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Quand la justice n'est pas là, les souris dansent
Publié dans Business News le 12 - 10 - 2020

Les deux syndicats professionnels des journalistes ont appelé ce week-end au boycott des activités de la coalition Al Karama.
La situation entre les médias et ce parti est devenue impossible. Trop de tensions de part et d'autre.
Sur les plateaux TV, quand un membre d'Al Karama est invité, on lui oppose cinq contradicteurs. Les articles sont souvent à charge et rarement, voire jamais, à décharge. Business News ne fait pas l'exception, loin s'en faut, même si nous avons tenu à rester le plus souvent dans le factuel.
En face, les membres d'Al Karama n'hésitent pas à injurier, à moquer, à accuser, à attaquer de la manière la plus basse, la plus vile. Dans la relation nous opposant à Al Karama, on ne sait plus aujourd'hui qui est dans l'action et qui est dans la réaction. On ne sait plus qui a tort et qui a raison.
Al Karama a une ligne politique claire. Cette ligne est radicale et représente un petit pan de la société.
Les médias ont des lignes éditoriales claires aussi et ces lignes représentent des petits pans de la société. Contrairement à Al Karama, les médias ne représentent pas un groupe homogène qui parle un seul langage. Chaque média a sa ligne et sa vision de la société. Curieusement, et à l'exception des médias affiliés et inféodés aux islamistes (Hannibal, Zitouna, Insen et dernièrement Nessma), ces médias sont d'accord qu'Al Karama représente le mal absolu, celui qui ne respecte pas la loi, qui ne respecte pas la déontologie, qui ne respecte pas la bienséance, qui n'a pas de savoir-vivre. C'est cet accord tacite qui met les membres d'Al Karama dans un état hystérique. Ils n'arrivent pas à admettre comment ces médias sont d'accord pour penser du mal d'eux alors que eux pensent être les ambassadeurs du bien.

Si on en est arrivé à ce degré de tension si élevé, on ne peut pas dire décemment que la faute est exclusivement du côté d'Al Karama. Nous aussi, on a notre part d'erreur. Mais cette erreur ne se trouve pas où Seïf Eddine Makhlouf pense.
Ce qui nous unit dans cette société est un pacte social. Nous avons des règles avec lesquelles nous vivons tous en « harmonie ». Ces règles sont édictées par la constitution en premier lieu, par les lois en deuxième lieu et, aussi, par des chartes universelles.
Que Seïf Eddine Makhlouf et ses suiveurs l'admettent ou pas, leur parti ne respecte pas certaines de ces règles. Quand ils s'attaquent aux minorités qui boivent de l'alcool, quand ils défendent des acteurs notoires du terrorisme, quand ils moquent ceux qui font leur travail correctement (juste parce que ce travail leur déplait), ils violent allègrement ces règles. C'est du devoir des journalistes de crier holà et de dénoncer ce comportement. C'est ce que nous faisons régulièrement et c'est pour ça que les médias semblent d'accord et unis quant à leur traitement des sujets liés à Al Karama.

Mais il n'y a pas qu'Al Karama et les médias qui sont responsables de la tension existante.

Il y a l'appareil judiciaire qui n'est pas en train de faire son travail correctement et c'est ce qui fait que l'on ait atteint ce degré de tension.
Prenons l'exemple de l'école de Regueb. Seïf Eddine Makhlouf est sorti pour dire que le directeur de l'école a été amnistié des accusations qui lui ont été portées. Juste après, il s'est attaqué à notre confrère Hamza Belloumi dont le seul tort était de travailler sur le sujet. Or ce qu'a dit Makhlouf est faux. Le directeur de l'école a été relaxé sur une des accusations, mais pas toutes. En donnant une partie de la vérité et non toute la vérité, Makhlouf manipule l'opinion publique. Dans la tête des islamistes, cela s'appelle un mensonge blanc, c'est-à-dire un mal pour un bien. Il est là du devoir des médias de dénoncer ce mensonge et de rétablir la vérité et c'est ce qui fait sortir Seïf Eddine Makhlouf de ses gonds.
Serait-on arrivés à cela si la justice était sortie pour dénoncer le mensonge de Makhlouf ? Assurément que non !
Précédemment, dans cette même affaire de l'école de Regueb, on se souvient tous comment Seïf Eddine Makhlouf s'est attaqué à un procureur en l'injuriant et en le défiant. La justice n'a pas réagi ou plutôt a réagi mollement en le condamnant tout en le relâchant.
En réaction à tout cela, Seïf Eddine Makhlouf a « photoshopé » l'image de Belloumi le montrant comme un diable. N'importe quel quidam aurait fait pareil, il aurait été arrêté, vu le résultat haineux du Photoshop et le discours agressif accompagnant l'image photoshopée. On a bien vu, par un passé pas lointain, le parquet réagir dans l'heure pour arrêter des personnes. Quand il s'agit de Makhlouf, la justice fait semblant de ne rien voir.
Il injurie à volonté, vidéos à l'appui, Abir Moussi sans que le parquet ne réagisse. Idem pour ses camarades comme Abdellatif Aloui ou Imed Deghij. La justice fait semblant de ne rien voir car, pense-t-elle, l'histoire est politique.

Justement, c'est parce que c'est politique que la justice doit réagir pour mettre le holà. Le Photoshop de Makhlouf montrant Hamza Belloumi en diable aurait dû faire réagir le parquet immédiatement. Il ne s'agit aucunement d'un exercice parlementaire pour que le député se cache derrière son immunité. Pareil pour les nombreuses vidéos des différents membres d'Al Karama injuriant et menaçant Abir Moussi. Plusieurs d'entre elles n'ont rien à voir avec l'exercice parlementaire et auraient dû faire réagir l'appareil judiciaire.
Du côté des médias enfreignant la déontologie journalistique, la Haica et les organes syndicaux de la presse auraient dû réagir pour rappeler aux journalistes ce qu'est leur travail et quelles sont les limites qu'ils ont dépassées. Faute de réaction des instances de « tutelle » (la tutelle est plutôt morale), Seïf Eddine Makhlouf a été poussé à reprendre ses droits tout seul en s'attaquant, crescendo, contre un, puis deux, puis trois, puis tous les médias qui lui sont hostiles.
Faute de réaction du parquet, les médias ont fait le travail à sa place pour dénoncer les infractions à la loi, et aux règles régissant la société, de la part d'Al Karama.

Cette histoire empoisonne la vie politique tunisienne et il n'y a pas que les médias et Makhlouf qui en sont responsables. L'appareil judiciaire aurait fait son travail, Seïf Eddine Makhlouf aurait réfléchi plutôt deux fois qu'une avant de s'attaquer à Abir Moussi ou aux médias. Les médias seraient restés dans le factuel puisque le parquet aurait fait son travail correctement.
Seïf Eddine Makhlouf pense que les médias vont perdre en le boycottant. Qu'il se rassure, en publiant des dénudés de Nermine Sfar, les médias feront cent fois plus d'audience. Mais cette occasion devrait le pousser à s'arrêter trente secondes pour réfléchir sur la situation et balayer devant sa porte. Nous aussi !

Lire également l'excellente analyse sur cette affaire et le boycott en général fournie par notre confrère Maher Abderrahman dans la partie arabe de Business News.


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