Les premiers impacts du changement climatique sur le quotidien des Tunisiens sont désormais visibles. Au cours de cet été, les canicules ont été particulièrement suffocantes, signe d'un réchauffement certain. Le poisson s'est fait rare sur les étalages. Le gouvernement a été amené à instituer le «repos biologique» dans certaines zones marines. Les incendies de forêts ont été plus fréquents. Les saisons ont perdu leurs spécificités. En une seule journée, on peut assister aux quatre saisons. C'est ce qu'on appelle la variabilité du climat. Pour mieux éclairer le lectorat, nous en rappelons les projections pour la petite Tunisie, les éventuels impacts par région et par secteur, et la voie à suivre pour s'adapter à cette nouvelle donne. Les projections ne sont pas, hélas, favorables à la Tunisie. Les alertes globales annoncées, depuis fin 2006, par le Groupe intergouvernemental sur les changements climatiques, tout autant que les premières études commanditées pour évaluer les incidences locales du réchauffement climatiques sont formelles : la Tunisie est fortement exposée aux changements climatiques. A titre indicatif, l'augmentation de la température en Tunisie serait par rapport aux autres pays de la Méditerranée, supérieure à celle du niveau global, notamment en été. La menace est réelle. L'heure est, désormais, à une prise de conscience aiguë de ces impacts, et surtout, à l'action pour les atténuer. Des projections non optimistes Les études menées par des climatologues de l'Association tunisienne des sciences de la mer (ATSM) et de celle des changements climatiques et du développement durable (2C2D) sont catégoriques sur le sujet : en Tunisie la majorité des systèmes et écosystèmes sont vulnérables et exposés aux risques des changements climatiques. L'étude dresse un tableau noir et cite une panoplie de risques : augmentation des températures, élévation du niveau de la mer, dégradation et perte d'écosystèmes aquatiques, accentuation des contrastes saisonniers, appauvrissement de la faune aquatique (disparition de certaines espèces) La liste ne s'arrête pas là. Elle prévoit l'élimination ou du moins la diminution de certaines espèces faunistiques, banalisation des peuplements des zones d'espèces spécifiques, déficit hydrique, raréfaction de certaines espèces (exemple barbeau désertique, poisson d'eau douce) ., perte de la diversité biologique et fragilisation des écosystèmes littoraux et marins. L'érosion marine menace environ 100 km des côtes. Selon le rapport du Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), l'impact du changement climatique en Tunisie est cauchemardesque. La Tunisie va être confrontée, d'ici 2030, à un réchauffement climatique de 1,1 degré et de 2 degrés d'ici 2060. Ce réchauffement se traduira par l'émergence de phénomènes climatiques extrêmes : plus de canicules, plus de crues et plus de vents. Pis, ces phénomènes peuvent se manifester, concomitamment. La hausse du niveau de la mer aura des conséquences sur le littoral, les réserves d'eau potable, les zones humides côtières et les eaux souterraines adjacentes. Conséquence : la salinité de l'eau s'accroîtra tandis que certains ilots peuvent disparaître. (A suivre ..)