L'option de la Tunisie pour l'offset, depuis les années 80, présente l'avantage de lui permettre d'améliorer ses capacités technologiques et de s'associer à la production du bien qu'elle achètera. Elle se traduit par des opérations de coproduction, de sous-traitance et de transferts de technologie. Les offsets concernent généralement de grands groupes industriels issus de secteurs à haute valeur ajoutée technologique (aéronautique, armement, ...) et s'appliquent à des échanges dont les montants sont élevés. Pour M. Chelbi, qui a préféré utiliser «la politique de contrepartie industrielle», pour ne pas utiliser, selon lui, le mot en principe proscrit de compensation, l'offset constitue une composante déterminante du partenariat gagnant-gagnant tuniso-français et «une opportunité structurelle» dont il faudrait optimiser l'exploitation, en cette période de crise. Le ministre a cité trois secteurs dans lesquels l'offset a fait ses preuves en Tunisie : l'automobile, l'aéronautique et les Technologies de l'information et de la communication (TIC). L'automobile d'abord: «Si, contrairement à la plupart des pays en développement, a-t-il-dit, le parc automobile tunisien est quasi exclusivement européen et non asiatique, cela est dû non seulement à la compétitivité de l'industrie européenne mais également au choix volontariste du gouvernement tunisien de compenser ses achats de véhicules européens, par la fabrication en Tunisie de composants automobiles». De même, dans l'aéronautique, a-t-il-ajouté, la commande de 19 Airbus par le transporteur public Tunisair s'est accompagnée d'une contrepartie : la réalisation d'un projet industriel aéronautique : le projet phare d'Aerolia en contrepartie de contrats à long terme d'achat d'Airbus. Ce projet se concrétisera par un transfert de technologies dans la fabrication de composants aéronautiques et la création de 2000 emplois. Pour mémoire, seuls les Etats-Unis et la Chine avaient obtenu jusque-là de telles contreparties d'Airbus à l'occasion de grosses commandes. L'autre facteur qui a joué en faveur du succès de la contrepartie industrielle, la montée en gamme de la filière innovation en Tunisie laquelle a incité des groupes industriels implantés en Tunisie à lancer, en parallèle de leurs unités industrielles, des bureaux d'ingénierie et de conception. C'est le cas de sociétés françaises comme Sagem, Telnet, Actia, ST Microelectrique et d'autres. M. Luc Chatel s'est prononcé également pour l'éradication des clichés ressassés par les Français à propos des implantations dans le sud de la Méditerranée, longtemps perçu à tort en tant qu'«asile pour les entreprises françaises». «La Méditerranée constitue de nos jours, a-t-il précisé, un réservoir de croissance pour la zone euromed et pour l'émergence d'une nouvelle compétitivité de l'offre industrielle régionale, et ce par rapport à celle des autres groupements régionaux».