« Il a bafoué le système républicain, ébranlé ses fondements. Kaïs Saïed ment. Il ne sait pas ce qu'il fait et ce qu'il entreprend est en train de se retourner contre lui. Nous userons de tous les moyens pacifiques et légaux pour l'empêcher de détruire l'Etat ! ». Voilà ce qui ressort de l'interview accordée, mercredi 9 mars 2022, par la présidente du PDL, Abir Moussi à Elyes Gharbi sur Mosaïque FM. La présidente du PDL a souligné que les fondements même du système républicain ont été visés par le président de la République Kaïs Saïed, expliquant que les mesures exceptionnelles mises en place, que son calendrier irréalisable et fictif et que la centralisation des pouvoirs qu'il a opérée, font que la Tunisie ressemble plus aujourd'hui à un Califat qu'à une république. « Depuis le 25 juillet, il n'a fait que recycler le système qui a détruit le pays et auquel il avait promis de s'attaquer. Les voilà maintenant, ceux-là mêmes qui ont mis le pays à genoux, qui nous ont menés là où nous sommes, les voilà qui se refont une santé, les voilà devenus des emblèmes des droits de l'Homme. Au lieu de détruire un système corrompu qui a gangréné le pays et qui l'a pillé, il détruit l'Etat et réhabilite l'islam politique », a-t-elle poursuivi. « Kaïs Saïed a menti aux Tunisiens et les trompe sciemment. Il a parlé d'un danger imminent pour justifier le recours à l'article 80, mais au lieu de s'attaquer au vrai problème il a visé le PDL qui s'est toujours opposé à ceux qui ravagent le pays depuis dix ans et qui ne partagent pas son projet. Il s'attaque à nous, directement et laisse les autres continuer tranquillement leurs manœuvres. Il parlait d'un danger imminent, aujourd'hui le vrai danger qui nous guette est la faim et la faillite de l'Etat ! », a ajouté Mme Moussi.
La présidente du PDL a affirmé que le chef de l'Etat n'a aucune vision, qu'il n'a aucune stratégie pour faire face aux défis économiques du pays et pour lutter efficacement contre les pénuries et le monopole. « Il n'a même pas les outils pour engager une quelconque manouvre dans ce sens. Il ne fait que rendre la situation pire de jour en jour, il est incapable et impuissant et les extrémistes font du lobbying pour l'entraver encore plus. Nous sommes en temps de guerre et la première chose à faire était de mettre en place une cellule de crise économique et de dresser un tableau de bord pour le gouvernement. Il faut absolument réformer le système de production nationale et redoubler de diplomatie économique pour bénéficier des fonds nécessaires », a-t-elle déploré.
Sur la consultation électronique initiée par Kaïs Saïed, Abir Moussi a rappelé la position de son parti, accusant au passage le président d'user des moyens publics pour servir illégalement son projet personnel qui n'est régi par aucun texte et soulignant que le PDL a engagé des poursuites contre les membres du gouvernement qui ont pris part et concrétisé ce projet. « Nous le disons et le redisons, sa feuille de route est de la poudre aux yeux, il faut dissoudre le Parlement et planifier des élections anticipées. Réformer le code électoral durant l'état d'exception est impossible. L'Isie a les moyens légaux de revoir sa composition. Il faut assécher les financements étrangers, assainir l'environnement électoral voilà ce qu'il faut faire. Pendant deux mois nous n'avons fait que le conseiller, nous lui avons proposé notre aide et facilité les choses mais rien. Il ne veut pas de réformes, lui ce qu'il veut c'est son projet, ce qu'il veut c'est prolonger les mesures exceptionnelles pour avoir le temps de faire ce qu'il a en tête et au passage détruire l'Etat. Nous ne laisserons pas faire, quoi qu'il nous en coûte ! », a conclu la présidente du PDL.