Si les Européens fins connaisseurs de la Tunisie, font montre d'optimisme quant à la relance de l'investissement dans le pays, au Japon, les opérateurs restent dans l'expectative, liant la reprise au rétablissement de la sécurité. C'est ce qui ressort des échos recueillis, pour l'agence TAP, par les représentants de la FIPA à Cologne (Allemagne), Milan (Italie) et Tokyo (Japon), auprès des milieux politiques et d'affaires dans ces pays. Les italiens misent sur le rétablissement de la stabilité sociale-économique M. Héchmi Chetman, représentant du bureau de la FIPA (Agence de promotion de l'investissement extérieur) à Milan a témoigné que «la révolution tunisienne a été accueillie par les responsables économiques italiens et les hommes d'affaires avec admiration et respect pour un peuple qui a eu le courage et la détermination de lutter pour ses droits et ses aspirations démocratiques.» Pour les milieux d'affaires italiens, «la nouvelle Tunisie a un avenir prometteur, offrant des opportunités concrètes dans un climat de transparence, de liberté et de démocratie» a-t-il avancé. Le représentant de Fipa Milan a produit une série de témoignages de responsables italiens qui sont intervenus lors d'un séminaire sur la «Tunisie: risques et perspectives pour les entreprises italiennes» organisé début février, par la confindustria (le patronat italien). M. Pierluigi D'Agata, directeur général d'Assafrica & Mediterraneo (Asie, Afrique et Méditerranée), a déclaré «ce printemps tunisien est un printemps d'opportunités. Certes, les évènements qui ont suivi et la situation actuelle engendrée par les revendications sociales -légitimes et sans précédent-, sont inquiétants, mais les opérateurs misent sur le gain de confiance et le rétablissement, rapide et durable, de la sécurité et la stabilité sociale-économique. Le vice-directeur général de la confindustria, M. Daniel Kraus, a invité ses associés du patronat italien à considérer la Tunisie non pas comme un risque mais une opportunité, à la lumière de l'évolution de la situation dans le pays. «La Tunisie dispose d'un des meilleurs systèmes bancaires de la région, avec un niveau de fonds propres satisfaisant et des réserves plus que proportionnées» a affirmé M. Pierfrancesco Gaggi, responsable des Services Relations Internationales d'ABI (Association des Banques Italiennes). «J'étais à Tunis pendant les évènements. J'ai enregistré une réaction positive et nouvelle de la population, libre de s'exprimer et se faire interviewer dans les rues, sans cette perception du danger qui circule par contre, dans une partie de la presse italienne», a souligné Mme Cecilia Oliva, Directeur de l'ICE Tunis (institut italien pour le commerce extérieur). La Confindustria a tiré les conclusions: «les témoignages des entrepreneurs et des institutions, qui ont directement expérimenté tout ce qui est arrivé durant le dernier mois, permet de tracer un tableau moins sombre que celui qui émerge de la lecture des journaux. Les difficultés vécues concernent essentiellement, la complexité de se déplacer en période de couvre-feu (lequel a effectivement été levé le 15 février), la réduction des ordres de l'étranger et les ralentissements des services de la Douane ». «Il est donc prévisible que la situation économique soit destinée à une normalisation plus rapide par rapport à celle politique, beaucoup de nos usines associées témoignent déjà d'une reprise des activités.» Fipa Milan prévoit l'organisation avec ses partenaires (chambre de commerce tuniso-italienne, banques, direction générale pour la coopération décentralisée), d'une série de journées d'information avec des témoignages d'industriels italiens présents en Tunisie, provenant des principales régions émettrices d'IDE: Marches, Venetie, Toscane, Lombardie. Des visites de presse seront organisées, aussi, en Tunisie à l'intention de journalistes italiens de la presse régionale et nationale. Les activités futures de la représentation seront axées, sur la relance et l'encadrement des investisseurs pour les projets en cours et annoncés et les contacts directs avec les entreprises dans les secteurs prioritaires pour la Tunisie outre la participation aux salons spécialisés. Angela Merkel et les autres M.Abdelaziz Chiha, représentant de FIPA Cologne a déclaré «la classe politique en Allemagne a montré beaucoup d'intérêt pour la révolte de la jeunesse tunisienne et le processus engagé pour la démocratisation du pays. Aussi bien la chancelière Angela Merkel que plusieurs responsables politiques ont exprimé publiquement leur soutien et leur sympathie à la marche de la Tunisie vers la liberté et la démocratie.» Du côté des milieux d'affaires, «la révolution tunisienne a été suivie avec la même attention. Dès le 18 janvier et grâce aux informations rassurantes fournies par les résultats du sondage-éclair réalisé par la Chambre tuniso-allemande de commerce et d'Industrie auprès de ses membres, montrant le retour quasi-normal de l'activité dans les entreprises, le capital confiance et sympathie des milieux d'affaires allemands pour la Tunisie n'a fait que se consolider» a-t-il rappelé. Le bureau de Fipa Cologne a établi dès le 18 janvier, une concertation avec ses principaux partenaires relais pour les informer sur l'évolution positive de la situation et les inciter à rassurer les membres de leurs réseaux. A partir du 20 Janvier, le bureau a diffusé des messages ciblés à l'intention des organismes concernés, de la presse et des maisons mères des entreprises allemands implantées en Tunisie et des porteurs de projets en cours de réalisation. Suite à ces actions, le bureau a enregistré plusieurs réactions spontanées d'investisseurs allemands qui ont exprimé leur confiance au pays et réaffirmé leur volonté de poursuivre la réalisation de leurs investissements. «Malgré quelques mouvements revendicatifs enregistrés depuis la révolte et qui sont une expression tout à fait normale de démocratie naissante, le sentiment qui prédomine dans les milieux d'affaires allemands, est que les mutations positives engagées en Tunisie, vont permettre au pays d'instaurer un climat de liberté et un environnement des affaires plus transparent et offrant de meilleures opportunités pour la coopération internationale et les investissements étrangers» a précisé M.Chiha. Fipa Cologne a programmé une série de manifestations ciblées, devant débuter le 1er mars 2011 par un panel de discussion consacré à la promotion de l'offshoring dans la nouvelle Tunisie, dans le cadre du «Flat World Forum», organisé à l'occasion du salon international des technologies de l'information et de communication «Cebit». Les Japonais dans l'expectative M.Motohiro Shimoda, représentant de la Fipa à Tokyo (Japon) a indiqué «tous les investisseurs japonais ont grand espoir de voir s'établir bientôt un régime démocratique en Tunisie,tout en estimant que cela prendra un certain temps, avant d'en voir les retombées sur l'environnement des affaires». «Pour le moment, la plupart des sociétés sont dans l'expectative mais normalement elles suivent les conseils du gouvernement japonais (ministère des affaires étrangères) qui a imposé des restrictions de voyage sur la Tunisie et l'Egypte. Ces sociétés pensent qu'il est difficile de reprendre les investissements avant que la sécurité ne soit rétablie. Pourtant, quelques hommes d'affaires se trouvent à présent en Tunisie» a-t-il précisé. «J'ai pris contact avec des investisseurs potentiels dans le domaine de l'énergie renouvelable (énergie et chauffage solaire), étant donné que la Tunisie et le Japon sont liés dans ce domaine, par un accord en date du 13 décembre 2010. Les parties tunisiennes et japonaises ont signe un protocole d'accord pour une étude de faisabilité du projet de production de l'énergie solaire. Ce dernier est en cours et rien n'a changé». Fipa Tokyo compte tenir, prochainement, une réunion d'information sur le climat d'affaires en Tunisie, dans la capitale japonaise, pour rassurer les investisseurs nippons. (TAP)