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Prolifération des eaux minérales: « Sources » d'inquiétudes pour la nappe?
POINTS CHAUDS
Publié dans Le Temps le 22 - 12 - 2008


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Fredj Daouas ; Directeur Général de l'Office du Thermalisme : « Nous ciblons les marchés internationaux »
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Hamza Mekki, Directeur Général des Ressources en Eau : « Nous exploitons 48 % de nos sources naturelles »
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Evaluation de la Cour des Comptes
Le secteur des eaux conditionnées est en expansion depuis deux décennies. Une nette évolution a été enregistrée en termes de coût d'investissement qui était de l'ordre de 13,717 millions de dinars lors de l'année dernière.
C'est ce qui explique la croissance de la moyenne de consommation par citoyen. Celle-là est passée de 5 litres il y a 20 ans à 45 actuellement, selon les chiffres de 2007. L'Office du Thermalisme envisage de la hisser aux chiffres internationaux, soit 88 litres par citoyen. Pour ce faire, des avantages sont accordés aux investisseurs qui ne cessent d'augmenter au fil des ans pour atteindre les 19.
Les investisseurs sont en train de proliférer grâce à l'or blanc dont regorge notre nappe phréatique. Une source de richesse durable. Ces gains sont amassés au détriment de la réserve de la nappe phréatique et des ressources hydrauliques. Est-il logique de poursuivre de puiser cette richesse à ce rythme, sachant que les ressources en eau en Tunisie accusent une certaine rareté et une irrégularité accentuées, que l'exploitation en eau conventionnelle est bien avancée et qu'il est prévu que la demande en la matière augmente ? La demande pourra même s'approcher de l'offre à l'horizon 2030. Aurons-nous à nous inquiéter pour nos futures générations, d'autant plus que la Tunisie est parmi les pays les moins dotés en ressources en eau dans le bassin de la Méditerranée ? Pour une population totale de 10 millions d'habitants, la dotation par habitant et par an est estimée à 450 m 3. Ce ratio diminuera dans les deux prochaines décennies. Il se situer à 350 mètres cubes en 2030 pour une population de 12 millions d'habitants.
Les responsables du ministère de l'Agriculture et des Ressources Hydrauliques et de l'Office du Thermalisme se veulent rassurants. Nous n'avons pas à nous inquiéter par rapport à cette question même à long terme. Les futures générations auront de l'eau de table issue de sources naturelles et de fourrages, c'est ce qu'on nous dit. Pour le moment 95 points d'eau minérale et thermale sont identifiés, le chiffre tendra vers l'augmentation lors des prochaines années grâce aux efforts d'étude fournis par l'Office. D'ailleurs, ces points ont une capacité de production de 89 millions de m3 par an. 47 d'entre eux sont exploités pour le moment. Ils permettent de prélever 42 millions de m3 d'eau chaque année soit moins de la capacité totale, rassure M. Hamza Mekki, Directeur Général des Ressources en Eau. M. Fredj Daouas, DG de l'Office du Thermalisme parle même de l'exportation et de l'augmentation de la moyenne internationale de consommation par citoyen. Il vise les standards internationaux avec 85 litres par consommateur.
Quant aux eaux usées et recyclées sur nos tables, elles sont renvoyées aux calendes Grecques contrairement à Singapour qui commercialise cette eau.
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Fredj Daouas ; Directeur Général de l'Office du Thermalisme : « Nous ciblons les marchés internationaux »

Le Temps : Comment évaluez-vous le développement de l'activité des eaux conditionnées en Tunisie ?
Fredj Daouas : L'activité des eaux conditionnées a démarré en Tunisie au sein de l'Office du Thermalisme. A l'époque trois types d'eau conditionnée ont été commercialisés. Car la consommation était très faible et limitée au secteur du tourisme et quelques foyers. En fait, le Tunisien n'avait pas une culture en la matière à l'exception de quelques citoyens. D'ailleurs la moyenne de consommation était de l'ordre de 5 litres seulement.
La donne a changé depuis vingt ans et le secteur a commencé à se développer en élargissant cette activité aux investisseurs privés. Nous pouvons dire que le démarrage a été réalisé sur des bases solides. Au total 18 marques d'eau conditionnée sont commercialisées actuellement. Bientôt, une nouvelle marque sera ajoutée à la liste. Alors que le nombre ne dépassait pas une dizaine, il y a près de dix ans. En parallèle, la consommation a augmenté et ce, grâce à l'effort du marketing dans le domaine. En effet, le Tunisien consomme une moyenne de 45 litres selon les statistiques de l'année dernière. Je considère que cette croissance et ce changement du comportement alimentaire sont étroitement liés au développement des conditions de vie et l'amélioration du pouvoir d'achat. C'est toute une culture qui a évolué à ce niveau.
Ce développement va de pair avec la production qui évolue à un rythme soutenu. Nous avons passé de 380 millions de litres en 2005 à 450 en 2006-2007. L'année 2008 sera close sur 600 millions de litres. C'est ce qui explique l'augmentation de la moyenne de consommation à 45 litres par citoyen. Notre objectif est d'atteindre la moyenne internationale, soit 85 litres. A remarquer dans ce cadre que nous nous attendons à ce que la consommation augmente lors de l'été prochain qui coïncidera avec la haute saison. Par conséquent, la consommation en la matière s'élèvera à 60 litres par habitant.
*Il est clair que le secteur est en nette croissance. Des avantages sont accordés aux investisseurs, mais êtes-vous en train de prendre en considération le tarissement de la réserve en eau, sachant que la Tunisie sera confrontée à un grand défi d'ici 2030 ?
-Du point de vue réserve d'eau, un Comité Permanent des Eaux Conditionnées réunissant plusieurs intervenants (ministère de la Santé publique, ministère de l'Agriculture et des Ressources Hydrauliques, ministère de l'Environnement et du Développement Durable...) donne son aval suite à une étude approfondie des différents aspects. C'est le ministère de l'Agriculture et des Ressources Hydrauliques qui se charge de ce point. Toutefois, je tiens à préciser que les unités de production sont autorisées à un nombre de litres limité. Il est défini et varie selon la capacité de production. Il ne dépasse pas les 5 litres par seconde à titre d'exemple. Notamment, des unités ont une capacité de production de l'ordre de 4000 à 4500 litres par heure et autres peuvent atteindre les 9000. Ces derniers disposent notamment de deux chaînes de production.
Toujours dans le même contexte et par souci de protection de la nappe, les professionnels sont tenus de respecter le coefficient de sécurité identifié par le ministère de l'Agriculture et des Ressources Hydrauliques.

*L'Office aurait pour objectif d'augmenter la production en la matière et conquérir même les marchés internationaux. N'est ce pas trop demandé à notre nappe phréatique ?
-Effectivement, cette croissance se traduit par deux facteurs ; l'amélioration du pouvoir d'achat et l'augmentation de la demande d'investissement. D'ailleurs, des encouragements sont accordés aux futurs professionnels tels que l'exonération des taxes douaniers lors de l'importation des équipements, la facilitation d'accès aux terrains exploitables. Nous avons réussi par conséquent à créer une moyenne d'une nouvelle unité de production tous les deux ans. Trois unités ont été créées au bout de 4 ans. Donc pas de souci
*Le contrôle de qualité va-t-il en parallèle avec le développement du secteur ?
-En Tunisie nous sommes en conformité avec les normes internationales. Nous sommes également rigoureux par rapport au choix des sites et aux périmètres de sécurité ; approchés et éloignés. L'Office est en train de réviser le cahier des charges de stockage de cette matière et du transport qui sera fin prêt au cours du premier trimestre de l'année 2009. Toutes ces mesures expliquent la confiance du consommateur en la matière. Il occupe même la 1ère position avec un indice de satisfaction de 76 %.
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Hamza Mekki, Directeur Général des Ressources en Eau : « Nous exploitons 48 % de nos sources naturelles »
Evaluation de la Cour des Comptes

Le Temps : Quel est notre potentiel en eau ?
Hamza Mekki : Les ressources potentielles s'élèvent à 4800 millions de mètres cube dont 2700 millions de m3 des eaux de surface (oueds, les lacs...) et 2100 millions m3 des eaux souterraines, dont 60 % sont renouvelables.
Les eaux minérales proviennent des sources naturelles issues de formation hydrogéologique poreuse et perméable ou bien de formation hydrogéologique fracturée et fissurée. Ces sources sont alimentées par l'eau de pluie qui est la plus douce. Il existe un deuxième type d'eaux naturelles, celles des forages creusés. Elles sont de même formation hydrogéologique et sont propres à la consommation. Il importe de préciser ainsi que 95 points d'eau minérale et thermale sont recensés, d'une capacité de production de 89 millions de mètre cube par an. 47 points seulement sont exploités pour le moment, ils permettent de prélever 42 millions m3 d'eau chaque année, soit 48 % de la capacité de production totale.
*Peut-on être ainsi rassurés quant au sort de notre réserve en la matière, à moyen et long termes ?
-Nous n'avons pas à nous inquiéter par rapport à cette question. D'ailleurs, des études stratégiques ont été menées pour tracer la carte d'exploitation et la gestion de l'eau jusqu'à 2030. Le ministère de l'Agriculture et des Ressources Hydrauliques est en train de préparer les termes de référence d'une étude pour l'échéance 2050 et ce pour identifier les tendances, les orientations ainsi que les besoins par secteur. Il faut dire que la visibilité est très claire d'ici 20 ans. Comme je l'ai déjà mentionné, moins de la moitié de ces sources sont exploitées actuellement. Egalement, l'Office du Thermalisme réalise des études pour découvrir des nouvelles sources. Nous n'avons pas à nous inquiéter sur ce point là.
Mais supposons qu'un pays quelconque aurait un bilan négatif, il aura recours à d'autres alternatives. La Singapour est en train de commercialiser de l'eau de table issue des eaux usées recyclées. Les alternatives existent, il faut tout simplement être persévérant. La science se développe au fur et à mesure ce qui permettrait d'arrêter les solutions appropriées.
*Comment contrôlez-vous le débit de la production au niveau des unités ?
-Pour mieux gérer les eaux, le ministère de l'Agriculture et des Ressources Hydrauliques publie chaque année l'annuaire d'exploitation des nappes. Nous nous sommes rendu compte que le suivi du secteur des eaux conditionnées n'est pas comptabilisé de manière pertinente parce que la majorité des fourrages ne sont pas équipés de compteurs. Par conséquent, nous sommes en train d'imposer aux professionnels d'installer des compteurs d'eau pour affiner les chiffres en la matière. Cette procédure nous permettra d'avoir des chiffres fiables, d'avoir plus de vision et de transparence. A signaler que généralement, les professionnels suivent les normes de production parce qu'ils encourent des risques. Des PV pourraient être dressées en cas de fraude. Ils sont appelés ainsi à être rigoureux. D'ailleurs le contrôle s'effectue par plusieurs intervenants et touche plusieurs aspects. L'office et le ministère de l'agriculture veillent à l'application des normes aux niveaux des périmètres de production, l'unité, le stockage...
Par exemple il est indispensable d'assurer la protection immédiate, c'est-à-dire au niveau de la source. Il y a aussi un deuxième périmètre de protection celui qui s'étend sur des hectares. Plusieurs activités sont interdites près de ces sites. Objectif ; protéger la nappe et préserver la qualité de l'eau. Une action nécessaire mais qui reste difficile à réaliser rigoureusement car elle requiert des moyens énormes.
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Evaluation de la Cour des Comptes
Le 22ème rapport la Cour des Comptes a démontré que jusqu'à la fin juin 2006, aucune unité de conditionnement relevant du secteur n'a adopté de système de qualité relatif à la sécurité alimentaire. Il a été constaté des cas de non-fonctionnalité des laboratoires internes aux unités, voire l'inexistence de tels laboratoires.
De nombreux cas de non-respect de la réglementation régissant le secteur ont été observés. Il s'agit, notamment des modifications introduites par les entités au niveau de leurs chaînes de production sans l'accord préalable de l'Office de Thermalisme voire à son insu du défaut de mise à jour des fiches de produit, de l'inobservation des procédés de l'étude médicale attestant les vertus thérapeutiques mentionnées sur la fiche de produit et du défaut d'obtention du certificat portant attestation de validité sanitaire des matières d'emballage. Cet état de fait a affecté dans certains cas la qualité du produit final ou entraîné dans l'autre la modification de sa composition ou la non-conformité du produit aux caractéristiques affichées.
Il a été constaté que contrairement aux dispositions du code des eaux, 70 % des points d'eau froide et 100 % des points d'eau chaude sont exploitées sans concession celle-ci devant être accordée par décret.
Sur un autre plan aucun arrêté de délimitation des zones de protection des sources ou des forages exploités n'a été pris à fin 2006. Il a été également constaté que 39 % des sources et des forages exploités en vertu d'autorisation n'ont pas fait l'objet d'études hydrogéologiques préalables ce qui pourrait se répercuter sur la qualité des eaux minérales.
De même l'inobservation des règles d'autocontrôle par les unités de conditionnement ajoutées à la disparité de performances des laboratoires d'analyse dûment accrédités pour des contrôles externes ne permettent de s'assurer dans tous les cas que les produits mis en vente répondent bien aux normes de qualité requises.
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Chiffres
*4800 millions de m3 ; ressources potentielles en eau conventionnelle
*2700 millions eaux de surface
*2100 millions de m3 eaux souterraines
*60 % sont renouvelables
*40 % sont des nappes fossiles
*212 nappes phréatiques
*267 nappes profondes
*27 ; nombre de barrages,
*220 barrages collinaires,
*800 lacs collinaires
*Plus de 4000 forages


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