Quatre-vingt-dix points d'eau de sources naturelles jaillissantes ou de forage. Voilà le potentiel de la Tunisie en matière d'eaux naturelles, et qui, selon le dernier rapport de la Cour des Comptes (2007) est très largement sous-exploité. En effet, la CDC indique que seuls 47 sur les 90 points d'eau ayant un débit global annuel de 42 m3, sur une capacité totale disponible de 89 m3- sont exploités, soit un taux d'exploitation de seulement- 48%. Mais ce n'est pas tout, puisque le rapport de la CDC donne du thermalisme en Tunisie l'image d'un secteur très en deçà du riche potentiel et ses attentes du pays. Ayant analysé le comportement du secteur durant la période du Xème Plan de développement (2002-2006), le rapport relève d'autres faiblesses. Ainsi, on apprend que le cadre juridique régissant les stations thermales «n'a pas défini ni les critères devant servir de référence pour la classification des établissements exerçant dans le secteur, ni les compétences professionnelles requises pour l'exercice des diverses activités de soin». En outre, le développement du secteur est entravé par «une certaine lenteur et complexité des procédures de création des stations thermales, ce qui n'est pas de nature à impulser le niveau des investissements dans le secteur». De même, il est reproché à l'Office du Thermalisme une certaine défaillance dans l'encadrement du secteur. Chargé de contrôler les établissements dans le secteur, mais, également, d'élaborer des études économiques, financières, et, surtout techniques, l'Office a particulièrement failli dans ce dernier domaine. En effet, selon le rapport de la Cour des Comptes, près de 45% des sources d'eaux chaudes n'ont pas fait l'objet de l'étude technique requise ; 39% n'ont pas été étudiées d'un point de vue hydrogéologique, et 37% d'entre elles n'ont pas fait l'objet d'une mesure du débit. Même certaines dispositions du Code des eaux ne sont pas respectées, puisque «70% des points d'eau froide et 100% des points d'eau chaude sont exploités sans concession, celle-ci devant être accordée par décret». L'Office se voit également reprocher des faiblesses en matière de contrôle des unités de conditionnement, en raison d'une «coordination insuffisante avec le ministère de la Santé» et du nombre réduit de visites sur le terrain. Enfin, une branche importante du secteur, à savoir les eaux minérales conditionnées, souffre d'un sérieux problème de qualité. Selon le rapport, qui a relevé des «cas de non fonctionnalité des laboratoires internes», «voire l'inexistence même de tels laboratoires», «à fin juin 2006, aucune unité de conditionnement relevant du secteur n'a adopté de système de qualité relatif à la sécurité alimentaire. Plus grave, des unités de conditionnement ont introduit des modifications contraire à la réglementation- dans leurs chaînes de production, «sans l'accord préalable de l'Office du Thermalisme, voire à son insu», et se sont rendues coupables de «défaut de mise à jour des fiches produits», et d'«inobservation des procédés de l'étude médicale attestant les vertus thérapeutiques mentionnées» sur ces fiches. D'où la dégradation de la qualité du produit final, la modification de sa composition ou «la non-conformité du produit aux caractéristiques affichées». Interpellés par ce rapport, trois organismes intervenant dans l'organisation et l'encadrement de ce secteur y ont répondu. Il s'agit des ministères de l'Agriculture et des Ressources hydrauliques et de la Santé publique, d'une part, et de l'Office du Thermalisme, d'autre part. Le premier s'est engagé à mettre en uvre une série de mesures (adoption de décrets fixant les conditions d'octroi des autorisations simples et des concessions, étude de la situation des unités, obligation aux concessionnaires de s'équiper en compteurs pour déterminer la quantité d'eau effectivement consommée, révision des dispositions du Code des eaux se rapportant à cet aspect, et coordination avec le ministère de la Santé publique) pour améliorer le fonctionnement du secteur. Le deuxième a annoncé la mise en place d'un plan national de contrôle sanitaire du thermalisme. Alors que le troisième s'est engagé à «mettre en place les critères devant permettre de fixer l'ordre des priorités des études en la matière» et a, notamment, révélé avoir élaboré un cahier des charges régissant les stations thermales.