Le leader du mouvement Ennahdha et président du parlement gelé, Rached Ghannouchi, a admis qu'« il y a de la colère face à l'absence de réalisations économiques et sociales depuis la révolution, et de la colère contre le comportement de nombreux politiciens, y compris les islamistes », dans une expérience émergente, un système électoral fragile et une crise économique majeure aggravée par les répercussions de la crise sanitaire. Et de marteler dans une interview accordée à l'agence turque Anadolu, publiée mercredi 11 août 2021 : « Tout cela est une réalité, mais qui ne justifie pas d'abandonner la démocratie », le tout en se montrant optimiste et a déclaré : « Nous sommes certains que la démocratie est capable de se réformer de l'intérieur et non pas en se débarrassant d'elle ». Autre révélation de taille, le président d'Ennahdha a affirmé que « le mouvement est prêt à se sacrifier pour achever la voie démocratique ». Il a assuré le respect des règles du mouvement et fait allusion à son intention de renoncer à la direction du parti à la fin de ses deux mandats à la tête du parlement à la fin de l'année courante.
En réponse à la colère populaire, le président du parlement gelé à ajouté : « A Ennahdha, nous avons reçu le message de notre peuple et avec tout le courage nous annoncerons notre autocritique, et tout le monde sait que notre mouvement est l'un des partis les plus importants et qui s'est constamment autocritiqué ». Il a souligné, dans ce cadre que « l'homme politique qui n'écoute pas son peuple est arrogant ou sourd, et Ennahdha annonce humblement que le mouvement est ouvert à une révision radicale si nécessaire, mais nous avons une entière confiance que le peuple qui a accompli la révolution de la liberté et de la dignité n'abandonnera pas son chemin historique d'enracinement de la liberté et de la justice sociale ». Ceci dit, Rached Ghannouchi en a profité pour mettre en avant le comportement de certains médias arabes qui « diabolisent » l'expérience tunisienne et qui seront, tôt ou tard, « déçus », considérant que « cet interventionnisme vise à détruire le printemps tunisien ». Et d'estimer : « Ceux qui parient sur la fin de la démocratie en Tunisie sont dans l'illusion ! ».
Par ailleurs, le président du parlement gelé a noté qu' « après plus d'un demi mois de l'annonce des mesures du président Saïed, la vérité est que tout le monde est unanime sur l'ambiguïté et le manque de clarté et de vision malgré les garanties du chef de l'Etat. La Tunisie demeure toujours à cette heure sans gouvernement, son chef n'a pas été annoncé et le parlement est toujours gelé ». Par ailleurs, il a rappelé les arrestations dans les rangs des députés, les interdictions de voyage ainsi que les restrictions globales en termes de libertés. Des pratiques qui rappellent aux Tunisiens une époque antérieure.
Rached Ghannouchi a indiqué que lui et son parti sont dans l'attente de l'annonce d'une feuille de route qui donne un aperçu sur une sortie de crise. Mais, il a indiqué sa conviction qu'il n'y aura pas de solutions pour les problématiques compliquées du pays que par la tenue d'un dialogue global, sous la tutelle du président de la République, et où tout le monde s'engage à en appliquer les résultats. Et d'ajouter : « Nous le soutiendrons (le chef de l'Etat) et nous travaillerons pour son succès, avec la volonté de se sacrifier pour préserver la stabilité de notre pays et de notre Etat et pour la poursuite de notre démocratie. Nous espérons que ce dialogue inclura les caractéristiques de la prochaine étape au niveau des réformes économiques et politiques dont le pays a besoin ». Le président du parlement gelé a indiqué que la démission de Mechichi a ouvert la voie au chef de l'Etat à proposer un nouveau chef du gouvernement avec lequel Ennahdha est prête à interagir positivement, l'objectif étant de solutionner les problèmes du pays. Il prévoit aussi que le parlement interagira positivement avec le gouvernement que ça soit au niveau du vote de confiance ou du programmé présenté. Et de poursuivre : « Nous devons mettre fin aux mesures exceptionnelles afin que nous ayons un gouvernement légitime et une autorité législative qui contribue avec les autres autorités à la recherche de solutions et qui profite des erreurs du passé pour les éviter et les surmonter en coopération avec le reste des institutions de l'Etat et les forces de la société ». « Il n'y a de solution pour la Tunisie que par le dialogue et la coopération afin de préserver la flamme de la liberté et de la révolution, et de s'appuyer sur les acquis existants pour surmonter et corriger les lacunes qui ont entaché notre expérience », a-il conclu.