Quand Kamla, la fille d'un gouverneur turque de Kairouan, a, selon la légende, introduit en 1830, le tissage basé sur le nud de Ghiode (Ghorza), elle n'aurait vraisemblablement pas cru que ceci allait conduire à l'établissement d'un art de la tapisserie artisanale dans cette ville. Un art qui s'est développé en une activité économique pour plusieurs familles kairouanaises et partout en Tunisie. Toutefois, il est assez connu que le secteur fait face au défi de la commercialisation du fait qu'il est resté une activité artisanale, utilisant des techniques traditionnelles qui ne permettent pas de faire cette montée en gamme tant souhaitée. Fait accompli : on assiste désormais à la tapisserie assistée par ordinateur (ou TAO). C'est ainsi que M. Ridha Touiti, ministre du Commerce et de l'Artisanat, a inauguré, le 26 mars 2009, l'antenne régionale du Centre technique de la création, de l'innovation et de la sauvegarde du tapis à Kairouan. Ce centre est chargé d'effectuer des études et des recherches sur des maquettes de tapis qui sont, par la suite, proposés aux artisanes. Ce sont des designers tunisiens qui s'occupent de «façonner» à l'aide de logiciels spécialisés, des prototypes de tapis personnalisés. Mme Jaouida Kasli, directrice du Centre technique de la création, de l'innovation et de la sauvegarde du tapis, a affirmé que «ce projet consiste à coordonner les efforts de toutes les parties concernées par la création et l'innovation dans le secteur de la tapisserie, essentiellement entre les artisans et les établissements universitaires tels que l'ISET et l'ISAM de Kairouan». Dans son discours d'ouverture de la conférence nationale de la tapisserie à Kairouan, organisée le 26 mars 2009 dans le cadre de la 13ème édition du festival national de la tapisserie -26 au 31 mars 2009-, M. Touiti a indiqué que l'évolution du secteur repose sur le développement de trois aspects. Le premier aspect concerne le design et la créativité, d'où l'utilisation de logiciels spécialisés. Le deuxième a trait aux matières premières. «Il faut uvrer à améliorer la qualité de la laine utilisée, développer les techniques de teinture et revenir à la teinture naturelle», a-t-il ajouté. Le troisième aspect concerne la coopération entre l'Office national de l'artisanat, la Fédération nationale de l'artisanat et l'ISET de Kairouan sur les possibilités de développer de nouvelles techniques de production afin d'améliorer les conditions de travail des artisanes. «Ceci permettra d'augmenter la production et la compétitivité des produits mais aussi de baisser les coûts», a souligné le ministre. Cet intérêt des autorités publiques pour ce secteur découle du fait qu'il est une source d'emploi pour plusieurs familles partout en Tunisie. Selon M. Touiti, il concourt à hauteur de 10% à la création de postes d'emplois additionnels chaque année. 20% de la production nationale des tapis, orientée vers le marché local, est assurée par les artisanes kairouanaises. En outre, ce secteur concourt à hauteur de 40% dans la valeur des exportations artisanales contrôlés, soit 14 MDT.