Flat world ? Oui, a priori. Cette expression est la réplique anglaise du concept francophone de «village global». et c'est M. le Professeur Tawfik Jelassi qui l'évoque dans le cadre d'un workshop sur le basculement des entreprises vers les systèmes d'information intégrés. La migration vers le numérique : le challenge du siècle Flat world ne signifie pas pour autant que nous possédons tous une dotation numérique égalitaire. Mais l'expression veut dire que malgré «la fracture digitale», l'accès aux IT, du fait de la diffusion planétaire de la connectivité, sans être aisée, est possible. Et c'est ce qui en fait un challenge, de fait. On peut sauter dans le train des IT tout en étant démuni. L'on n'est pas tenu de s'immobiliser en équipements lourds pour peu qu'on sache utiliser «malin» ! Le changement de modèle économique Des entreprises traditionnelles ont eu suffisamment de vista pour s'apercevoir avant la concurrence de l'ampleur du changement que peut véhiculer un basculement vers un système d'information numérique, intégré. Alors, ils ont accepté de prendre la vague, conscients de l'extension du champ de croissance que va leur ouvrir l'instrumentalisation des IT. Une épicerie londonienne est devenue le premier distributeur d assurances auto en son pays. La mutation est toute simple. Les clients qui commandent des produits de consommation générique par mail et se font livrer à domicile sont tout aussi ouverts à commander des prestations d'ordre générique comme acheter une police d'assurance auto via le web. La tyrannie du client Pareil pour Apple qui accepte que sur son iPhone les consommateurs conçoivent des prestations les protégeant et les vendent pour leur propre compte. Pareil pour le même Apple qui autorise le téléchargement pour des sommes modiques. Sachant qu'avec la loi des grands nombres, il parviendra à amortir largement les royalties qu'il paie aux artistes. Levi's, pour fidéliser à bloc ses clients, leur permet de commander du surmesure à partir de chez eux à partir de son site commercial. Ce faisant, il a pu s'implanter partout dans le monde, acheter le meilleur de ce qui existe en fournitures et matières pour ses produits (Best of Breed) et asseoir ainsi un pouvoir de marché à toute épreuve. Cloud computer : pay per use Cette métamorphose salutaire suppose deux éléments. Le premier est que le management de l'entreprise a suffisamment de détermination pour parier sur le système d'information intégré afin de revisiter son métier et de se mettre en perspective d'avenir. Le deuxième est que l'Etat doit réaliser un minimum d'infrastructure pour permettre aux opérateurs économiques de se brancher sur les fournisseurs d'accès dédiés. A l'heure actuelle, des opérateurs informatiques via le cloud computing peuvent vous fournir des prestations de systèmes d'information sans le moindre investissement de départ et vous facturent à la consommation selon la formule «pay and use». A ces conditions, la fracture numérique n'est plus un obstacle insurmontable. Donc la croissance n'est plus tout à fait en fonction du potentiel technologique mais de management. C'est proprement phénoménal. Mais cela veut dire la fin d'un monde. Il n'y a plus de fatalité au nanisme économique. Il est vrai que le flat world retrouve là tout son sens.