La constitution de 2014 à la main, le chef du bloc Al Karama, l'islamiste extrémiste Seïf Eddine Makhlouf a appelé ses collègues députés à rejoindre le Parlement et le peuple tunisien à s'engager dans la résistance face au coup d'Etat du président de la République, Kaïs Saïed. Le député s'exprimait lors d'une session zoom organisée par le président du Parlement, Rached Ghannouchi, pour célébrer le 8e anniversaire de la constitution de 2014. « Je me félicite et je vous félicite mes chers collègues de cette première constitution démocratique. Je salue cette initiative bien que cette réunion aurait dû être organisée plus tôt et l'Assemblée restée en état de session permanente conformément à l'article 80 de la constitution », a-t-il déclaré soulignant avant de dénoncer « le coup d'Etat » du 25 juillet. « Il n'y avait guère de danger imminent ou de menace contre la sûreté de l'Etat. Le putschiste nous a mentis. Il a menti au peuple en prétendant appliquer l'article 80. Il s'est accaparé tous les pouvoirs et veut maintenant confisquer l'appareil judiciaire. Ce projet de coup d'Etat n'est qu'un autre épisode visant à saper la démocratie », a-t-il ajouté rappelant la fermeture de l'Assemblée nationale constituante pendant 55 jours après les assassinats de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi. « Ils ont tout fait pour occulter nos efforts et nous ont empêché de faire passer des lois, y compris la loi de finances en dépit de son importance car, il s'agit là, des vivres du peuple tunisien », a-t-il lancé. Le député s'est ensuite attaqué aux professeurs de droit constitutionnel qui ont soutenu l'entreprise Kaïs Saïed et toutes les parties qui ont sapé la suprématie de la constitution, faisant ainsi référence à la justice militaire et ceux qui, selon ses dires, appuient la révision de la constitution par décrets présidentiels.
Seïf Eddine Makhlouf a poursuivi en exprimant son soutien à ses collègues poursuivis en justice rappelant que certains ont été attaqués par des crimes civils devant les tribunaux militaires. « Nous poursuivrons les responsables et nous continuerons à lutter », a-t-il souligné. Il a appelé, par ailleurs, les forces sécuritaires et armées au respect de la suprématie de la constitution et les médias, syndicats et organisations nationales à ne pas encourager « le putschiste » à persister « dans son crime qui nous mènera vers la guerre civile ». « J'appelle mes collègues à rejoindre le Parlement, à lutter contre le coup d'Etat et appuyer tout effort contre le putschiste. J'appelle aussi la présidence du Parlement à maintenir cette session ouverte et à organiser des sessions périodiques pour étudier les moyens et outils juridiques nécessaires pour mettre fin au coup d'Etat et restaurer la légitimité. J'appelle aussi les amis de la Tunisie à se tenir aux côtés de la légitimité », a-t-il conclu.