L'ancien président du directoire d'Amen Bank et actuel membre du bureau exécutif de l'Institut Arabe des Chefs d'Entreprises (IACE), Ahmed El Karm a souligné la gravité de la situation économique de la Tunisie. « Tous les indicateurs sont au rouge. Le taux de croissance est de seulement 2%, le chômage s'élève à 18% et la pauvreté de 20% », a-t-il rappelé. Invité le 9 novembre 2021 par la radio Express FM, Ahmed El Karm a estimé que le 25 juillet représentait un changement permettant l'application de réformes. « La méthode de gestion du pays sur les plans économique et social, avant cette date-là, n'était pas efficace. Le changement du régime politique était indispensable… J'avais même déclaré, il y a de cela quelques années, qu'on ne pouvait pas gouverner la Tunisie à travers un régime parlementaire », a-t-il déclaré. Ahmed El Karm a estimé que la seule issue était l'application d'un régime présidentiel. « Nous devons passer rapidement à un référendum et des élections législatives anticipées. Le parlement ne doit pas intervenir dans l'exercice gouvernemental », a-t-il considéré.
Ahmed El Karm a appelé à la fortification du peu de confiance résultant des mesures décidées par le président de la République à la date du 25 juillet. « Nous sommes face à une occasion historique. La reprise des négociations avec le FMI représente un bon signe. Ceci montre une prédisposition du gouvernement à mettre en place des réformes… La Tunisie n'avait pas honoré certains accords conclus avec les FMI… Nous devons mettre en place une dynamique incluant les acteurs concernés tels que l'UGTT. La réinstauration de la confiance est possible à travers les actes et non-pas les paroles », a-t-il affirmé.
Le membre du bureau exécutif de l'Institut Arabe des Chefs d'Entreprises a souligné l'importance de la réinstauration de la confiance entre les hommes d'affaires et l'Etat. Celle-ci, selon lui, avait été impactée par l'instabilité et l'absence de mesures relatives à l'investissement. « L'investisseur doit ressentir une volonté d'amélioration du climat d'investissement. Or, aucun texte concernant les structures économiques n'a été publié dans le Journal Officiel de la République Tunisienne durant les trois derniers mois », a-t-il déploré.
Ahmed El Karm a considéré que le taux de vaccination des Tunisiens faisait de la Tunisie un pays sécurisé. Ceci doit être exploité en appelant les touristes à visiter le pays. « Nous devons mettre en place une cellule de crise regroupant l'ensemble des acteurs de ce secteur afin de trouver des solutions rapides et efficaces pour la relance de l'activité », a-t-il poursuivi. De plus, la Tunisie pourrait entamer une grande campagne de relance de l'exportation des produits agricoles et des services afin de regagner le marché européen.
Ahmed El Karm a, aussi, souligné l'importance de revoir les obstacles administratifs causant le ralentissement de la création d'unités de production d'électricité verte. « Plusieurs secteurs sont capables de faire évoluer la situation économique, de permettre le développement et d'encourager l'investissement. Nous devons nous en occuper rapidement », a-t-il déclaré.
Ahmed El Karm a, également, considéré que la justice sociale restait tributaire de la révision du système des autorisations inutiles, de la bureaucratie, de la digitalisation de l'administration, de la lutte contre la corruption et de la réforme de la justice en appuyant les capacités des juges et en modernisant les tribunaux. Ahmed El Karm a critiqué le manque de coordination, de vision stratégique, la non-inclusion des acteurs responsables de la production. « Ceux qui ont gouverné pendant les dix dernières années ne prenaient même pas la peine de se pencher sur nos propositions et nos suggestions… La Tunisie applique encore des mesures datant des années 70 ! Nous devons rompre avec ce que nous avions fait auparavant ! », a-t-il critiqué.