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Pour une Tunisie prospère (2e partie)
Opinions


Par le Pr Mohamed HADDAR*
Le rôle du secteur privé est de créer le maximum de richesses possibles, de générer des emplois durables et de distribuer des revenus consistants dans le respect des textes en vigueur tels que la législation fiscale, le code du travail, la sécurité sociale… En contrepartie, il récolte le maximum de profit qui permet de couvrir les risques encourus, la créativité et l'innovation. Pour cela, un investissement consistant est nécessaire. Les économistes le considèrent comme le moteur de la croissance et du développement. Cet investissement modifie la structure de l'offre et améliore la productivité du travail qui permet une hausse des salaires de créer plus de richesses et de générer davantage d'emplois.
En Tunisie, le secteur privé a existé depuis le début des années soixante. Il s'est largement développé depuis cette date, principalement à partir des années soixante-dix. Ce secteur a fourni une part appréciable des emplois et a participé à la création de valeur ajoutée. Cependant, par opposition à d'autres expériences internationales, les PME tunisiennes n'ont pas innové. Elles utilisent un stock de capital à faibles niveaux technologiques et ont des procédés de production qui ne dépendent pas de l'innovation. Adoptant une logique de minimisation des coûts, ces PME ont tendance à embaucher un plus grand nombre d'ouvriers à faible qualification en vue de réaliser un niveau donné de production. Cette situation n'a pas favorisé l'emploi pour les dizaines de milliers de diplômés. Dans ce sens, le secteur privé n'a pas rempli son rôle. Deux arguments peuvent être avancés. Le secteur a occasionné le gaspillage et n'a pas réussi à bâtir une économie solide.
Le chômage est un gaspillage de ressources humaines. Dans ce sens, le secteur privé n'a pas réussi, par sa faiblesse et le manque de son dynamisme, à absorber les 500 mille chômeurs en 2010 dont 157 mille diplômés. De même, les exonérations fiscales, les subventions et les autres avantages accordés à ce secteur constituent l'autre gaspillage de ressources matérielles payées par la collectivité qu'elle aurait pu dépenser autrement. De plus, notre économie demeure fragile, basée principalement sur l'exploitation des ressources naturelles, la compression des salaires et une dépréciation continue de la monnaie nationale. Le tissu productif est composé à 90% de petites et moyennes entreprises (PME).
Pour expliquer cette situation, plusieurs personnes avancent que la corruption a étouffé l'activité économique du pays et réduit la création de richesses. Plus de corruption, c'est moins d'investissement et par conséquent, c'est moins de croissance et moins d'emplois. Il en a résulté de ce fait un déficit d'investissement et un secteur privé peu dynamique. Sur la base d'une telle argumentation, certains économistes comme le GP déduisent qu'il suffit d'instaurer la bonne gouvernance pour assurer une croissance de 7 à 10%, de créer suffisamment d'emplois et de réduire en conséquence le chômage.
Cette proposition est valide dans le court terme. Elle devient insuffisante à moyen et long terme. La dignité implique un emploi durable et un revenu consistant pour les Tunisiens. Cela implique une économie d'innovation et de créativité donnant une croissance plus élevée que celle réalisée pendant les années passées, à forte valeur ajoutée et créatrice d'emplois qualifiés et durables. La prospérité future du pays repose, en grande partie, sur le doublement de l'investissement des entreprises et un secteur privé dynamique et innovant, capable de relancer les défis, pour qu'il puisse répondre à cet enjeu de création d'entreprises, de richesses et d'emplois. Face à la concurrence internationale sur de nombreux produits, même sur les produits basiques, l'entreprise tunisienne a peu de chance d'être compétitive. Le secteur a, pratiquement, perdu ses avantages et devra trouver de nouveaux arguments de compétitivité pour maintenir sa part de marché. Cependant, des marchés potentiels existent. C'est aux entrepreneurs tunisiens : i) d'identifier des niches possibles et de développer des partenariats avec le capital étranger. Les IDE avec des transferts de capitaux, de technologies, de connaissances et de savoir-faire permettent l'acquisition d'avantages construits ; ii) de mettre à jour leur équipement par l'acquisition de technologies performantes. L'expérience internationale indique que la mondialisation exige le développement accéléré de nouvelles stratégies de valeur ajoutée. Les pays émergents opèrent continuellement de grands changements pour s'affranchir d'un rôle de sous-traitant, intenable à terme face à la concurrence, et s'orienter résolument vers le produit fini et les marques. Cette stratégie permet d'améliorer substantiellement la productivité, la richesse, l'emploi et les salaires. Le plus délicat et lent à réaliser consiste à modifier la mentalité des acteurs économiques et à les convaincre de l'opportunité d'adopter un nouvel état d'esprit conquérant et innovateur.
Quel rôle doit jouer le secteur public ?
L'intervention de l'Etat dans le système économique est un fait majeur de toutes les sociétés contemporaines. Par contre, la présence de l'Etat dans l'économie a toujours été un sujet controversé.
Sur le plan théorique, certains — les ultralibéraux — soutiennent une conception minimaliste de l'Etat. Soulignant les mérites du marché et de la concurrence, ils soutiennent que son intervention devrait se limiter à assurer la protection des individus et des biens contre le vol, la fraude ainsi que la réalisation des contrats. Une fois le droit de propriété reconnu et la concurrence garantie, le marché fournit, à lui seul, les conditions optimales pour réaliser les opérations d'échanges, de production et de distribution. D'autres reconnaissent trois fonctions essentielles à l'Etat: la fonction d'allocation des ressources en vue de corriger les échecs du marché, la fonction de stabilisation macroéconomique (limiter les cycles économiques) et la fonction de redistribution (réallouer les ressources plus équitablement entre les individus).
Si nous adhérons à cette deuxième conception, nous soutenons que pour une Tunisie prospère et solidaire, l'Etat doit jouer, en plus, deux principaux rôles. Il doit jouer un rôle stratégique de premier plan. Il a par ailleurs l'obligation de hisser le climat des affaires à un niveau international. Il va de soit que l'Etat joue son rôle de gendarme en assurant la sécurité, la justice, de telle sorte que la sécurité des personnes soit effective, que le droit et l'ordre soient respectés et que l'économie puisse fonctionner.
Un rôle stratégique
Le secteur privé ne peut jouer seul son rôle. L'Etat doit avoir un rôle stratégique. Il doit accompagner le privé dans sa démarche pour définir les secteurs stratégiques présents et futurs. Dans ce sens, il faut subventionner massivement l'innovation et la diffusion de technologies. Il est urgent de mettre en œuvre une politique industrielle où l'Etat mise sur des secteurs d'avenir. A titre indicatif, le gouvernement actuel de la France a contracté un emprunt de 35 milliards d'euros. Pour beaucoup, une telle décision aggrave la dette publique. L'argument avancé par le gouvernement, qui risque de partir dans moins d'un an, est d'améliorer la position de la France de demain dans le système mondial. En effet, cet emprunt a été destiné, principalement, à restructurer l'enseignement supérieur et à la formation (11 milliards dont 8 pour la création de 8 campus d'excellence mettant l'accent sur la santé, les biotechnologies et sur la capitalisation des start-up) ; à accompagner les PME des filières aéronautiques, spatiales, automobiles, ferroviaires et navales (6,5 milliards) ; à consolider le secteur numérique afin de généraliser Internet à très haut débit (4,5 milliards).
La responsabilité d'instaurer un climat des affaires favorable à l'initiative privée
Tout d'abord, l'Etat doit restructurer profondément les secteurs de la justice, de la finance, de l'enseignement, de la formation et de l'innovation. Le rôle de l'Etat est fondamental pour développer l'économie du savoir et le capital humain (c'est-à-dire la productivité des individus au travail). La santé est un autre aspect essentiel du capital humain. Des individus en mauvaise santé ne peuvent pas être productifs ou inventifs. L'hôpital et l'école doivent être conçus comme faisant partie d'un dispositif d'ensemble destiné à maximiser le potentiel de croissance du pays tout entier.
L'Etat a le devoir de mettre en place un cadre institutionnel assurant le fonctionnement des affaires sans entrave. Les pays qui ont engagé des réformes en vue d'améliorer le climat de l'investissement tels que la Chine ou l'Inde ont presque doublé le taux d'investissement privé. Tous les obstacles à l'initiative d'entreprendre pour tous les citoyens doivent être éliminés. Son rôle est par conséquent d'encourager l'investissement afin d'augmenter la productivité du travail, de créer des emplois durables et de hausser les salaires.
L'investissement a un caractère prospectif et présente plusieurs risques. Les anticipations sont, alors, essentielles dans la prise de décision. Pour qu'ils décident d'investir, de ne pas investir ou de retarder cette décision, il faut que les investisseurs aient une bonne vision sur le futur. Leurs anticipations dépendent de leur état de confiance. La crise ou même la récession engendre la peur, la prudence et le pessimisme qui, à leur tour, consolident cette situation. Cette vision est, largement, façonnée par les politiques et comportement des pouvoirs publics. Un rapport de la Banque mondiale indique qu'une meilleure prévisibilité de la politique des pouvoirs publics peut accroître de plus de 30% la probabilité que les entreprises effectuent de nouveaux investissements.
Il importe aussi de remettre à plat la fiscalité. Le système fiscal tunisien est d'une complexité et d'une opacité excessives. Une fiscalité moderne doit être, au contraire, simple et juste, et permettre de financer le bon fonctionnement des institutions ainsi que les investissements d'innovation. Les pays scandinaves, en particulier la Suède, alignent de très bonnes performances en matière de croissance et d'innovation, pourtant ils maintiennent un impôt élevé et/ou fortement progressif sur le revenu. Pourquoi ne pas faire de même ? Il importe aussi de transformer profondément le système financier, d'instaurer un système de lutte contre la corruption, de réformer la justice…
La responsabilité d'assurer la paix sociale
L'Etat doit prendre en charge les démunis. Par une politique fiscale adéquate, il veille à une répartition équitable de la richesse, corrige les inégalités et assure l'infrastructure de base.
Dans un univers où l'innovation et la croissance impliquent davantage de création et de destruction d'entreprises et d'emplois, l'Etat doit tenir sa place contre les nouveaux risques de l'économie mondialisée. Il faut réfléchir à l'idée de mettre en place un système "d'indemnisation" des employés au chômage tout en les incitant à rebondir en leur assurant une formation adéquate.
Au niveau de la redistribution, il s'agit de lutter contre l'exclusion et les inégalités sociales. Pour cela, l'instrument privilégié est l'impôt, en particulier les impôts progressifs, ainsi que la fourniture de biens ou services gratuitement ou sous condition de revenu. Ainsi, le budget de l'Etat est un instrument très important pour la réalisation de ces objectifs. La question posée est de trouver le financement du déficit budgétaire.


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