Le président du mouvement démocratique, Ahmed Néjib Chebbi, a, commenté les déclarations du président de la République, Kaïs Saïed, prononcées hier dans le cadre d'une rencontre avec les anciens chefs du gouvernement, dans un post publié ce mercredi 16 juin 2021, sur les réseaux sociaux.
« Le président ne s'est pas trompé quand il avait dit qu'il était d'une autre planète » a commencé par noter Ahmed Néjib Chebbi et de poursuivre en ces mots : « Le président ne reconnaît pas l'existence d'une crise économique en Tunisie. La Tunisie possède une grande richesse, dont une partie est passée par contrebande à l'étranger et une autre détenue par les corrompus. La solution à la crise réside dans la récupération de cet argent. Il n'y a pas de crise des finances publiques, pas de crise des échanges extérieurs, ni la crise de la dette et l'effondrement de la monnaie nationale. Il n'y a pas de crise de l'épargne, pas de crise de l'investissement, tout cela s'annule dès que l'argent pillé est récupéré. Quant à la crise sanitaire, elle n'a pas été évoquée dans le discours du président lors de sa rencontre hier avec les anciens chefs du gouvernement. Le président ne croit pas en un dialogue entre parties en conflit pour chercher un règlement consensuel pour la sortie de la crise. Le président estime qu'il y a deux camps : le camp du peuple et le camp de la corruption et de la trahison. Le peuple n'est pas le peuple des citoyens qui ont recouvré leur liberté et qui ont choisi leurs représentants pour les gouverner, mais plutôt le troupeau dont l'existence se résume en la personne du président mentor. Le président ne croit qu'à la légitimité qui l'a porté au pouvoir, quant à celle qui a amené les autres, elle n'a aucune légitimité à ses yeux et cela lui donne le droit de paralyser ses institutions de l'intérieur et de les démolir de l'extérieur, à tout prix... quitte à mener le pays vers la destruction et le chaos. De l'avis du président, il n'y a pas de dialogue possible entre les deux camps, mais plutôt au sein d'un seul camp, celui du peuple, avec pour sujet celui de changer le système politique, sans s'assurer que ce que le président entend en termes de réforme cela même à quoi aspire la majorité des citoyens. Le président nous place entre deux options : le choix de se raccrocher à la légitimité constitutionnelle… ou de partir à l'aventure au nom du changement et le changement est une large revendication populaire après l'échec de toutes les institutions élues à remplir leurs fonctions, toutes sans exception : la présidence, le gouvernement et le parlement. Face à ce défi, nous ne pouvons qu'adhérer à la légitimité constitutionnelle, qui est l'adhésion à la paix et à la stabilité civiles, et œuvrer au changement à travers les urnes et dans les délais. L'une des exigences de ce défi est de maintenir la stabilité à travers un dialogue national entre les parties en conflit pour formuler un nouveau contrat social afin de sortir le pays de la crise et d'arriver à un consensus sur certaines réformes politiques. Il est vrai que des chaînes ont été placées sur tous les articles de la constitution, la transformant en une structure rigide qui ne peut pas être développée. Si les forces en négociation ne reconnaissent pas le droit du peuple à exercer sa souveraineté par le biais d'un référendum, les choses risquent d'exploser. Face à l'aventure dans laquelle le président veut nous entraîner, hargneux et menaçant, brandissant les dispositions exceptionnelles de l'article 80 en prélude à un coup d'Etat contre les institutions, et face à l'état de stagnation et de paralysie à laquelle sont parvenues les institutions de l'Etat, il ne reste plus aux vrais patriotes qu'à se réunir dans un congrès populaire de salut national. Ils exposeront alors leur vision de la sortie de crise économique et leur projet de réforme du système politique, et pourront fédérer les Tunisiens autour d'eux pour retrouver leur droit à l'exercice de la souveraineté par le biais d'un référendum. Tel est le défi auquel sont confrontées les forces de la réforme et du changement : Oseront-t-elles le relever ? ».