«Et si je vous disais qu'au large de l'ile de Malte, on coule des sous-marins achetés et désaffectés pour enrichir le produit de la plongée sous-marine, vous diriez quoi ? En moins de cinq ans, Malte est devenue l'une des destinations touristiques phares de la plongée. Savez-vous seulement que les épaves sont un atout fantastique et un centre d'intérêt pour la population des plongeurs qui s'y baladent comme dans un musée. La Tunisie possède plus de 200 épaves. Vous imaginez le trésor qu'elle a et qu'elle exploite si peu ?». Tout est dit ou presque. Ces propos sont tenus, non sans passion, par Selim Baccar et Bertrand Roch, respectivement promoteur d'un centre de plongée et journaliste spécialisé. Le tandem est en train de préparer un livre sur les fonds sous-marins de Tunisie à paraître en début d'année prochaine. Cette information prend davantage de dimension, lorsqu'on précise que c'est la Tunisie qui, en Méditerranée, possède le plus grand nombre d'épaves répertoriées. C'est dire si cet atout est important. C'est regretter qu'il soit aussi si peu exploité au niveau touristique. Les novices seraient tentés de croire que la plongée sous-marine est une niche dans laquelle s'investir ne vaut peut-être pas la peine. D'autres seraient tentés de croire que ce sont les îles paradisiaques et lointaines qui s'accaparent le marché de la plongée sous-marine. Il n'en est rien. Loin des «némos» de Disney et des barrières coralliaires à faire rêver, c'est bel et bien la Méditerrané qui reste la destination numéro un des plongeurs dans le monde. Recélant plus de 200 épaves répertoriées, la Tunisie peut-elle devenir une destination de plongée pour autant ? Le marché de la plongée est-il porteur ? Serait-il à conquérir ? Francois Brun est rédacteur dans la revue spécialisée «Plongée magazine». Pour lui, il ne fait aucun doute que la Tunisie a un trésor qu'elle sous-exploite. Formel, il argumente : «Il faut s'y connaître pour réaliser ce que représentent les épaves pour les plongeurs. Plonger sur une épave, c'est comme se promener dans un musée ou évoluer dans un film. Le plongeur évolue dans l'histoire. Il devient acteur Il y a du monde qui est prêt à payer pour cela, encore faut-il que cela se sache !». Le message est on ne peut plus clair. Il est temps de mettre en valeurs ces atouts et de valoriser ces trésors. Selim Baccar est propriétaire d'un centre de plongée certifié PADI. Lui aussi pense que la plongée est une niche à développer pour la destination Tunisie. Indépendamment des épaves, il y a tous les fonds marins qui sont à découvrir. On récence d'ailleurs pas moins d'une quinzaine de sites de plongée de toute importance. En plus, à cause du réchauffement climatique, on observe régulièrement l'arrivée de nouvelles espèces qui ne vivaient pas dans les eaux méditerranéennes. A titre d'exemple, on peut citer les poissons perroquets, les barracudas, les poissons-lapins Précisant que «la plongée apportera la diversification dont a besoin le produit touristique tunisien», Selim Baccar et quelques professionnels appellent en effet à établir une stratégie claire et efficace pour conquérir un marché à portée de main. La clientèle de la plongée sous-marine est toujours, comme toutes les autres clientèles, à laffût de nouvelles destinations et émotions. Plonger en Tunisie peut vite devenir un «must». Il suffirait pour cela de s'atteler au travail et d'établir une stratégie marketing adéquate. Une nouvelle prise de conscience est nécessaire pour réhabiliter un créneau en souffrance. Il est urgent de revitaliser la Fédération qui est quasiment au point mort depuis plus de temps qu'il n'en faut. A ce jour, le secteur est représenté par 22 centres de plongée dont une quinzaine sont touristiques. La plongée relève de l'autorité de la marine nationale. Un éclairage nouveau sur la plongée touristique sous-marine tunisienne serait de nature à réhabiliter des lieux de première importance qui ont été mal gérées au fil du temps comme notamment la grotte au mérou à Tabarka. Dernièrement, les grottes d'El Haouriaya sont devenues site culturel. Il était temps. Espérons que cela augure d'une meilleure exploitation. A la veille de la mise en uvre du programme de refonte de la destination touristique Tunisie avec l'application de l'Etude Stratégique du tourisme pour 2016, on ne peut qu'augurer des jours meilleurs pour la plongée tunisienne. En plus d'être un bel outil, elle pourrait être une des vitrines d'un tourisme qui aura su se réinventer.