Le mot est lancé et cela donne une idée sur l'état d'esprit qui règne maintenant chez les islamistes. Radwan Masmoudi a publié un post Facebook hier soir dans lequel il appelle le président de la République à réagir à propos des violences observées dans plusieurs quartiers et plusieurs régions de la Tunisie, sous peine d'être destitué. Le président du centre Islam et Démocratie et l'une des personnes les plus influentes dans le camp des islamistes, compare Kaïs Saïed à Donald Trump et le parlement tunisien au Congrès américain. Il invite ainsi le parlement à prendre les mesures nécessaires pour un impeachment. Cela est-il possible ? Le parlement peut-il destituer le président de la République ?
Techniquement, cela est possible, mais concrètement les islamistes prennent leurs désirs pour des réalités. L'article 88 de la constitution énonce ce qui suit : « Les membres de l'Assemblée des représentants du peuple peuvent, à la majorité, présenter une motion motivée pour mettre fin au mandat du Président de la République en raison d'une violation grave de la Constitution. La motion doit être approuvée par les deux-tiers des membres de l'Assemblée. Dans ce cas, l'affaire est renvoyée devant la Cour constitutionnelle qui statue à la majorité des deux-tiers de ses membres. En cas de condamnation, la Cour constitutionnelle ne peut prononcer que la destitution, sans préjudice, le cas échéant, des poursuites pénales. La décision de destitution prive le président de la République du droit de se porter candidat à toute autre élection. »
Dans l'état actuel de la situation, le président de la République n'a violé aucun texte de la Constitution ce qui enlève toute motivation à l'assemblée de présenter une telle motion. Dans l'état actuel de la situation, il est quasi impossible de réunir 109 députés contre le président de la République qui, qu'on le veuille ou pas, reste populaire. À l'assemblée, les islamistes ne peuvent en aucun cas se prévaloir d'une quelconque majorité (soit 109) pour présenter la motion et certainement pas la majorité des deux tiers (145) pour destituer quiconque. Troisième élément, il faut qu'il y ait une cour constitutionnelle pour destituer le président de la République et celle-ci n'existe pas encore. Vu qu'il n'y a pas d'autre article dans la constitution pour destituer le président de la République et vu que l'article 88 est inapplicable dans l'état actuel de la situation politique, on conclut que la missive de Radwan Masmoudi n'est là que pour mettre de l'huile sur le feu.
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