Pendant des années, la critique de l'Instance Vérité et Dignité et de sa présidente, Sihem Ben Sedrine, était de l'ordre du blasphème, de l'interdit. Cette instance était drapée du manteau immaculé de la pureté révolutionnaire avec l'appui et l'aide de personnalités qui sont aujourd'hui des fantômes politiques, ou des exilés transfuges d'associations de défense des droits de l'Homme. Il faut également dire que la dame est allergique à la critique et Business News a fait les frais de sa vindicte, sans jamais, bien sûr être condamné. Notre journal, et d'autres voix dans le pays, ont été systématiquement attaqués, dénigrés et diffamés par les milices électroniques d'Ennahdha et du CPR dans les premières années post-révolution. Toute personne qui se donne le droit de critiquer l'IVD et son rendement était forcément contre-révolutionnaire, vendue, traitre, etc. Même quand ce sont les propres membres de l'instance qui se plaignaient des agissements de leur présidente et qui alertaient sur des dépassements flagrants, les hooligans des prétendus révolutionnaires débarquaient pour les intimider, virtuellement cela va de soi. Aujourd'hui, vous ne trouverez plus ces hooligans et ces fous du clavier. Ils sont, en majorité, partis à l'étranger. Au Canada, aux Etats-Unis ou en Europe, ils ont pu recueillir le dividende de leur pseudo-activisme et vendre l'arnaque selon laquelle ils auraient participé à la révolution. Très peu d'entre eux sont restés en Tunisie pour constater par eux-mêmes à quel point ils ont été menés en bateau, et à quel point ils se sont trompés de combat.
Badreddine Gammoudi est un élu à l'ARP du parti Echaâb. Il s'est récemment illustré dans le dossier des déchets italiens à la tête de la commission parlementaire chargée de la réforme administrative et de la lutte contre corruption. Le 4 janvier il a évoqué l'IVD en parlant de falsification dans le rapport final de l'instance. Le rapport remis au président de la République ne serait pas identique à celui publié dans le Journal officiel. M. Gammoudi a aussi parlé du sujet épineux de la BFT où l'instance, présidée par Sihem Ben Sedrine, n'a pas jugé utile d'entendre la version de l'Etat tunisien et s'est contentée de celle de la victime. Un statut que l'élu remet en doute d'ailleurs. Par ignorance très certainement, l'instance a demandé réparation pour le compte de la « victime » à hauteur de 3000 millions de dinars en se basant uniquement sur les dires de celle-ci. En voilà de la « vérité » pour ceux qui en veulent encore ! Evidemment, ce rapport falsifié et injuste est aujourd'hui utilisé contre l'Etat tunisien et est devenu une pièce à conviction dans le conflit qui oppose l'Etat à la « victime », et dont le sort devrait être connu en avril prochain. Badreddine Gammoudi parle, dans ce cas, de falsification et d'atteinte aux intérêts de l'Etat tunisien, et promet de tout faire pour invalider le rapport de l'IVD. Alors, quand on falsifie un rapport concernant l'activité d'une telle instance pendant plus de quatre ans, et que cette falsification porte clairement atteinte aux intérêts de l'Etat tunisien, pourrions-nous parler de trahison ? Peut-on espérer que le sujet ait été évoqué par le président de la République lorsqu'il a reçu Sihem Ben Sedrine début décembre 2020 ? Remarquez aussi le silence absolu de tous les fans de l'IVD et de sa présidente par rapport à ce genre d'affirmations. Une preuve, s'il en fallait, du courage de ces gens. Si jamais le jugement final de cette affaire est en défaveur de l'Etat tunisien et qu'il était condamné à payer ces 3000 millions de dinars, de quelles poches viendront-elles ? Qui va se prendre la douloureuse dans les dents ? N'est-ce pas ce pauvre peuple, déjà éreinté ? Des générations seront redevables de payer cette facture, si jamais le jugement se fait en faveur de la « victime », à la faveur d'un rapport falsifié élaboré par une instance qui n'aura pas laissé un bon souvenir, à part les témoignages filmés qui eux, resteront pour l'Histoire.
Pour l'instant, ce scandale passe sous silence à cause de l'actualité chargée que traverse actuellement le pays. Entre limogeages et arrestations, l'opinion publique est occupée à autre chose. Les responsables du pays ne s'en occupent pas non plus, pour le moment du moins. Le parquet n'a pas encore jugé utile de se saisir de cette affaire qui représente un risque réel pour les intérêts de l'Etat. Nous voulions de la vérité et de la dignité, nous voilà servis en mensonges, falsifications et bassesse.