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Les erreurs de Rached Ghannouchi
Publié dans Business News le 27 - 07 - 2021

Il ne fait aucun doute que le président de l'assemblée, Rached Ghannouchi, est responsable pour beaucoup dans ce qui lui arrive. S'il n'a pas cumulé les erreurs depuis les élections de 2019, son parti et lui n'en seraient pas là, gelés de l'assemblée, honnis par la société.

C'est un véritable séisme qui frappe le parti islamiste Ennahdha depuis dimanche 25 juillet 2021. Le matin, des milliers de manifestants sont sortis dans les rues crier leur colère contre le régime en place et les islamistes. Plusieurs de leurs locaux ont été saccagés.
Le soir, le président de la République entend la colère des manifestants et réagit de suite avec des décisions radicales et historiques. Il décide de geler les travaux de l'assemblée, de lever l'immunité des députés, de limoger le chef du gouvernement et de présider le parquet.
Conscient de la gravité de la situation, Rached Ghannouchi convoque de suite une réunion d'urgence des généraux de son parti. Tard le soir, et jusqu'à deux heures du matin, les islamistes sont réunis à leur siège au quartier de Montplaisir. Un communiqué est publié le lendemain pour dénoncer les décisions présidentielles les qualifiant de coup d'Etat. Ils appellent, dans la foulée, leurs militants et sympathisants à venir en masse devant la porte de l'assemblée pour soutenir leurs députés interdits d'accès par l'armée.

A aucun moment, dans aucune déclaration, Ennahdha et ses dirigeants, n'ont fait d'autocritique, et encore moins de mea culpa, pour dire que ce qui arrive actuellement en Tunisie, c'est un peu de leur faute. Cela a été largement évoqué dans notre article daté d'hier et qui explique la grande grogne populaire. Mais quelles sont les erreurs de Rached Ghannouchi dans tout cela ?
La toute première faute du président d'Ennahdha, depuis son élection en 2019, a été de chercher coûte que coûte à être à la présidence de l'assemblée. Il y tenait énormément et c'est pour cela qu'il a tout fait pour nouer une alliance avec Nabil Karoui, président de Qalb Tounes, son ennemi d'hier.
Après avoir obtenu ce qu'il voulait, il pensait pouvoir diriger, depuis son perchoir, l'assemblée et le gouvernement.
La constitution tunisienne et l'exercice démocratique prévoient cela et il n'y a pas de raison que le parti premier aux élections (avec moins de 20% cependant) n'obtienne pas les deux postes de président de l'assemblée et du chef du gouvernement.
Plutôt que de nommer une personne consensuelle, expérimentée et compétente, Rached Ghannouchi est allé chercher un inconnu au bataillon, Habib Jamli. Il avait pourtant, dans son parti, la personne idoine pour occuper le poste de chef du gouvernement, son propre secrétaire général Zied Laâdhari, fort de son expérience, de plusieurs années, dans différents gouvernements depuis la révolution de 2011.
Avec Zied Laâdhari, Ennahdha aurait pu gouverner tranquillement et n'aurait pas eu de tensions avec la présidence de la République, au vu du grand sens de diplomatie et de communication du monsieur.
Pressé par son majles choura, non convaincu par ce choix, mû par des considérations régionalistes (Zied Laâdhari étant originaire du Sahel que les islamistes honnissent), Rached Ghannouchi a écarté l'option Laâdhari pour préférer celle Jamli. Il paiera très cher ce choix, car Jamli n'a pas réussi à obtenir le feu vert du parlement et Ennahdha a perdu, par conséquent, l'option de nommer un chef du gouvernement de ses rangs.
La constitution prévoit, en effet, que c'est le président de la République qui choisit le chef du gouvernement lorsque le premier choix du parti vainqueur aux élections est rejeté.

Le président de la République choisit Elyes Fakhfakh qui s'est trouvé confronté, dès le démarrage de sa mission, à la crise covid-19.
M. Fakhfakh a bien nommé quelques ministres islamistes dans son gouvernement, mais Rached Ghannouchi voulait davantage de portefeuilles ministériels. Pas pour lui, mais pour son allié Nabil Karoui. A défaut de portefeuilles ministériels, quelques hauts postes dans les institutions de l'Etat.
Elyes Fakhfakh refuse net. On le fait chanter et on le menace de motion de censure s'il n'accepte pas de céder. En pleine guerre covid, le chef du gouvernement devait composer avec la pression incessante d'Ennahdha. Il ne cède cependant pas au chantage.
Ennahdha passe à l'exécution de ses menaces et fait fuiter le scandale du conflit d'intérêt d'Elyes Fakhfakh. Quelques semaines plus tard, ses députés accompagnés de ceux de Qalb Tounes et d'Al Karama réunissent les signatures nécessaires pour déposer une motion de censure contre le chef du gouvernement, nommé à peine il y a quelques mois. Par cette entreprise, les islamistes s'attendaient à reprendre la main et nommer, de nouveau, un chef du gouvernement issu de leurs rangs.
Tel est pris celui qui croyait prendre, le président de la République réagit le jour même et demande à Elyes Fakhfakh de présenter sa démission. Cela permet à Kaïs Saïed de garder l'option de nommer lui-même le chef du gouvernement qu'il désire.
Le président choisit le ministre de l'Intérieur, Hichem Mechichi, un énarque grand commis de l'Etat avec qui il entretenait jusque là d'excellentes relations et qui le tenait informé, au jour le jour, de ce qui se passe dans le pays grâce à ses bulletins de renseignement.
Mis devant le fait accompli, Rached Ghannouchi n'avait d'autre choix que d'acquiescer. Mais il tend rapidement la main au nouveau désigné et le fait chanter à son tour : soit tu acceptes de travailler avec moi, main dans la main, soit on te fait bloquer toutes tes lois.
En dépit du refus net du président que son poulain compose avec Ennahdha, Hichem Mechichi a tourné le dos à Kaïs Saïed choisissant de collaborer étroitement avec les islamistes.
Depuis, Rached Ghannouchi faisait ce qu'il voulait du chef du gouvernement. Au grand dam du président de la République.
Incompétent, incapable d'affronter la situation sanitaire, Hichem Mechichi a cumulé les débâcles.
Avec Rached Ghannouchi, il cherche une sortie de crise et il décide de remanier son gouvernement en écartant les ministres proposés par le président de la République pour les remplacer par d'autres proposés par les islamistes. Il obtient le feu vert immédiat de l'assemblée avec une confortable majorité. Kaïs Saïed comprend rapidement le jeu des islamistes et leur « marionnette » Mechichi et bloque le processus en refusant d'organiser une cérémonie de prestation de serment.
La crise est là et bien là, le gouvernement ne s'en remettra jamais.
Si Hichem Mechichi assume pleinement ses débâcles et son incompétence, il se trouve que les islamistes sont également comptables de ces erreurs.
La côte de popularité de Hichem Mechichi est restée toujours en baisse, alors que celle de Rached Ghannouchi est au plus bas. Jamais, une personnalité politique n'a obtenu autant de scores d'impopularité.
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Car outre les débâcles du gouvernement, Rached Ghannouchi devait subir aussi le cirque qu'il a au parlement.
Depuis son accession au perchoir, le président islamiste n'a cessé de cumuler les erreurs créant ainsi une tension permanente sous l'hémicycle.
Il a ainsi transgressé en permanence la loi et le règlement intérieur de l'assemblée. L'opposition a beau dénoncer et crier au scandale, Rached Ghannouchi l'a toujours envoyé balader n'en faisant qu'à sa tête.
La garde présidentielle refuse l'accès à un invité suspecté de terrorisme ? Son bras droit Habib Khedher lui ouvre grandement la porte.
Son poulain, l'islamiste radical Seïf Eddine Makhlouf agresse verbalement des figures de l'opposition un peu bruyantes et trop insistantes sur le respect de la règlementation, Rached Ghannouchi laisse faire et fait la sourde oreille.
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Refusant d'être complice de cette politique, le deuxième vice-président Tarek Ftiti dénonce et s'oppose à son chef. Il est tout de suite mis au frigo.
Les opposantes Samia Abbou et Abir Moussi sont les victimes, quasi quotidiennes, des attaques verbales et parfois physiques. Fayçal Tebbini est quotidiennement lynché sur les réseaux sociaux et on lui a même fait monter une vidéo pour apposer son visage sur un corps montrant ses parties intimes. Rached Ghannouchi ? Totalement aux abonnés absents. Il ne cherche même à nier le fait que ces agresseurs islamistes figurent parmi ses protégés directs.
Sous la présidence de Rached Ghannouchi, l'assemblée a connu le pire mandat de son histoire. Outre les violations flagrantes des lois, on enregistre une grève de la faim, quelques sit-in et des agressions verbales et physiques régulières, sans réaction tangible. Au contraire, c'est contre l'opposante Abir Moussi que Rached Ghannouchi a intenté un procès pour, d'après lui, perturbation des travaux de l'assemblée. L'élue est pourtant protégée par l'immunité parlementaire inscrite, elle, dans la constitution. Mais peu importe ce que dit la constitution, Rached Ghannouchi n'en fait qu'à sa tête et le parquet l'a tout de suite suivi dans son initiative en faisant convoquer Mme Moussi.
D'un autre côté, quand le député islamiste radical, Rached Khiari avait justifié le meurtre de l'enseignant français Samuel Paty, le président du Parlement n'a rien fait. Alors que la classe politique avait fortement condamné et que le parquet avait ouvert une enquête, Rached Ghannouchi était aux abonnés absents et n'avait pris aucune mesure à l'encontre de Khiari.

Depuis son palais de Carthage, le président de la République observe tout le manège. Il a convoqué plus d'une fois le président de l'assemblée pour lui dire de faire cesser ce cirque et de respecter l'opposition.
Rached Ghannouchi a cependant fait une nouvelle fois la sourde oreille et a continué à protéger les siens qui, eux, continuaient à agresser l'opposition et à injurier la société civile et les médias.
Dimanche 25 juillet 2021, c'est le peuple qui est sorti dans les rues en masse pour manifester sa colère contre le régime et contre cette assemblée. Un peu partout, on a appelé à la destitution du parlement et partout on a scandé le slogan de Ghannouchi assassin.
Pour comprendre l'initiative du président et la mettre dans son contexte, il est utile de savoir pourquoi il est arrivé à cette solution apparentée à un coup d'Etat. Kaïs Saïed a peut-être violé la constitution et les lois du pays, mais Rached Ghannouchi l'a bien devancé en ça.

R.B.H.

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