du consommateur, et l'émergence des logements modernes dans le parc logement total. Par ailleurs, le carreau en grès devra continuer à gagner des parts de marché par rapport au carreau mosaïque, compte tenu de l'évolution observée ces dernières années.
Au niveau des baignoires, la demande locale relative aux sept prochaines années connaîtra l'essor des baignoires et des accessoires en acrylique.
Les différents scénarios d'évolution tablent en tout cas sur une évolution annuelle du marché des faïences de 5% entre 2002 et 2003, qui sera portée à 3% à partir de 2004, une évolution annuelle du marché du revêtement du sol de 5% entre 2002 et 2003, et de 3% à partir de 2004 et un marché du grès qui devrait annuellement gagner 1 point pour représenter 28% du marché global en 2008 contre 21% en 2001, ainsi q'une évolution annuelle du marché des baignoires et des articles sanitaires de 8% entre 2002 et 2004 et de 6% entre 2005 et 2008.
Les exportations des carreaux de faïence et de grès dans la masse de la SOMOCER oscilleront autour de 2,5 millions de m2 pour la période allant de 2002 à 2008. Cette performance découle essentiellement de la saturation de la capacité de production ainsi qu'à la demande pressante du marché local.
Les exportations des baignoires en fonte connaîtront la même évolution passant de 10.000 unités en 2002 à 12.000 unités en 2003, pour se stabiliser à 6.000 unités à partir de 2006.
Les exportations des baignoires en acrylique suivront une évolution annuelle moyenne de l'ordre de 10%, passant de 30.000 unités en 2002 à 42.000 unités en 2008. Autant d'indicateurs qui devraient, de l'avis des spécialistes de ces marché et du marché du bâtiment en général, tranquilliser les investisseurs et les petits porteurs quand à l'avenir de leur placement.
Stratégie de développement de SOMOCER
Mais comme une société qui veut s'ouvrir à la bourse, c'est aussi la stratégie d'avenir, notons que les axes de développement stratégique de la SOMOCER s'inscrivent surtout dans le cadre de son programme de mise à niveau. L'entreprise y table surtout sur l'intensification de la production des carreaux de grès dans la masse et l'élargissement de la gamme de produits, et ce, par la mise en place d'une nouvelle ligne de production. Ce marché est en forte progression présentant une demande croissante et au niveau local et à l'export. Une nouvelle ligne de production permettrait à la société d'augmenter sa part de marché, de maîtriser ses coûts de production par la réalisation d'économies d'échelle et de consolider sa gamme de production.
Elle compte aussi sur une meilleure stimulation de ses ventes par la diversification de l'activité de production des pièces spéciales (décor), activité à forte valeur ajoutée et dont le marché est en nette expansion et la diversification de l'activité « Baignoires acryliques » qui demeure encore faible à cause de l'inertie du marché local de l'acrylique.
La société compte aussi diversifier son activité dans des créneaux à forte marge tels que les cabines de douche et l'utilisation de matériau dits ABS, diversifier son portefeuille « clients à l'export », par la recherche notamment de nouvelles opportunités d'exportation vers des marchés en pleine croissance et qui sont jusque là insuffisamment ou pas du tout abordés tels que le marché algérien, celui du Moyen Orient ainsi que d'autres marchés du continent africain.