A l'ère ante-Covid, nous vivions dans un monde qui courrait à sa perte. Depuis, curieusement, l'Homme gagné par un instinct de survie improbable, pense le sauver alors qu'il s'attèle à en organiser les obsèques. Il ne s'agit pas de vouloir pour pouvoir, il faut faire aussi. Et tous défont. Dans une sorte de sursaut qu'on aurait cru humaniste, les Etats-Unis ont décidé de suspendre leurs livraisons d'armes à une Arabie Saoudite qui massacre au Yémen les opposants au pouvoir en place, opposants soutenus par l'Iran. On ne pouvait que saluer cette décision qui permettait de pousser à une solution pacifique, après que l'Italie, dans la même foulée, a annulé la livraison de 12.700 missiles et bombes à l'Arabie Saoudite.
La nouvelle administration de Biden ne nous a pas laissés longtemps dans l'euphorie d'un paradigme que nous rêvions nouveau. « Cette suspension est classique » nous dit un responsable américain, « une mesure de routine typique de la plupart des transitions ». Le peuple yéménite va pouvoir respirer quelques jours grâce à la routine américaine. Le point à vérifier nous dit, cynique, le même responsable, est de savoir si ces ventes d'armes par les Etats-Unis répondent à [leurs] objectifs stratégiques. #midiàsaporte
Au Portugal, vendredi dernier, les députés ont adopté la loi euthanasie. Elle autoriserait, si le Président acceptait de la promulguer, à tout résident portugais, majeur, de se faire mourir « s'il était dans une situation de souffrance extrême ». Il faut une validation de deux médecins et d'un psychiatre pour constater que le demandeur est conscient de son choix et qu'il est atteint de « lésions d'une extrême gravité » ou d'une « maladie incurable ». Dans les huit jours, le Président devra soit ratifier la loi, soit la renvoyer devant la Cour Constitutionnelle, ou exercer son véto qui aurait pour conséquence de renvoyer la loi devant l'assemblée pour un nouveau vote.
En cas d'adoption définitive, ce que plus rien ne semble empêcher, le Portugal rejoindrait les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg dans la liste des pays ayant légalisé la mort sur ordonnance. L'Espagne pourrait suivre, puisque le débat sur le droit de mourir est lancé, et arriverait au Parlement au second trimestre de cette année. #mourirauchampd'amour
Au Japon, plus prosaïquement, c'est une femme de 48 ans qui a été arrêtée pour avoir caché pendant 10 ans le cadavre de sa mère dans son appartement. Elle vivait avec elle, alors que le bail était au nom de la défunte. Pour ne pas qu'il soit résilié, parce qu'elle voulait demeurer avec celle qui était partie, la femme orpheline plutôt que d'organiser des obsèques publiques, a mis sa mère dans le congélateur pour rester près d'elle. Et garder un toit. C'est dix ans après, et après une mesure d'expulsion pour défaut de paiement des loyers, que la société venue vider l'appartement laissé meublé, a découvert les faits. Il demeure surprenant que personne ne se soit rendue compte de la disparition de cette femme pendant dix ans. Chacun dans sa partition, tous plongé dans le Grand Jeu de la vie, on ne se rend plus compte que certains ne sont plus là.
Et puis il y a la Tunisie. Ce pays incroyable, loin des tumultes du Monde qui continue son bonhomme de chemin contre Covid et Peuple, puisque les vents et les marées y sont cléments.
La Tunisie, dont des juges ont décidé de mettre dans leurs geôles des fumeurs de cannabis pour les 30 prochaines années, parce que fumer du cannabis, en Tunisie, dans un stade, est une circonstance aggravante qui justifie qu'on oblitère l'avenir du fauteur de trouble, celui qui essaye de kiffer dans un pays qu'on essaye d'assassiner.
La force de la loi s'impose au juge dit-on. Laquelle loi est censée être prise dans le respect de la constitution. Mais en Tunisie, nos juges, nos législateurs, nos politiques ont décidé de jouer la partie seuls. Point de Cour Constitutionnelle malgré un délai constitutionnel, pour la mettre en place, largement dépassé.
Toutes les lois, tous les décrets, tous les arrêtés pris par toutes les autorités quelles qu'elles soient sont tous simplement nuls. Faute de pouvoir en vérifier la constitutionnalité. Toutes les décisions de justice prises à partir de lois dont la conformité n'a pas pu être vérifiée par le citoyen auprès de la Cour Constitutionnelle n'ont d'autre valeur que celle de l'arbitraire.
Qui est ce juge, qui est ce député, qui est ce maire qui se croit autorisé à agir sans pouvoir être confronté à notre texte sacré, à la charia de nos institutions, au Livre de notre République, la constitution ?
Quelle est donc cette Société qui se dit démocratique, qui sont donc ces représentants qui vocifèrent à longueur de journée pour un téléphone portable arraché, et qui se sont tous mis d'accord pour ne pas désigner entre eux, les gardiens du temple de nos libertés constitutionnelles ?
Tout juge saisi pour l'application d'une loi passée sans Cour Constitutionnelle devrait avoir la conscience professionnelle de ne pas statuer, ignorant tout sur la constitutionnalité d'un texte qu'on lui demande d'appliquer.
Il nous faut, toute affaire cessante, une Cour Constitutionnelle. Le vote que nous avons adressé à nos élus, sans cette Cour, est un match démocratique que nous jouons sans arbitre. Et à voir la situation du peuple, il est indéniable que ce sont nos gouvernants qui mènent au score. A voir l'état de notre Société, il est certain que ceux-là trichent. #mauvaisjoueur
C'est la fin de la semaine, c'est la fin de ce trip, c'est la fin de tant de choses, que vous devez éteindre vos smartphones pour vous consacrer à l'essentiel. Mais vous ne le ferez pas.