C'est ce qui est, en tout cas, arrivé mercredi 3 mars à la Maison de l'Exportateur (Cepex) lors de la rencontre désormais traditionnelle instaurée par le ministre du Commerce pour développer le débat public entre institutionnels et privés, débat consacré, cette fois-ci, aux conseillers à l'exportation. Les interventions «bateau» et décousues n'ont pas permis aux personnes présentes, précisément aux organes de presse, de bien saisir les problématiques du secteur afin de mieux les cerner. C'est ce qui a fait dire à Chokri Mamoghli, secrétaire d'Etat auprès du ministre du Commerce et de l'Artisanat, chargé du Commerce extérieur, qui a modéré la séance: «Si vous voulez vous attaquer aux problèmes de fonds, ne vous attardez pas sur les détails pour que l'essentiel soit plus accessible». En effet, il aurait été plus simple d'attirer l'attention des autorités publiques représentées en la personne du secrétaire d'Etat au problème se rapportant au surnombre des conseillers à l'export : «Près de 196, a précisé Hamadi Kooli, président de la Fédération des exportateurs à l'UTICA, dont une vingtaine seulement occupe la plus grande part du marché». D'autres touchant à l'absence au CEPEX d'un directeur coordinateur du programme Famex à l'instar de Slim Chaker parti, il y a plus d'une année en Jordanie, à la non disponibilité d'un bureau consacré aux conseillers à l'export, aux délais de remboursement et de paiement trop longs, à l'attitude des experts étrangers «qui se comportent avec nous comme des êtres supérieurs face à des indigènes», de l'avis de Mme Kammoun qui assure le rôle de conseillère dans les secteurs de l'agroalimentaire et de l'artisanat. Secteur qui, fait-elle remarquer en passant, manque d'organisation et de savoir-faire au niveau des foires internationales. Les conseillers à l'export (CE), corps régi par arrêté du ministère du Commerce à la suite du lancement du PDE, ont pour rôle d'assurer une assistance technique aux entreprises exportatrices et de les accompagner dans leurs stratégies pour la conquête de nouveaux marchés. La Tunisie, qui compte axer sa politique à l'export sur les nouveaux marchés de l'Europe de l'Est, du Nord, des pays du Golfe, du Maghreb ainsi que de l'Afrique subsaharienne, est décidée, avec le Famex III, à soutenir 1.000 entreprises. «Mais nous pourrons revoir leur nombre à la hausse», précise M. Mamoghli, qui rappelle que le Famex II sensé soutenir 800 entreprises en a accompagné 1.300. Le secteur des services est celui qui profite le plus d'un accompagnement à l'international. La qualité des actions à l'export est meilleure quand on recourt à des CE, qui, pour la plus part, assistent des entreprises de services, TPE, PME. Parmi les entreprises qui ont bénéficié des conseils des CE, 80% ont réalisé des résultats intéressants, précise-t-on au CEPEX. La formation dans les techniques export est assez importante pour construire la crédibilité et acquérir du métier. Il ne suffit pas de remplir les conditions stipulées par un cahier de charges pour être un bon conseiller à l'export, il faut avoir de l'expérience, de la maturité, être rodé aux rouages du marché, être reconnu tant par les institutionnels que par les entreprises en tant que maillon important de l'opération de l'exportation et être présent dans toutes les régions du pays, pour pouvoir accompagner les entreprises exportatrices disséminées sur tout le sol national. Mais plus important encore, il faut que les conseillers à l'export apprennent eux-mêmes à communiquer entre eux, à formuler des propositions claires pour aider à leur reconnaissance, améliorer les conditions d'exercice de leurs activités. L'image présentée mercredi 3 mars par certains conseillers à l'export n'était pas brillante, l'ambiance était à la cacophonie, les conseillers se contredisaient, les propositions se rejetaient. Spécialisation ? Pas de spécialisation ? Réglementation rigoureuse ou souple ? Limitation de l'accès au métier de CE ou plaider pour son ouverture ? Beaucoup de questions qui auraient pu être plus approfondies si ce n'est le manque de coordination et l'abîme des mots qui ont englouti aujourd'hui la salle, avec elle les problèmes fondamentaux du secteur. «Il faut que le métier des conseillers soit plus structuré pour permettre aux opérateurs d'avancer et de répondre aux critères qui seront établis par le Famex III», a déclaré M. Kooli appelant les CE à se regrouper dans une seule entité et à mieux communiquer en les assurant du soutien de l'UTICA. Car aujourd'hui, nous avons vu non pas des conseillers qui se conduisaient selon l'adage tunisien connu «Ettir illi y ghanni w jnahou y rod alih » pour la défense d'un métier qu'ils ont choisi, mais plutôt une autre scène qui rappelle une autre maxime populaire «kol Tir y ghanni wahdou» Et c'est plutôt mauvais pour l'image du secteur. Espérons que le secrétaire d'Etat, qui a animé la rencontre, a pu tirer du débat des propositions claires et constructives pour le bien du métier de Conseiller à l'Export et de l'exportation en général dans notre pays.