Pour permettre au secteur privé de devenir le moteur de la croissance économique et de la création d'emplois, la Banque mondiale recommande de mener des réformes pour accroître l'exposition à la compétition, réduire le comportement discrétionnaire et intéressé des fonctionnaires et «mobiliser toutes les parties concernées autour d'une stratégie dédiée de croissance à long terme». Jadis principal moteur de l'économie, l'Etat s'est progressivement dégagé de cette mission au profit du privé, au gré des réformes introduites. Néanmoins, ce secteur n'assume pas encore pleinement sa nouvelle fonction et la faute n'en lui incombe pas à lui seul. En effet, si un grand écart subsiste entre le rôle escompté et celui effectivement joué par le privé, c'est aussi parce que les conditions qui lui sont faites par les pouvoirs publics dans les pays en développement sont encore loin d'être idéales. Divers freins empêchent encore l'émergence d'un secteur privé plus dynamique. Le premier tient au fait, d'après le rapport de la Banque mondiale From privilege to competition , que «l'environnement des affaires n'est pas le même pour tous : la discrétion, l'arbitraire et le traitement inégal des investisseurs abondent». Outre la «corruption (les) pratiques anticoncurrentielles, l'incertitude des politiques réglementaires», les investisseurs de la région MENA et en particulier les managers des petites et moyennes entreprises- montrent du doigt les fossés dans «l'environnement juridique, l'accès au financement et à la terre. Le problème ne réside donc pas tant dans les politiques que dans leur mise en uvre inéquitable, discrétionnaire et préférentielle». De surcroît deuxième frein-, les entreprises les plus anciennes elles sont, tout comme les managers, plus vieilles dans la région MENA qu'ailleurs, d'après la Banque mondiale-, bénéficiaires de ce système, laissant peu de place à la compétition, jouent un rôle dominant. Et c'est ce «mix» de «règles imparfaites et d'une application inéquitable et discrétionnaire qui «entrave le développement du secteur privé dans la région». Pour débloquer cette situation, la Banque mondiale recommande d'agir dans trois domaines. Sur le premier axe et «selon la situation de chaque pays», les réformes à entreprendre doivent viser à accroître l'ouverture à la compétition, notamment étrangère, à travers le commerce et l'investissement, améliorer la gouvernance du secteur bancaire, d'y éliminer «les barrières formelles et informelles» ainsi que «les conflits entre politiques et hommes d'affaires -ou les rendre transparents». Sur le deuxième axe, il s'agit d'uvrer à «mettre en place un processus continu de réformes des réglementations et procédures qui réduisent la marge du comportement «discrétionnaire et intéressé des fonctionnaires», accroître «la transparence et l'accès à l'information», revoir les incitations dans les organismes publics et encourager «les innovations institutionnelles pour améliorer les services efficients et équitables» aux hommes d'affaires, accorder une plus grande autonomie pour les organismes étatiques par rapport à l'exécutif et aux leaders politiques et introduire l'évaluation «systématique, indépendante, transparente et régulière» des interventions sélectives publiques, y compris les stratégies industrielles. Enfin, sur le troisième axe, il est recommandé de «mobiliser toutes les parties concernées autour d'une stratégie dédiée de croissance à long terme».