Hichem Snoussi, membre de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica) est revenu, mardi 20 octobre 2020, sur l'examen de l'initiative législative visant l'amendement du décret-loi 116 relatif à la liberté de la communication audiovisuelle et portant création de la Haica. Invité de la Matinale sur Shems FM, il a souligné que l'initiative législative portée par le bloc d'Al Karama présentait plusieurs violations à la Consitution de 2014 laquelle stipule que le décret doit évoluer en loi et être soumis à des amendements. « Le discours (des porteurs du projet) est certes alléchant mais il est dangereux », a-t-il signalé évoquant la suppression des licences pour la création des chaînes radio et télé. « Il y a eu des tentatives de la part de Anouar Maârouf (ancien ministre des Tic et du Transport) visant à alouer les fréquences tunisiennes à des parties étrangères. Chose que la Haica a refusée », a-t-il indiqué affirmant qu'aucun pays dans le monde n'autorise la location de ses fréquences à des entités étrangères. Rappelant l'existence de chaînes radio et télé illégales en Tunisie – notamment, Nessma TV (dont le propriétaire est le fondateur de Qalb Tounes, Nabil Karoui, ndlr), Zitouna FM et radio Quran (dont le présentateur est le député et président du parti Errahma, Saïd Jaziri, ndlr) – Hichem Snoussi a assuré que l'intérêt de ce projet d'amendement était d'intégrer au paysage médiatique tunisien des parties étrangères appuyant le mouvement Ennahdha. Pour ce qui des modalités d'élection des membres de la Haica qu'Al Karama souhaite amender, il a avancé que l'objectif de cet amendement était de politiser la Haute autorité. « Nous avons vu ce qu'il s'est passé avec l'Isie (l'Instance supérieure indépendante pour les élections). Ils veulent simplement politiser la Haica et ainsi mettre défintivement leurs mains sur les médias », a indiqué Hichem Snoussi. Interpellé sur le retrait du projet de loi gouvernemental sur l'audiovisuel, il a déploré la position du chef du gouvernement, Hichem Mechichi, la qualifiant de « catastrophe ». « Ce qu'a dit M.Mechichi est irresponsable et ouvre la porte au chaos », a lancé Hichem Snoussi rappelant que les experts et différentes organisations nationales et internationales avaient travaillé pendant quatre ans pour élaborer le projet en question. « Ce projet de loi avait été amendé par le gouvernement et a été présenté, consensuellement, au Parlement », a-t-il ajouté. Il a affirmé, par ailleurs, que la Haica prendrait contact avec des députés afin de les convaincre d'adopter ce projet de loi et de le transformer en une initiative législative à voter au Parlement.