Le député Qalb Tounes Yadh Elloumi n'a pas mâché ses mots en évoquant la crise politique, n'hésitant pas à s'attaquer frontalement au président de la République Kaïs Saïed. Au micro de Wassim Ben Larbi dans l'émission Expresso sur Express FM, M. Elloumi a estimé qu'ils (son parti et ses alliés) n'ont pas créé la crise et « qu'elle a été créée par une personne, le président de la République parce qu'il a abusé dans l'utilisation de la Constitution et dans son explication ». Pour preuve, une majorité des constitutionnalistes estiment que le chef de l'Etat a violé la Constitution, en refusant d'inviter les ministres à la prestation de serment, qui est une procédure formelle.
« Je ne sais pas pourquoi cette étape existe dans la Constitution et j'aimerai bien la supprimer. La prestation de serment avait un but éthique or elle a été utilisée pour une chose à laquelle ceux qui ont écrit la Constitution n'ont pas pensé : ils n'ont pas pensé qu'une personne viendrait avec une explication bizarre, théologique, médiévale et individuelle. Il faut que les psychologues, sociologues, les anthropologues expliquent ce cas : comment un individu se permet d'arrêter un pays car il a une vision individuelle et il se permet donc de bafouer la Constitution et de la violer, ce qui est un argument fort pour une destitution », a martelé l'élu. A lire également Yadh Elloumi : Kaïs Saïed doit être destitué ! Et d'ajouter : « S'il y avait une Cour constitutionnelle, les positions des élus auraient été plus audacieuses pour entamer les procédures de destitution du chef de l'Etat, ce qui n'est pas une chose hors norme ». A lire également ARP – L'examen des projets relatifs à la Cour constitutionnelle parmi les priorités Autre chose importante, il pense que la crise politique est finie et que le chef du gouvernement l'a solutionnée, mais sans donner plus de détails.
Pour lui, ces épreuves sont un test choc pour la Constitution. En outre, M. Elloumi pense que même avec la meilleure formulation possible, « on pourrait tomber sur des gens comme Kaïs Saïed capables d'inventer n'importe quoi ». Ainsi, il a appelé à une « révolution législative », estimant que les lois tunisiennes sont médiévales et doivent être actualisées et remises au goût du jour.
Rappelons que le chef de l'Etat avait refusé d'inviter les nouveaux ministres nommés par le chef du gouvernement, Hichem Mechichi, à prêter serment. Un refus justifié par l'inconstitutionnalité du remaniement opéré en janvier dernier, en plus de « suspicions de corruption » concernant certains des ministres nommés. On rappellera également que les onze ministres concernés ont bénéficié de la confiance de l'ARP et que Hichem Mechichi a adressé deux correspondances au président pour fixer une date de prestation de serment, toutes deux ayant été rejetées. A lire également Décryptage complet de la lettre de Kaïs Saïed
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