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La vision court-termiste de Kaïs Saïed
Publié dans Business News le 31 - 03 - 2022

« Le Parlement de Ghannouchi a été dissous, le Parlement des Frères musulmans a été dissous. Ce Parlement où a été violentée la femme tunisienne, où elle a été traitée de prostituée et d'allumeuse… Ce Parlement qui avait menacé les droits et les acquis de la femme». La présidente du PDL Abir Moussi n'a pas du tout cherché à cacher sa joie ce mercredi 30 mars 2022 quelques minutes à peine après l'annonce de la dissolution du parlement par le président Kaïs Saïed.

Comme elle, il y a eu des centaines de milliers de Tunisiens pour se féliciter de cette décision présidentielle unilatérale. « On retrouve le Kaïsoun du 25 juillet », scande-t-on un peu partout sur les réseaux sociaux.
Pour tous ces Tunisiens, et ils sont bien nombreux, la dissolution du parlement est synonyme de l'éjection des islamistes du pouvoir et du paysage politique. Ils ont fait beaucoup de mal à la Tunisie, ils lui ont causé beaucoup de tort et ils ont été bien pires que le régime de Ben Ali. Peu importe que Kaïs Saïed ait failli à ses promesses, n'ait pas respecté la constitution, l'essentiel est que les islamistes ne soient plus sur scène.
Sur un plan purement politique, les islamistes méritent ce qui leur arrive. Ils ont eux-mêmes lancé la chasse aux sorcières dès 2011. Avec leur complice Moncef Marzouki, ancien président de la République, ils ont confectionné une constitution sur-mesure, ils ont infiltré l'administration, la justice et les forces armées, ils ont triché dans les élections, ils ont mis l'Etat à genou avec le recrutement de milliers de personnes, parmi leurs aficionados, et ils l'ont pillé avec les dédommagements de leurs pairs. Avec eux, durant ces onze dernières années, l'Etat a bien périclité.
Il n'y a aucun doute là-dessus, les islamistes sont une plaie pour la Tunisie révolutionnaire et sa démocratie. Il n'y a rien à espérer d'eux, il n'y a rien à construire avec eux.

Le 25 juillet 2021, Kaïs Saïed décide de geler le parlement et de limoger le chef du gouvernement Hichem Mechichi, devenu toutou des islamistes.
Aux partenaires étrangers qui l'interrogeaient, il disait que tout allait rentrer en ordre dans un délai d'un mois. Aux Tunisiens, il jurait le strict respect de la Constitution et promettait que l'Etat tunisien va retrouver sa superbe dans les plus brefs délais.
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Les choses se sont-elles améliorées pour autant ? Huit mois après, le constat est cinglant. Aucune des promesses du président n'a été tenue. Limogeages abusifs, arrestations arbitraires, visites inopinées spectaculaires contreproductives… Aucune des décisions de Kaïs Saïed n'a abouti à du concret.

Sa guerre contre les spéculateurs ? Du cinéma. Sa guerre contre les corrompus ? Du théâtre. Sa guerre contre la justice ? Du pipeau. Les 13500 milliards de dinars qu'il va ramener au peuple ? Il n'en a ramené aucun dinar.
Ces dernières semaines, les choses ont empiré. Pénurie de semoule et de farine, il n'y a plus de pain dans les boulangeries, des centaines de médicaments manquent aux pharmacies, des retards dans le paiement des salaires, des centaines de Tunisiens sont sans ressources depuis des mois par la faute de ses décisions (les salariés de l'Inlucc ou les députés par exemple), aucune visibilité sur le budget de l'Etat, des prévisions pessimistes des experts, dégradation de la note souveraine de l'Etat par Fitch Rating et Moody's…
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Fortement critiqué par certains médias et une certaine opposition qui tirent la sonnette d'alarme sur la déliquescence de l'Etat, lâché par les partenaires étrangers qui ne croient plus en ses propos, ses conseillers et jusqu'à sa propre cheffe de cabinet l'ont quitté, Kaïs Saïed s'est isolé petit à petit et n'est plus soutenu que par l'armée et les forces de sécurité. Le peuple ? Alors qu'il a obtenu 600.000 voix au premier tour de la présidentielle de 2019 et 2,7 millions de voix au second tour, ils étaient au grand maximum 500.000 personnes à répondre à « sa » consultation nationale.
Oui, le peuple soutient mordicus la dissolution du parlement et la déchéance de ses députés. Sauf que ce même peuple a besoin de trouver du pain dans la boulangerie et des médicaments dans la pharmacie. Surtout, il a besoin que l'Etat lui préserve son pouvoir d'achat, ce que cet Etat ne fait guère avec des augmentations tous azimuts.
La situation du pays ne s'est pas améliorée avec les pleins pouvoirs de Kaïs Saïed, c'est tout le contraire, elle a empiré.

Confortés par ce constat, les députés islamistes ont cru qu'il y a là une fenêtre de tir pour revenir sur la scène. Sans aucun doute, ils ont été encouragés par la visite, la semaine dernière, de la secrétaire d'Etat américaine aux Droits de l'Homme. Ils décident une assemblée générale virtuelle et la tiennent mercredi 30 mars. Sur les 121 députés présents, ils ont été 116 pour voter une loi faisant annuler l'ensemble des décisions présidentielles prises depuis le 25 juillet.
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Fin de l'ère Saïed ? Crise institutionnelle ? La majorité des Tunisiens sont plutôt préoccupés par le ramadan qui arrive ce week-end. Ceux qui s'intéressent à la politique dénoncent la supercherie parlementaire et font part de leur désapprobation totale. « Il est hors de question que le parlement revienne ! », répète-t-on à l'envi. Le parti Afek Tounes de Fadhel Abdelkéfi et le PDL de Abir Moussi dénoncent ce dangereux pas des islamistes qui risque d'achever ce qui reste encore de l'Etat tunisien.
Contrairement au 25 juillet, les Tunisiens ne sont pas sortis hier klaxonner le retour du parlement. L'initiative des islamistes et des 116 députés n'a pas reçu d'écho favorable dans le pays et on n'a pas enregistré de réaction chez les partenaires étrangers. Pas encore du moins. C'était comme un coup d'épée dans l'eau.
Il y a quand même eu quelqu'un pour réagir d'une manière impulsive. Comme un enfant qui commence à crier et à se rouler par terre quand on lui prend son jouet. Ce quelqu'un, c'est le président de la République qui convoque illico-presto le conseil de sécurité nationale. La deuxième fois en 48 heures.
Devant les hauts gradés de l'armée et des forces de sécurité, il annonce dissoudre le parlement et la poursuite judiciaire contre les députés pour complot contre l'Etat et tentative de coup d'Etat.
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Des centaines de milliers applaudissent, certes, mais la majorité des Tunisiens lève les épaules, l'esprit ailleurs. Quant aux partenaires étrangers, ils ne tarderont pas à réagir et ça ne sera certainement pas positivement.

Depuis son élection, le président de la République ne cesse de jurer qu'il va respecter la constitution à la lettre. Or il n'a fait que la violer et la contourner avec ses interprétations unilatérales et loufoques. Depuis le 25 juillet, il gouverne par l'absurde avec des décrets présidentiels devenus supérieurs aux articles de la Constitution.
Aux partenaires étrangers et aux Tunisiens, il a dit à plusieurs reprises (jusqu'à lundi dernier) qu'il ne pouvait pas dissoudre le parlement parce que la constitution le lui interdisait. Mercredi soir, il parjure et décide que celle-ci lui permettait désormais la dissolution. Le paradoxe est qu'il invoque l'article 72 de la constitution pour justifier sa décision, alors que cet article lui impose de respecter, justement, la constitution. Il abuse ouvertement en invoquant sa légitimité tirée de la volonté du peuple, alors qu'il a été élu grâce aux voix de 2,7 millions de personnes, tandis que les députés ont été élus grâce aux voix de 2,9 millions de personnes. Pourquoi donc aurait-il plus de légitimité qu'eux, lui qui a largement dépassé les prérogatives pour lesquelles il a été élu.
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Kaïs Saïed n'est plus à une aberration près et, son plus grand défaut, est qu'il ne porte pas de vision à long terme.
Le 25 juillet a été décidé sans avoir préparé de lendemain. Idem pour le 30 mars.

Son gouvernement est en pleine discussion avec le FMI et ce dernier a exigé un large consensus national. Par sa décision impulsive de dissoudre le parlement, il fragilise énormément ces négociations et met à mal son gouvernement.
Kaïs Saïed est tombé des deux pieds dans le piège tendu par les islamistes puisque la dissolution du parlement signifie systématiquement l'organisation d'élections anticipées. Il les a prévues pour le 17 décembre. « Elles doivent se tenir dans un délai de 45-90 jours », lui rappelle Abir Moussi.
Par l'engagement de procédures judiciaires contre les députés, Kaïs Saïed offre aux islamistes la possibilité de se victimiser davantage. C'est exactement la même erreur qu'il a commise il y a quelques mois contre son prédécesseur Moncef Marzouki, redevenu héros et victime du jour au lendemain.
Les islamistes prennent à témoin les observateurs nationaux et internationaux. Ils ont agi au grand jour en toute légalité en réunissant les députés pour une plénière. Ils ont bel et bien respecté la constitution, contrairement à Kaïs Saïed.
Ce dernier les accuse d'agir dans la noirceur de la nuit, alors que c'est lui qui réunit le conseil de sécurité la nuit et prend ses décisions stratégiques la nuit. Même les décrets présidentiels, c'est la nuit qu'il les signe.
En agissant d'une manière impulsive, en se contredisant, en parjurant, le président de la République ne fait que se discréditer et démontrer qu'il ne sait pas faire de la politique et qu'il ne sait pas regarder au-delà du très court terme.
Il est réconforté par les applaudissements d'hier, mais il ne voit pas les conséquences de ses décisions demain.
Contrairement aux apparences (et on sait que les apparences sont trompeuses), Kaïs Saïed a beaucoup perdu hier. Il a offert des points en or à ses adversaires. Trois gagnants tirent des dividendes de ce qui s'est passé hier : Abir Moussi, Fadhel Abdelkéfi et… les islamistes.

Raouf Ben Hédi


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