Si vous avez suivi avec attention le Conseil des ministres du 24 février, vous avez certainement retenu votre souffle en entendant parler de ce nouveau projet de loi qui ne vise pas moins que le bouleversement du marché boursier. Ce projet de loi permet aux sociétés qui introduisent leurs actions ordinaires à la Bourse des valeurs mobilières de Tunis (à travers l'ouverture de leur capital au public dans une proportion minimale de 30%) de bénéficier d'un abaissement de l'impôt sur les sociétés à un taux de 20% pour une période de cinq ans, à partir de l'année de l'entrée en Bourse. Et comme ce genre de choses ne peut se décider à la légère, le projet de loi prévoit que cette faveur reste opérationnelle pendant au moins quatre années ; donnant aux entreprises jusqu'au 31 décembre 2014 pour l'opération d'introduction. Encouragement des entreprises à entrer en Bourse ? Oui, bien sûr ! Mais c'est peu dire, car le fait de faire dégringoler l'impôt sur les sociétés de quelque 30% à 20% nous met devant un cas très particulier : un niveau d'impôt rarissime dans le monde. Et s'il y a un semblant de logique dans l'esprit de nos investisseurs, ils vont se ruer sur cette 'fenêtre'' de quatre années. Ils nous donneraient ainsi le loisir de désenclaver notre Bourse de son niveau qui semble tellement 'formel'', comme si l'on 'jouait'' à la Bourse sans intention réelle de lui donner une vrai puissance financière ! Ce nouveau projet de loi montre la seule voie possible pour qu'émerge une vraie Bourse dans notre pays : 'De l'audace, encore de l'audace et toujours de l'audace'', disait Danton en 1792 !