Le 25 juin 2009, l'Agence Européenne du Médicament a décidé le retrait définitif du Di-Antalvic et ses génériques. Une décision différemment appréciée par les uns et les autres. En France, un délai de douze mois a été accordé aux médecins et à leurs patients pour trouver un substitut à ce médicament. En Tunisie, le retrait de ce médicament ne sera effectif qu'au bout de trois mois. «Ce délai est assez suffisant pour permettre aux malades de se familiariser avec d'autres médicaments similaires au Di-Antalvic et de trouver l'équilibre médical», nous a confié M. Mohamed Lakhal, professeur de pharmacologie et directeur général du Centre national de pharmacovigilance. Selon les spécialistes, ce sont les composants de ce médicament qui posent problème, qui associent le paracétamol et le dextropropxyphène ou DXP. «Il s'agit d'un médicament de classe 2 selon la classification de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Il est utilisé à des doses thérapeutiques antalgiques. Il a, dans certaines conditions, des effets toxicomanogènes. D'ailleurs, dans des pays comme l'Angleterre et la Suède, il y avait un mésusage du produit à des quantités très élevées», précise le Pr. Lakhal. De ce fait, ces deux pays ont décidé de le retirer depuis 2005 en raison d'un nombre élevé de décès par intoxications volontaires ou accidentelles. Le journal Le Monde rapporte que deux cents morts ont été recensés en Suède et entre 300 et 400 au Royaume-Uni (dont 80% par surdoses volontaires). Aucun cas de toxicomanie en Tunisie... M. Lakhal indique que la décision de retirer ce médicament du marché tunisien a pris en compte des conditions propres à la Tunisie, surtout que les AMM (Autorisations de mise sur le marché) sont totalement tunisiennes. «Ce qui fait que la décision a été souveraine et ne suivait pas l'exemple européen puisque chaque pays a ses conditions. Il s'agit plutôt d'un souci de sécurité et de prévention puisqu'aucun cas de toxicomanie n'a été enregistré en Tunisie», a affirmé M. Lakhal. D'ailleurs, les organismes professionnels concernés (Ordre des pharmaciens et Ordre des médecins) ont été avertis. Les pharmaciens ont été appelés à donner ce médicament seulement sur ordonnance. A leur tour, les médecins devront proscrire à leurs patients d'autres médicaments similaires, suivant un dosage adapté à chaque cas. Sur le rôle du Centre national de pharmacovigilance, M. Lakhal a souligné que cet organisme, créé en 1984, a pour rôle de recueillir et analyser les effets indisérables des médicaments. «Ce sont les médecins ou les patients qui nous notifient sur les risques d'un tel ou tel médicament. En 2008, nous avons recensé près de 4.500 notifications et 5.000 consultations», a-t-il révélé. Le Centre offre également un service de pharmacologie clinique qui consiste à prévenir en expérimentant les doses et les quantités des médicaments tout en les adaptant à chaque patient. «L'année dernière, nous avons recensé 86 médicaments et avons traité 1.200 échantillons sanguins», indique le responsable du Centre.