Invité de Hadith Essa3a du vendredi 24 septembre 2021 sur Express FM, le président du bloc de la Réforme, Hassouna Nasfi, est revenu sur plusieurs sujets d'actualité notamment la situation du pays depuis le 25-Juillet. Evoquant la volonté du président de la République de changer de régime de gouvernance pour aller d'un régime hybride où l'Exécutif est bicéphale à un régime présidentiel avec une seule tête au pouvoir, Hassouna Nasfi a avancé qu'il s'agissait plutôt d'un régime totalitaire.
« Bienvenu dans le Califat. C'est un Prince des croyants que nous avons aujourd'hui. Il détient tous les pouvoirs. Il est à la fois, président de la République, chef de gouvernement, législateur, représentant des instances régulatrices et dispose du pouvoir de contrôle sur lui-même (…) il s'est même accaparé les prérogatives du pouvoir judiciaire », a-t-il lancé en référence au président de la République, Kaïs Saïed.
Hassouna Nasfi a ajouté que les mesures prises par le président de la République, en particulier celles mentionnées dans le décret 117 du 22 septembre 2021, ne seraient guère provisoires notant que la volonté de Kaïs Saïed est claire. « Il s'agit de dispositions d'une période transitoire et non de mesures exceptionnelles », a-t-il estimé.
Le député s'est, toutefois, montré optimiste notant que les mesures annoncées par le chef de l'Etat ne sonnaient pas la fin de la démocratie. « Il y a encore des gens qui s'expriment librement, manifestent, critiquent et rejettent ce qu'a fait le président de la République. Ce qui est bon signe », a-t-il indiqué.
Hassouna Nasfi a avancé, dans ce même contexte, que Kaïs Saïed n'avait fait que diviser davantage les Tunisiens, rappelant que pendant l'élection présidentielle, le chef de l'Etat n'avait remporté qu'un peu plus de deux millions de voix et que plus de cinq millions d'électeurs n'avaient pas voté pour lui.
Interpellé sur la possibilité, pour le Parlement, de passer une motion pour destituer Kaïs Saïed dans le cadre d'une plénière organisée en virtuel, il a affirmé que cela était impossible signalant, cependant, que les craintes du président de la République d'être destitué l'avait poussé à annoncer l'état d'exception le 25 juillet. « Avec sa composition actuelle, il est impossible que le Parlement se réunisse en ligne car les mesures exceptionnelles annoncées par le Parlement (pendant la crise sanitaire) ne sont plus en vigueur », a-t-il expliqué. Hassouna Nasfi a, par ailleurs, laissé entendre que si les députés venaient à se rassembler dans un espace privé ou public cela constituerait une menace pour leur vie, soulignant qu'aucun organe sécuritaire ou militaire n'accepterait d'assurer la sécurité d'un rassemblement qui va à l'encontre des mesures exceptionnelles de la présidence de la République.