Le président du conseil de la Choura du mouvement Ennahdha, Abdelkarim Harouni, a estimé ce mercredi matin 21 avril 2021 que certains poussent le président de la République à devenir un projet de dictateur et qu'ils veulent faire croire que le problème est entre le chef de l'Etat et Ennahdha alors que ce n'est pas le cas. Et de marteler que Ennahdha demeurera une force de rassemblement et de dialogue et n'ira pas vers une confrontation avec Kaïs Saïed. Invité de Hamza Belloumi dans son émission La Matinale sur Shems Fm, M. Harouni a ainsi affirmé : « Il y a une erreur grave, il y a des gens qui sont en train d'orienter les faits comme étant un problème entre le chef de l'Etat et Ennahdha. Or ce n'est pas le cas : le problème est entre le chef de l'Etat et l'Etat, le chef de l'Etat et la Constitution, entre le chef de l'Etat et la révolution, entre le chef de l'Etat et la démocratie, entre le chef de l'Etat et le parlement, entre le chef de l'Etat et le gouvernement, entre le chef de l'Etat et les appareils sécuritaires, entre le chef de l'Etat et les appareils militaires, entre le chef de l'Etat et la justice, entre le chef de l'Etat et les médias. On n'a pas peur du président de la République, mais on a peur pour lui. Car les personnes qui ont échoué aux élections, qui ne croient pas à la démocratie, qui n'ont pas pu rivaliser avec Ennahdha et les autres, et ont essayé de gouverner après avoir remporté les élections, ont essayé d'aller vers le gouvernement du président mais il a été déchu, ils ont essayé d'arrêter le Parlement et ont échoué et tentent actuellement d'utiliser le président de la République ».
Et d'ajouter : « Il y a une tentative au sein du palais de Carthage, d'une minorité au Bardo et de forces extérieures pour créer un projet de dictateur en Tunisie. (…) Il y a des personnes qui tentent de faire de Kaïs Saïed un projet de dictateur. Ennahdha a pris une position ferme pour que le chef de l'Etat reste le symbole de l'Etat, de l'unité de l'Etat, du respect de la Constitution, du respect de la volonté du peuple, du respect du parlement, du respect du gouvernement. Nous, nous défendons le président de la République. Nous n'attaquons pas le président de la République. Mais, il y des personnes qui poussent le pays vers une confrontation entre le chef de l'Etat et le mouvement Ennahdha. On ne va pas le leur permettre, on ne va pas suivre ce chemin et on appelle le président de la République à cesser l'escalade dans son discours, car son discours était nerveux et n'était pas dans le bon contexte, car on était dans le cadre de célébration. A lire également Naoufel Saïed : Pourquoi avoir peur du président ?
Pour lui, les Tunisiens ne connaissent pas le chef de l'Etat mais dès le départ il avait son propre projet politique et sa propre vision des choses : « Le chef de l'Etat est pour un régime présidentiel où le président a toutes les prérogatives et où il est au-dessus du parlement, du gouvernement, de l'armée, des forces de sécurité, des médias et de la justice ». Et de souligner : « En tant que démocrates dans ce pays, on doit contrer le retour d'une gouvernance individuelle et l'usage des appareils de l'Etat pour le service de l'individu et pour défaire les adversaires (…) on ne veut pas le retour d'un état policier où les appareils sécuritaires et judicaires, l'administration et les médias sont utilisés pour attaquer l'opposition ». A lire également Abdellatif Mekki : Les déclarations de Kaïs Saïed vont jeter de l'huile sur le feu
Le président du conseil de la Choura a expliqué ainsi que ceux qui veulent les ministères de l'Intérieur et de la Justice, sont ceux qui veulent instrumentaliser les forces de sécurité et le service judiciaire contre leurs opposants. Et de soutenir que celui qui intervient dans le ministère de l'Intérieur est le chef de l'Etat, alors que cela ne fait pas partie de ses prérogatives et que c'est une intervention dans celles du chef du gouvernement. Outre le fait que c'est une menace pour le rôle de la police républicaine.
« Lorsqu'on a une compréhension de la Constitution, on n'impose pas son avis, il y a des mécanismes », a-t-il martelé. Et de s'interroger : « Pourquoi le président de la République a besoin d'entasser des armes au palais de Carthage, en s'accaparant toutes les forces armées et en les mettant sous sa tutelle ? ». Pour lui toute cette histoire n'a ni queue ni tête : « On est en train de créer de toute pièce un problème et un combat au sein du pays ».
Abdelkarim Harouni a considéré : « Il y a des gens qui poussent à une confrontation entre le chef de l'Etat et Ennahdha. Cette confrontation n'aura pas lieu. Ennahdha ne poussera pas le pays à cette confrontation. Ennahdha est une force d'unité nationale, de dialogue, d'unification des Tunisiens. Ennahdha respecte le chef de l'Etat et l'appelle à respecter le président du parlement, le chef du gouvernement, la volonté du peuple et les partis politiques. Ennahdha répondra à la nervosité avec le calme et avec le dialogue. Le mouvement répondra à la violation de la Constitution et des prérogatives avec des appels au respect de la Constitution et des prérogatives. Nous en tant que premier parti du pays, on doit prendre nos responsabilités. J'appelle le chef du gouvernement à mettre en place son remaniement approuvé par le parlement. Il a assez attendu le chef de l'Etat, qui a sa propre vision de la Constitution, ce qui est son droit. En attendant la Cour constitutionnelle, j'appelle le chef du gouvernement à appliquer ses prérogatives ».
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