La concurrence entre les différents opérateurs privés doit être saine, car en raison de certaines politiques gouvernementales, de pratiques discriminatoires dans le traitement des demandes et des sollicitations des opérateurs privés dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, l'émergence d'un secteur privé dynamique dans la région n'est pas facile à concrétiser. Le développement de l'entrepreneuriat privé n'a pas été accompagné d'une amélioration correspondante au niveau des indicateurs de croissance. La diversification des exportations, leur sophistication technologique, le niveau et la composition sectorielle de l'investissement privé, la productivité et le degré d'innovation des entreprises dans la zone MENA ne sont aucunement comparables à ceux de pays telles la Malaisie, Chine, Corée du Sud, Pologne, Turquie, et d'autres économies à croissance rapide, réputées pour leur dynamisme et leur réactivité. Malgré les progrès observés grâces aux différentes réformes, les règles varient selon les pays. Dans son ensemble, la région souffre de l'application discrétionnaire et arbitraire des politiques et du manque de crédibilité des gouvernements dans l'application des réformes sur le terrain. Ceci a pour conséquence de creuser encore plus le fossé entre les différents investisseurs tant au niveau des privilèges que des inégalités. Beaucoup d'entrepreneurs opérant dans la zone MENA estiment que les lois ne sont pas appliquées de la même manière à tous, ce qui accroît leur sentiment de frustration et ne les encourage pas à investir davantage. Conséquence : l'absence d'une concurrence et d'une compétitivité poussées entre entreprises et absence de l'amélioration de la qualité des produits, des compétences et de la productivité. Les entreprises MENA sont en moyenne plus âgée qu'ailleurs, et la réponse de l'investissement privé aux réformes réalisées a été plus faible que dans d'autres régions, signe que les investisseurs ne font pas pleinement confiance aux politiques appliquées en leur faveur. Appel aux gouvernements pour traiter équitablement les investisseurs Pour remédier à cette situation, la Banque mondiale estime qu'il faut que les gouvernements s'engagent à traiter tous les investisseurs sur le même pied d'égalité et uniformisent les règles de jeu pour tous afin de convaincre les promoteurs privés de prendre le risque de pénétrer des marchés, innover et créer des emplois. Un travail approfondi devrait être engagé auprès des administrations pour assurer la mise en uvre des réformes politiques et économiques après les avoir promulguées. Des réformes institutionnelles doivent d'ores et déjà être engagées. Le secteur privé exige une meilleure gouvernance des marchés publics. Le rapport de la Banque mondiale recommande un environnement réglementaire adéquat afin de stimuler la concurrence et réduire les penchants de certains privés pour des gains rapides et des rentes régulières sans plus. Il s'agit également de susciter l'émergence d'un secteur privé plus diversifié qui, à son tour, fera pression pour des réformes en vue d'une croissance plus volontariste. Afin de développer une dynamique au niveau du secteur privée, un changement réel doit se faire au niveau des relations Public/Privé pour que les conflits d'intérêts entre dirigeants politiques et entreprises privées n'aient pas des conséquences négatives sur le développement du secteur privé. Il s'agit de réduire l'opacité et l'ambigüité au niveau de certaines lois et de leurs applications par les différentes administrations et prémunir les institutions en relation directe avec le marché de toute ingérence politique ou personnelle. Il est également important, selon la BM, que les différents organismes publics interagissent avec les opérateurs économiques dans un esprit de transparence et de responsabilisation. Pour garantir une croissance régulière des économies des pays MENA, il est recommandé d'unir les principales parties prenantes autour d'une stratégie à long terme pour une nouvelle forme de partenariat. Il s'agit de mettre en uvre des réformes, de créer des alliances plus fortes et de développer une plus large participation à la conception, réalisation et à l'évaluation des politiques économiques. Pour ce faire, quatre conditions sont nécessaires, estime la banque mondiale, à savoir : - la liberté pour le secteur privé de s'organiser dans des structures indépendantes, de lever des fonds auprès des membres, d'obtenir des informations économiques et politiques, d'exprimer des critiques des politiques publiques, et de participer à un débat politique ouvert. Ces libertés ne sont pas accordées par la loi ou pratiquées dans une grande partie de la région MENA ; - la participation des associations d'entreprises fortes et qui ont un pouvoir de décision à l'établissement des politiques économiques. La plupart des associations entrepreneuriales indépendantes dans les pays de la région MENA sont faibles, non sensibilisées à l'importance de leur pouvoir, ne sont pas bien organisées ou sont dirigées de manière autoritaire par quelques membres éminents ; - mettre en place un processus institutionnalisé, transparent et sérieux pour encourager la participation du secteur privé dans la détermination des questions politiques, la conception des réformes et le suivi et l'évaluation de leur application ; - une plus grande liberté de l'information pertinente par rapport à la politique économique, à la performance administrative et au marché, pour permettre aux intervenants de tenir le gouvernement responsable quand il l'est, participer au dialogue, et réduire les incertitudes et les insécurités afin de rétablir la confiance. La volonté politique des gouvernants de la Zone MENA est fondamentale pour la mise en place de nouvelles gouvernances et la réalisation des performances économiques dont a besoin la région afin d'être au diapason de ses homologues en Asie ou en Amérique Latine.