L'intégration financière régionale remède à la crise ? Pour les auteurs du rapport «la reprise en cours» (Recovery Underway), «poursuivre l'intégration dans la région MENA pourrait être une bonne stratégie en raison du mélange de pays, qui inclut à la fois des exportateurs de capital (les pays du CCG) et des importateurs de capital (les pays importateurs de pétrole)». Les banques des pays de l'OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economiques) étant devenues «peu enclines à courir des risques», celles des pays du CCG «pourraient avoir une raison de devenir plus actives chez elles, et peut-être dans la région». Les capitaux des pays du Conseil de Coopération du Golfe pourraient, par exemple, essayer de saisir des opportunités «en rapport avec l'accroissement du commerce interarabe des services, ou exploiter les accords de commerce de plus en plus en plus étendus entre les pays arabes et les Etats-Unis ou l'Union européenne, ou financer des projets publics régionaux dans la logistique, l'eau et l'énergie». Mais l'impératif –et le défi- peut-être le plus important consiste pour les pays de la région MENA à améliorer la compétitivité de leurs entreprises. En effet, le fait que la part de ces pays dans les exportations de biens non-pétroliers soit restée sous la barre de 1% pendant 30 ans et qu'elle ne soit –malgré son doublement- que de 2,8% pour le commerce des services durant la période 1990-2006, démontre selon la Banque mondiale que la région a «de sérieux problèmes de compétitivité» et qu'elle «a raté des opportunités d'augmenter le taux de croissance et de créer de nouveaux emplois productifs». En termes de compétitivité, la région MENA devance Afrique sub-saharienne, est à peu près au niveau des pays de moyen revenu de l'Amérique latine et loin derrière les pays à croissance rapide de l'Asie de l'Est, le Brésil et la Turquie. Ce gap est imputable à divers problèmes plombant l'environnement des affaires, «l'incertitude légale», la mise en œuvre discrétionnaire des lois qui, selon le rapport, «rend difficile pour acteurs économiques –entreprises et banques- l'analyse les retours attendus sur les investissements». D'ailleurs, cette incertitude et «la manière dont les affaires sont faites encourage les entreprises à opérer des paiements informels» afin de gagner les faveurs de l'interlocuteur, mais «ces paiements augmentent les coûts et diminuent les retours réels». Ces problèmes «couplés avec les barrières à l'entrée et à la sortie ont créé un environnement de stagnation». De ce fait, les entreprises exportatrices de la région MENA «n'ont pas été capables d'améliorer la sophistication de leurs produits, et d'élargir leur panier d'exportation». Ainsi, à l'exception des Emirats Arabes Unis, les pays de la région exportent beaucoup moins de produits que «le nombre attendu vu leur niveau de développement».