Le député de Qalb Tounes, Yadh Elloumi, a accusé, mardi 25 août 2020, le président de la République, Kaïs Saïed, de continuer à protéger le chef du gouvernement démissionnaire, Elyes Fakhfakh, en dépit des soupçons de corruption qui pèsent contre lui. Il a indiqué, dans une intervention sur Shems FM, qu'Elyes Fakhfakh devenait un “vrai problème” et son gouvernement “absurde et inapproprié”. Il a évoqué, dans ce sens, le limogeage du président de l'Instance nationale de lutte contre la corruption (Inlucc), Chawki Tabib, par le Conseil ministériel réuni lundi 24 août. “C'est un règlement de compte, de la vengeance. (Chawki Tabib) a été puni tout comme les partis politiques exclus de la composition du gouvernement”, a-t-il lancé assurant que si Elyes Fakhfakh n'avait pas été destitué, il aurait continué dans la corruption et avec l'aval du président de la République. “Nous avons été éjectés car nous avons simplement joué notre rôle dans la lutte contre la corruption”, a-t-il ajouté. Interpellé sur la composition du gouvernement Mechichi, dévoilée tard dans la soirée de lundi 22 août, Yadh Elloumi a dénoncé une “mauvaise structuration” assurant que ce gouvernement était celui du président de la République. Il a, cependant, soutenu qu'il faudrait le soutenir et lui accorder la confiance dans les plus brefs délais. “Tout le processus est erroné. Le président de la République a abusé de ses prérogatives. Il a procédé à un coup d'Etat en douce. Il n'a pas été le garant de la Constitution mais l'a plutôt manipulée”, a-t-il avancé “Nous devons être en guerre contre la pauvreté. Kaïs Saïed est en guerre pour ses idées et, peut-être, pour d'autres choses. Plus rien ne m'étonne en le voyant aujourd'hui protéger la corruption en la personne d'Elyes Fakhfakh”, a-t-il ajouté. Yadh Elloumi a condamné, par ailleurs, le processus de formation du gouvernement, pointant du doigt le déroulement des concertations. Hichem Mechichi a, rappelons-le, annoncé, lundi, un gouvernement de compétences indépendantes. Une composition que plusieurs partis avait dénoncée de par l'absence de compétences politiques appartenant aux partis au pouvoir. Le député de Qalb Tounes est revenu, également, sur le programme de Kaïs Saïed et dans lequel celui-ci est favorable à la dissolution du Parlement. Il a qualifié cette vision de “dangereuse pour la démocratie et le pays”. “Nous ferons barrage à ce programme avec les outils légaux”, a-t-il affirmé, soulignant que "le prochain conflit politique sera contre Kaïs Saïed".