Le monde retient son souffle, les Américains votent pour les grands électeurs qui éliront à leurs tours le Président des Etats-Unis. On vote par Etat, et celui des républicains ou des démocrates qui a la majorité dans un Etat remporte la totalité des grands électeurs de l'Etat. C'est donc ainsi qu'il est arrivé à quelques reprises, notamment en 2016 pour l'élection de Trump qu'un candidat puisse être élu président alors même qu'il n'a pas la majorité en voix.
Très concrètement, le bilan de Donald Trump est bien en-dessous de ses anciennes promesses électorales. Le PIB n'a pas atteint les 3% qu'il avait promis pendant sa campagne, et est resté sur la même ligne linéaire que lui avait laissé le président sortant Obama, et ceci malgré un allégement fiscal en décembre 2017, le fameux « Tax cut and Jobs Act ». Sa réforme aura couté mille deux cent milliards au budget de l'Etat, pour n'augmenter la croissance que de 0,5% et pas de façon durable. Contrairement à ses engagements également, il n'a pas réussi à résorber la dette publique qui finit avec un chiffre qui donne le tournis, 135,6% du Pib. Il avait promis de la résorber en deux mandats, il l'a augmentée de 35% en un mandat. Pendant sa première campagne, il s'était engagé à résorber le déficit commercial à coups de guerre commerciales « faciles à gagner » avait-il promis. Son déficit commercial avec l'Union européenne a augmenté, son déficit commercial avec la Chine a atteint son point culminant en 2018 pour dépasser les moins 40% à la rentrée de 2018. Et même si le déficit s'est réduit avec la Chine en 2019, il a été compensé par une augmentation du déficit avec le Canada et le Mexique. Il finit son mandat avec un déficit. Court-termiste, sa guerre commerciale démarrée en mars 2018 lui a finalement couté cher en points de croissance qui passe de 2,9% en rythme annuel en 2018 à 2,3% en 2019. Avec pour résultat sur le déficit commercial qui est un échec total puisqu'il finit en 2019 au-dessus de ce qu'il était en 2017. Enfin le chômage. Il a poursuivi sa chute pendant le mandat de Trump, chute amorcée dès 2012, puisqu'il y a eu depuis 2012, une création nette d'environ 200 000 emplois chaque année. Ce chiffre est toutefois à relativiser. Le taux de chômage se calcul par un rapport à la population active qui est la population qui travaille et celle qui recherche activement un emploi. La population active baisse aux Etats-Unis, depuis 2008. Ensuite la population sans emploi qui cherche un emploi a également baissé et pas parce qu'elles ont trouvé du travail. Les Etats-Unis vivent une crise sanitaire, du fait des mauvaises conditions de vie. Ainsi 56% des hommes inactifs entre 25 et 54 ans se déclarent malades ou invalides, et ne sont pas comptabilisés dans les chercheurs actifs d'emplois.
La société américaine reste une société très traditionnelle. Et ceci fait déclarer à 60% des femmes inactives, dans la même tranche d'âge, 25-54 ans, qu'elles ne recherchent plus d'emploi pour se consacrer à leur famille. Ainsi si nous mesurions l'emploi aux USA non plus par rapport à la population active, mais en tenant compte de la population en générale en âge de travailler, le taux d'emploi est de 79,7%, là où, par exemple en France, il est de 80,8% pour le seul quatrième trimestre 2018 nous dit l'OCDE. Nous ne reviendrons pas sur sa politique étrangère, où il a déstabilisé un équilibre précaire partout où il est intervenu. Il a surtout donné un grand coup d'arrêt au principe de multilatéralisme ; la concertation des nations. Et on ne peut décemment pas dire que l'Amérique a prouvé dans l'Histoire récente avoir fait preuve d'une stratégie visionnaire dans la gestion de ses affaires étrangères.
Les résultats des votes maintenant. 160 millions d'électeurs sont allés voter (66,9% de participations). A l'heure où ces lignes sont écrites, Biden bénéficie de 264 grands électeurs, contre 213 pour Trump, il en faut 270 pour être élu Président. Biden a dépassé les 70 millions de voix et devient le candidat dans l'histoire des Etats-Unis à obtenir le plus grand nombre de voix. Précisons que chaque candidat peut demander un recomptage dans chaque état dès lors que l'écart entre les deux candidats est inférieur à 1%. Il manque aux décomptes (source compilée notamment à partir de l'Associated Press) : - Les 3 grands électeurs de l'Alaska (républicain en 2016) – dépouillement à 45% - Trump en tête de 4 points - Les 6 grands électeurs du Nevada (démocrate en 2016) - dépouillement à 67% - Biden en tête de 1 point. Le Nevada a décidé de ne plus rien publier avant jeudi matin, heure américaine. Le démocrate avait 7600 voix d'avances et 195 000 bulletins sont en cours de dépouillement, essentiellement du comté de Clark, et quasiment tous étant des bulletins par correspondance. Jusqu'à ce que l'infirmation ne soit plus publique, Biden y récoltait 53% des voix, contre 45% pour Trump - Les 10 grands électeurs du Wisconsin (républicain en 2016) - dépouillement à 100% - Biden en tête de 20 000 voix. Trump a demandé un recomptage. Précisons qu'en 2016, l'écart qui était en faveur de Trump était de 131 voix. - Les 16 grands électeurs du Michigan (républicain en 2016) - dépouillement à 99% - Biden semble être définitivement en tête dans cet état et ne peut plus etre ratrrapé. - Les 20 grands électeurs de la Pennsylvanie (républicain en 2016) - dépouillement à 80% - Trump a une avance de 464 000 voix, mais 1,4 million de bulletins par correspondance restent à dépouiller, et pour le moment le vote par correspondance est à 72% pour Biden, ce qui projetterait une victoire de Biden également dans cet état. - Les 15 grands électeurs de la Caroline du nord (républicain en 2016) - dépouillement à 95% - Trump en tête de 77 000 voix. - Les 16 grands électeurs de Géorgie (républicain en 2016) - dépouillement à 94% - Trump est en tête de 83 000 voix contre 105 000 à la précédente communication. Il reste 358 000 bulletins à dépouiller
Résultat provisoire Biden : 270 grands électeurs Trump : 267 grand électeurs.
Attention, les dépouillements ne sont pas finis et ca peut basculer.
La surprise ne vient pas d'un résultat très serré entre les deux candidats, malgré des sondages en faveur de Biden, la complexité du scrutin laissait ouverte toutes les possibilités, mais du fait que Donald Trump, dans une déclaration historique ce matin heure européenne, et avant d'aller se coucher, a déclaré être vainqueur de l'élection, qu'il convient de cesser de compter, que les jeux sont faits, qu'il ne laisserait pas les Américains se faire voler leur scrutin, et qu'il compte saisir la cour suprême. Il accuse les démocrates de fraude, et va jusqu'à parler de bourrage d'urnes en déclarant « nous ne voulons pas qu'ils trouvent des bulletins à 4 heures du matin et qu'ils les ajoutent ».
Pour le moment donc, le score est serré, la situation est explosive, Trump met de l'huile sur le feu et attise ses troupes. Vous êtes bien aux Etats-Unis d'Amérique et nous sommes bien en 2020.
A suivre. Nous mettrons à jour le présent article à chaque nouvelle donnée publiée et vérifiée.