Depuis le démarrage effectif de l'interdiction de l'usage du tabac dans les lieux publics et l'augmentation des prix, on a enregistré une régression de 4% dans les ventes du tabac toutes catégories confondues. Cette mesure marque le démarrage effectif de la lutte contre des maladies telles le cancer, les pathologies respiratoires et autres cardiovasculaires et qui pèsent lourd sur le budget du ministère de la santé et du contribuable. A titre d'exemple rien que les traitements en chimiothérapie pour les états cancéreux coûtent à la communauté 122 millions de dinars par an dont 82 millions de dinars couverts par la CNAM. Le tabac tue et de différentes manières, le tabac peut ausi causer la stérilité chez la femme et peut être à l'origine de cas d'impuissance sexuelle chez les hommes. Dans notre pays les chiffres sont mitigés mais près de 7.000 hommes décèdent chaque année des suites du tabac et plus de 1.500 femmes (Une tunisienne sur 10 fume). C'est trop. Les enjeux économiques de la production du tabac sont aussi importants, la Régie tunisienne du tabac, c'est 23.000 emplois directs et indirects et 262,2 millions de dinars de chiffres d'affaires réalisées en 2008. D'ailleurs, on peut lire ce qui suit dans la présentation des activités de la Régie « Le secteur du tabac occupe une place importante dans l'économie nationale et contribue activement à la vie sociale en procurant un nombre important d'emplois dans l'agriculture, l'industrie et la distribution ». Ceci étant, les réalisations de la RNTA n'ont rien à voir avec les dépenses de la santé engendrées par la consommation du tabac et à l'origine de nombre de maladies dont celles citées plus haut. Et ce qui, en partie, expliquerait les mesures prises par les autorités publiques pour lutter contre le tabagisme. Et parmi lesquelles, nous pouvons citer l'interdiction de fumer dans les endroits publics y compris les restaurants et les cafés, l'interdiction de la vente du tabac aux jeunes de moins de 18 ans tout comme l'interdiction de la vente au détail dans les lieux publics- mais est ce vraiment appliqué ?-. Une augmentation progressive des prix a incité nombre de fumeurs à diminuer leur consommation du tabac ou à l'arrêter définitivement pour des raisons économiques. Rappelons à l'occasion que les taxes sur le tabac dans notre pays figurent parmi les plus élevées de par le monde. Il n'empêche, plus de 3 % du budget du ménage tunisien est consacré au tabac (à priser et à fumer), plus que l'enseignement, l'hygiène, la culture et les vacances. Ce sont les classes économiquement faibles qui dépensent le plus pour le tabac. Malgré la commercialisation de près de 30 marques étrangères de cigarettes, cigares et tabac sur le sol national, le marché tunisien est largement dominé par les cigarettes locales qui représentent environ 90% des ventes et dont les prix sont relativement accessibles aux catégories socio-économiques défavorisées. Pour les personnes désireuses d'arrêter de fumer, le ministère de la santé a procédé à la formation de 2000 médecins. Sur un tout autre plan, des actions de sensibilisation et de communication à la lutte antitabac ont été développées avec les représentants de la société civile. Car, nul ne peut douter des ravages du tabac et ses conséquences sur la santé publique et en particulier de ses effets sur des maladies très coûteuses telles le cancer. Plus de 10.000 cas de cancers sont chaque année déclarés en Tunisie dont plus de la moitié pour le sexe masculin. D'après Dr Nabli de la direction générale de la Santé publique, les raisons en reviendraient au mode de vie moderne. Le vieillissement de la population, le tabagisme (Le risque pour les fumeurs d'être atteints du cancer est 50 fois supérieur au risque des non fumeurs d'en être atteints), la sédentarité et l'alimentation. Le fast-food riche en graisse animale, la viande d'agneau, les fritures, le sel, les aliments conservés, les colorants et autres, sont autant de facteurs qui peuvent aggraver les risques d'être atteints par ces maladies non transmissibles. Rien que pour les mesures préventives, les besoins en équipements, en formation pour les personnels médicaux et paramédicaux, le recrutement des assistants et assistantes sociales, l'acquisition des nécessaires de traitements anticancéreux, la recherche et le développement et autres moyens de lutte contre le cancer, il faudrait, selon certains experts tunisiens, au moins un budget de 400 millions de dinars par an. En avons--nous les moyens ?