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Rapport de la banque mondiale sur la région MENA.
Publié dans L'expert le 05 - 12 - 2009

La Banque Mondiale vient de publier un rapport intitulé « Des privilèges à la concurrence : renforcer la croissance par le développement du secteur privé dans la région du Moyen Orient et d'Afrique du Nord ». Le rapport vient de révéler des donner importantes concernant le rôle du secteur privé dans la région. Le constat est sans appel : le secteur privé ne réussit pas encore à générer suffisamment d'emplois et de croissance forte. Ce même secteur privé ne peut pas créer les 40 millions d'emplois nouveaux dont aura besoin la région au cours de la prochaine décennie. La Tunisie, qui est concernée par ce rapport, a eu aussi son lot de remarques et recommandations.
Malgré les réformes, le secteur privé reste faible :
Les réformes mises en œuvre au cours des deux dernières décennies ont permis aux entreprises privées de devenir la principale source de création de richesse en dehors des hydrocarbures et des mines. Néanmoins, le secteur privé n'a pas encore réussi à transformer les pays de la région en économies diversifiées, dynamiques, et aux taux de croissance durablement élevés. Avec un taux d'investissement de 15% du PIB en moyenne, la région MENA se situe loin derrière les régions les plus dynamiques. Des progrès récents ont permis une meilleure diversification des exportations. Toutefois, les pays les plus performants de la région exportent environ 1500 types de biens, dont la majorité est à faible contenu technologique, lorsque des pays comme la Pologne, la Malaisie, ou la Turquie en exportent près de 4000.
Bien que les réformes de l'environnement des affaires se soient accélérées dans plusieurs pays, le véritable enjeu ne réside pas seulement dans l'ampleur des réformes, mais dans la qualité de leur mise en œuvre. Le rapport estime que des épisodes de réformes similaires se sont traduits, dans le passé, par une augmentation de l'investissement privé de l'ordre de 2 points de PIB en moyenne, contre 5 à 10 points en Asie, en Europe de l'Est et en Amérique latine. L'impact limité des réformes dans la région MENA s'explique par le manque d'équité et de prévisibilité dans leur mise en œuvre. Ceci réduit leur crédibilité aux yeux de nombreux investisseurs. Près de 60% d'entre eux considèrent que les réglementations sont appliquées de manière incohérente et imprévisible. L'incertitude liée aux politiques publiques, la concurrence déloyale et la corruption sont des sources de préoccupations majeures des chefs d'entreprises interrogés.
Dans un environnement des affaires où les règles ne s'appliquent pas de manière égale pour tous, les nouvelles générations d'entrepreneurs ont du mal à émerger dans la région pour concurrencer les entreprises établies de longue date. Selon ce rapport, le nombre de sociétés immatriculées par millier d'habitants, représente moins du tiers de celui de la région d'Europe de l'Est et d'Asie Centrale. Moins de création et de fermeture d'entreprises font que l'âge moyen d'une entreprise de la région MENA est de 10 ans supérieur à celui des pays d'Asie de l'Est et d'Europe de l'Est.
D'après le rapport, afin de libérer le potentiel de la région, un environnement des affaires plus équitable doit émerger afin que les pratiques profondément enracinées de distribution de rentes et de privilèges soient éliminées.
Selon la Vice présidente de la région MENA, Shamshad Akhtar : «La région dispose d'un capital humain considérable, d'un esprit de créativité remarquable et de nombreuses ressources naturelles. Son potentiel de croissance est immense. Réaliser ce potentiel nécessitera un engagement crédible à réduire les pratiques arbitraires et discrétionnaires des administrations, afin que l'application du cadre réglementaire des affaires y soit plus équitable. Cela encouragera un plus grand nombre d'entrepreneurs à investir et à créer des emplois»
Afin de renforcer la croissance de manière durable, le rapport préconise une nouvelle approche s'articulant autour de trois piliers.
Tout d'abord, les gouvernements doivent réduire les barrières formelles et informelles qui limitent la concurrence. Partout où elles existent, les situations de rentes et celles de conflits d'intérêt entre responsables publics et investisseurs privés doivent être réduites.
Ensuite, les réformes doivent être accompagnées du renforcement des institutions chargées de les mettre en œuvre, de réguler les marchés et d'interagir avec les entreprises. Ceci en vue de réduire les immixtions et les pratiques discrétionnaires et arbitraires dans l'application des réglementations.
Enfin, un nouveau partenariat entre le secteur privé et les gouvernements est nécessaire, afin que tous les acteurs soient davantage impliqués dans la préparation, la mise en œuvre et l'évaluation des politiques économiques. Seul un partenariat étroit pourra asseoir un consensus autour des réformes et renforcera leur crédibilité et leur efficacité. Un dialogue plus ouvert permettra également de limiter l'influence d'intérêts particuliers au détriment de l'intérêt général.
Selon Shamshad Akhtar : « Le secteur privé a aussi sa part de responsabilité dans ce nouveau partenariat. Trop souvent, sa voix a été accaparée par les partisans du statuquo pour maintenir leurs privilèges. Aujourd'hui, une nouvelle génération d'entrepreneurs est en train d'émerger dans la région MENA. Leur capacité à faire entendre leur voix pour influencer positivement les réformes à venir sera cruciale».
Le rapport met ainsi l'accent sur la nécessité de renforcer le rôle du secteur privé dans la région MENA pour en faire un moteur du changement. Pour cela, les organisations qui le représentent doivent être plus ouvertes, plus représentatives et mieux organisées pour soutenir des réformes qui bénéficieront à toutes les catégories d'entreprises.

La position de la Tunisie dans la région:
Le secteur privé dans la région, a réagi aux réformes et le taux d'investissement privé a évolué de 2% en moyenne. La réponse a été plus élevée du côté des pays pauvres en matière première, comme en Jordanie, Maroc, Tunisie, et, plus récemment, en Egypte. Les investissements étrangers ont aussi augmenté de façon significative avant que survienne le ralentissement actuel. Le rapport appelle à plus d'ouverture pour la concurrence étrangère dans certains secteurs. Il s'agit pour la Tunisie du commerce de détail et l'immobilier
Il est aussi important d'éliminer les exigences d'entrée qui donnent le pouvoir discrétionnaire pour les fonctionnaires et excluent certains investisseurs comme les autorisations nécessaires pour certaines activités en Algérie, Egypte, la Syrie et la Tunisie. Les autres obstacles comprennent de hautes exigences minimales de fonds propres et restrictions sur la propriété étrangère dans certains secteurs, en vigueur dans des pays comme l'Algérie, l'Iran, la Libye, la Syrie, la Tunisie et certains pays du golfe.
Le rapport soulève aussi le caractère familial des entreprises et hodings. Il site le bon exemple du groupe Orascom de l'égyptien Onsi Sawiris et le groupe Poulina en Tunisie, fondée en 1960, et qui opère dans le secteur agroalimentaire, le tourisme, le développement d'hôtel, et l'immobilier.
Il existe aussi un manque important de l'information pour les petites et moyennes entreprises. En 2000, une femme entrepreneur tunisienne était propriétaire d'un petit atelier de sous-traitance à Sousse employant neuf femmes et fabrique de la lingerie pour une société belge. Le client belge participe par les biens et fourni du matériel et des intrants, et lui verse une rémunération pour son travail. Lorsqu'on lui demande pourquoi elle n'a pas eu l'idée de se procurer la matière elle-même, de concevoir son propre produit, et de le vendre directement sur les marchés étrangers, elle a répondu: « J'ai peur de le faire, parce que si mon seul client l'apprend, je le perdrais. Vous comprenez, j'aurais besoin d'investir beaucoup plus dans la recherche de marché, voyager à l'étranger, et ainsi de suite. En outre, il n'y a personne en Tunisie qui a l'expertise qui pourrait m'aider à trouver des marchés. L'investissement initial est trop élevé pour moi, surtout que je suis incertaine de la réussite ». Pour répondre à ce souci le gouvernement tunisien a lancé le programme du Fonds d'Accès aux Marchés d'Exportation. C'est un partenariat public-privé et qui a mis un réseau de consultant en matière d'accès aux marchés d'export. Quatre ans plus tard, la femme entrepreneur tunisien s'est inscrite dans le programme, travaille avec quatre nouveaux marchés d'exportation et a élargi son entreprise de sous-traitance pour entrer dans la conception et à l'exportation directe.
Le secteur privé dans la region MENA souffre aussi d'une faible intervention gouvernementale. Dans ce cadre le rapport site l'expérience d'une enterprise tunisienne. C'est une unité de confection tunisienne qui a bénéficié du soutien gouvernemental sous la forme de subventions d'investissement et des subventions pour payer des experts étrangers pour exporter sa collection printemps de robes vers la France et l'Italie. La collection a été conçue par un designer français qui a travaillé pendant deux mois dans les locaux de l'entreprise à Tunis. Le coût de cette intervention était d'environ 60000 $ qui ont été versés dans le cadre d'un programme gouvernemental. Interrogé sur l'environnement des affaires pour son entreprise, il a répondu: « Globalement, l'environnement des entreprises est excellent en Tunisie. Le gouvernement soutient l'industrie, comme l'a fait pour le designer de ma collection printemps. Mon seul problème est que nous ne pouvons tirer avantage de ce programme qu'une seule fois. Qu'est-ce que je vais faire pour la collection d'automne à venir? Il s'agit d'un problème. Le gouvernement devrait modifier son programme et nous permettre de bénéficier de ce soutien plus souvent ». Ce type de dépendance à l'appui du gouvernement caractérise de nombreuses entreprises privées dans la région.
Selon le rapport, les exportations tunisiennes sont de bonne qualité, et ont un fort taux d'intégration de haute technologie. La part moyenne de produits de haute technologie dans les exportations tunisiennes se situent autour de 25%, grâce essentiellement aux exportations de produits pharmaceutiques. En revanche, cette part n'était que de 6,2% en 2004 pour les exportations égyptiennes. Concernant les exportations de services ils ont augmenté à un taux annuel exceptionnel de 42 pour cent au Liban, près de 18 pour cent au Maroc et 7 pour cent en moyenne en Egypte, la Jordanie et la Tunisie.

L'inefficacité de la politique des zones industrielles:
L'accès limité au foncier industriel reflète la discordance entre l'offre et la demande. Pourtant, comme en Algérie, Egypte, Maroc, et dans une certaine mesure la Tunisie, un grand stock de terrains industriels vacants existe. En Egypte, seulement 55 pour cent des terres desservies mis à disposition dans des zones industrielles ont été alloués aux investisseurs. Au Maroc, 87 pour cent des terrains viabilisés dans les zones industrielles ont été alloués à des investisseurs. En Tunisie, le taux d'affectation de terrains industriels desservis par l'Agence Foncière Industrielle est de 69 pour cent. En Algérie, on estime à 15.000 hectares les terrains industriels publics qui sont restés inutilisés. Le vrai problème est la liaison entre offre et demande.
Dans le Grand Tunis et les zones côtières la demande totale de terrains industriels est estimée à 90 pour cent de la demande dans le pays. Un tiers des terrains industriels desservis depuis 1990 sont des endroits indésirables à l'intérieur du pays, en accord avec une politique de développement régionale. En Tunisie les prix des terrains à forte demande proposées par l'Agence Foncière Industrielle sont environ 40-50 pour cent de moins que le prix du marché.
Les zones industrielles au Maroc et en Tunisie ont souffert de la mauvaise maintenance des infrastructures, ce qui a incité les marocains et les pouvoirs publics tunisiens pour lancer des programmes de réhabilitation. Dans les années 1990, le programme tunisien a couvert 23 pour cent de son objectif de 75 zones industrielles publiques. La contribution du gouvernement allait de 50 pour cent du coût total des investissements à Tunis et les zones côtières ; à 100 pour cent dans l'intérieur. La Tunisie, a en revanche, le meilleur système de gestion des zones industrielles dans la région.
En effet, depuis 1994 une loi impose aux locataires des zones industrielles de constituer un groupement de Maintenance et de Gestion (GMG). L'association perçoit une redevance annuelle d'environ 10 à 15 dollars par mètre carré. Le gouvernement a créé des groupements dans 60 pour cent des zones développées par l'Agence foncière industrielle et les collectivités locales, mais seulement la moitié est considérée comme active. Ce système est meilleur que ce qu'existe dans le reste de la région MENA, ou les locataires sont souvent réticents à payer pour l'entretien, faisant valoir que c'est la responsabilité des autorités locales.
Comme conclusion finale le rapport estime que la manière dont sont conduites les réformes en Tunisie est la meilleure de la région. Il affirme que de nombreux observateurs attribuent la réussite de ces réformes à la forte cohésion et capacité de coordination des gouvernements qui se sont succédés. Peu de pays de la région ont cette spécificité.
Source : rapport Banque Mondiale


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