Comme on l'avait déjà annoncé, Tunisair a drastiquement diminué son déficit. Celui-ci passe, en effet, de 31,5 millions de dinars à seulement 11,7 MDT. Derrière cela, la croissance se précise, même si elle n'est pas très importante ; 20 MDT en produits d'exploitation et une importante baisse des charges d'exploitation. Dans ce bilan, qui reste en général largement positif au vu des changements intervenus en si peu de temps (deux années), il reste cependant quelques ratios à observer et quelques choix à commenter. Il y a ainsi cette rubrique «clients et comptes rattachés» qui augmente abruptement de 34,6 MDT à 47,5 MDT en une année. Cette rubrique renferme le compte des «clients douteux» qui augmente d'un peu moins de 2 MDT (25,5 MDT contre 23,8 MDT une année auparavant). Il faut donc convenir qu'un plus grand effort de recouvrement aurait pu être déployé. Et aussi qu'une meilleure évaluation des risques clients aurait du être développée au sein de la compagnie. Remarques du Commissaire aux comptes Il y a ensuite les remarques du Commissaire aux comptes. Si certaines peuvent sembler d'ordre purement réglementaire et pourraient être facilement levées, d'autres méritent que l'on s'y attarde. Il en est ainsi, par exemple, de cette remarque qui pourrait évoquer des opérations non précises : «les comptes de virement interne anormalement débiteurs de plus de 1 MDT». Remarque qui pousse le commissaire aux comptes à dire qu'il ne peut se prononcer sur l'exhaustivité des enregistrements des opérations financières, des flux de trésorerie et de l'exactitude des soldes bancaires ! Il y a aussi cette remarque relative aux redevances aéroportuaires collectées auprès des passagers et devant normalement être reversées aux entreprises concernées. Ces redevances sont «comptabilisées en compte produit à l'émission des billets et sont ensuite constatées en charges à la facturation». Cela affecte indéniablement le résultat de l'exercice et le Commissaire aux comptes ne manque pas de le dire, et d'ajouter que les informations à ce propos sont insuffisantes. On se rappelle aussi cette information, jamais démentie ni confirmée qui expliquait, en 2003, le changement du résultat 2002 par une erreur dans le calcul de l'influence des taux de change. Lorsqu'on sait qu'une grande partie des recettes de Tunisair se fait en euro et une très grande partie de ses dépenses se fait en dollars américains, on comprend mieux ces deux autres réserves du commissaire aux comptes. La première attire l'attention sur un problème d'actualisation des créances clients libellées en monnaies étrangères. L'autre remarque concernant les dettes fournisseurs, libellées en monnaies étrangères, semble être dans le même cas. Deux autres remarques concernent l'achat en leasing de matériel de transport de la société et qui ne serait pas exactement conforme, ni à la loi réglementant le leasing, ni aux normes comptables en usage. Programme d'investissement Par ailleurs, de nouvelles déclarations du ministre des Technologies de la communication et du Transport donnent de nouvelles perspectives à l'activité de Tunisair. Lors d'une conférence de presse, M. Sadok Rabah a annoncé un nouveau programme d'investissement pour le transporteur aérien national. Un nouveau programme pour l'acquisition de nouveaux avions (le nombre n'a pas été précisé) et qui devrait démarrer en 2005, l'année qui devrait voir le compagnie entrer dans une phase de distribution de bénéfices après une année 2004, annoncée par M.Rafaa Dékhil, comme étant l'année de l'équilibre. La compagnie compte actuellement 30 avions en exploitation (12 Boeings et 18 Airbus). Mais Tunisair détient aussi, selon les propres documents qu'elle a tout dernièrement publiés, quatre avions Boeing en hors exploitation ! Pourquoi donc ce nouveau programme d'investissement qui va certainement alourdir les charges de la compagnie ? Le ministre affirme, également, que Tunisair ne fera partie d'aucun groupement maghrébin, mais qu'elle pourrait conclure des accords bilatéraux avec des pays européens, africains et arabes pour étendre ses lignes à de nouvelles destinations. Le ministre, qui avait à plusieurs reprises affirmé que Tunisair restera une compagnie nationale, annonce cette fois-ci que l'Etat interviendra à chaque fois que le rendement commercial fera défaut !