Lorsque le très respectueux site « Webmanagercenter » répercutait un article d'apparence anodin - sur les opérations du groupe Banque de Tunisie sur le titre de la société d'assurance ASTREE, les observateurs , dans le secteur, pensèrent qu'il s'agissait tout simplement d'une opération occasionnelle, ou, du moins ponctuelle. Or, il s'est avéré petit à petit quoiqu'un mystère épais eût accompagné cette opération qu'il s'agissait d'une réelle prise de contrôle progressive de l'ASTREE par la B.T. On sait que le Crédit industriel et commercial de France (CIC) est le principal actionnaire de la Banque de Tunisie avec 19,92% du capital, comme le mentionnait justement l'article de « Webmanagercenter ». Et cette banque fait partie du Crédit Mutuel qui en est le principal actionnaire.
En fait, le mouvement s'est égrené janvier dernier. D'abord des mouvements dans le capital de l'ASTREE. Ensuite, une modification de la structure du capital dont le prix fort a été payé par les Assurances Générales de France, actionnaire historique de l'ASTREE et pour lequel l'air était devenu irrespirable. Enfin, on révoqua l'ensemble des administrateurs actuels de l'assurance ignorant de facto l'article 26 de l'arrêté du 17/11/2000 qui impose certaines normes procédurales aux sociétés faisant appel public à l'épargne.
Il est clair que nous sommes dans un contexte d'interversion de métiers. Les assureurs grognent en appellent à une solidarité corporatiste face à ce qu'ils considèrent comme étant « une pieuvre tentaculaire » à savoir la bancassurance.
Le métier d'assureur n'a jamais été aussi fragile de par le monde et chez nous aussi du fait que les banques s'y implantent créant elles-mêmes des relais entre investissement, risque et assurance.
Tout cela est évidemment fait sans prendre en considération le risque couru par les petits porteurs dont l'enveloppe a été classée « divers » dans la structure du capital d'ASTREE et qui représente quand même une enveloppe assez consistante.
Le CMF devait donc réagir (voir texte dans l'encadré sous cet article). Mais pourquoi a-t-il attendu si longtemps soit quelques jours avant la tenue de l'Assemblée générale ordinaire fixée ( ?) pour le 4 mars prochain ?
Raouf KHALSI
Le CMF réagit
Le Conseil du Marché financier C.M.R vient récemment de soumettre la Banque de Tunisie BT à une procédure de maintien de cours sur les titres ASTREE. Cette décision qui s'inscrit dans le but de préserver l'intérêt des petits porteurs, vient suite aux changements notables enregistrés dans la structure du capital d'ASTREE.
En effet, la Banque de Tunisie agissant de concert avec le Groupe des Assurances du Crédit Mutuel (AGF) ont acquis en date du 25 janvier passé, 38,08% du capital de l'ASTREE. Cette participation appartenait avant cette date aux Assurances Générales de France A.G.F. -qui a cédé à cette occasion sa participation totale, soit 42,08 de l'ASTREE.
Suite à cette acquisition ainsi qu'à d'autres achats en Bourse, le Groupe des Assurances Crédit Mutuel a vu sa participation dans le capital de l'ASTREE atteindre 79,66%.
Ce qui a amené le CMF à soumettre la BT à la dite procédure de maintien de cours sur le reste des actions composant le capital de l'ASTREE et détenus par des actionnaires ne possédant pas individuellement au plus 5% du capital (100.000 actions).
L'opération de maintien de cours s'étalera sur une période de 15 séances de bourses, soit du 7 mars au 28 mars courant inclus. Le cours à maintenir est de 24,400 dinars.