Excellente campagne de vaccination hier sur tout le territoire de la République avec le chiffre record de 551 mille citoyens vaccinés. Cette journée du dimanche 8 août démontre que « quand on veut, on peut ». Voilà, il a suffi d'une volonté politique, d'une bonne disposition de l'administration et d'une bonne communication dans les médias pour que les choses aillent mieux. Retenez cet ordre, volonté politique, exécution de l'administration, communication. Pourquoi on n'a pas fait cette campagne de vaccination auparavant ? « Parce qu'il n'y avait pas de vaccins », diront les esprits chagrins qui s'élèvent contre le « coup d'Etat » du 25-Juillet. Ils omettent juste de dire qu'on n'avait pas de vaccins, car il n'y avait pas d'anticipation de la demande de la part des politiques. Tout commence par une véritable volonté politique.
Cela fait quinze jours que le président a pris les décisions historiques de limoger le chef du gouvernement, de geler les travaux de l'assemblée et de lever l'immunité des parlementaires. Il a alors promis, en ce fameux 25 juillet 2021, de combattre frontalement les corrompus et de mettre en place une feuille de route pour la période à suivre, le tout dans un délai d'un mois. Après quinze jours, on peut dire qu'on est à « mi-mandat » et qu'un bilan s'impose. Qu'y a-t-il dans ce bilan ? Deux députés au cachot, quelques hauts fonctionnaires limogés, quatre personnalités assignées à résidence, un nombre indéterminé de personnes interdites de voyage et… c'est tout ! Nous n'avons pas encore de chef du gouvernement, nous n'avons aucune feuille de route, nous n'avons aucune visibilité sur le sauvetage économique, nous ne savons pas comment va être le parlement au lendemain du 25 août, les corrompus sont encore dans la nature et les voyous politiques bénéficient toujours de leur liberté… Bref, nous ne savons toujours rien sur rien. Kaïs Saïed a ses impératifs et ses priorités, soit. Mais les Tunisiens ont le droit de savoir ce qu'il en est. Vu l'absence d'une cellule de communication et d'un porte-parole au palais de Carthage, nous sommes réduits à suivre les rumeurs et les démentir. Certes, de très rares informations vérifiées nous parviennent, et on en fait part à nos lecteurs, mais elles ne suffisent pas à assouvir notre soif de savoir où va-t-on. Nos partenaires étrangers sont également dans l'expectative. Il suffit de lire leurs messages entre les lignes pour comprendre qu'ils soutiennent Kaïs Saïed, certes, mais qu'ils tiennent à ce que l'expérience démocratique tunisienne soit préservée avec un Etat de droit et un respect strict des libertés. C'est notamment le cas de la France et des Etats-Unis. D'autres partenaires étrangers, les Emirats, l'Egypte et l'Arabie Saoudite notamment, ne cachent pas leur joie de voir les islamistes éjectés du pouvoir et soutiennent, rien que pour cela, les décisions de Kaïs Saïed.
A Business News, notre sentiment est clair. Nous sommes réjouis de voir les islamistes, notamment les radicaux, quitter le pouvoir par la petite porte. On se rappellera toujours comment les citoyens sont sortis en masse le 25 juillet 2021 au matin pour manifester leur colère contre eux et comment ils sont sortis le soir pour manifester leur joie après l'annonce des décisions présidentielles. Nous tenons, cependant, à ce que Kaïs Saïed préserve la démocratie et l'Etat de droit et respecte les libertés. Pas question de déclencher une chasse aux sorcières et de dresser des échafauds, comme voulaient le faire les islamistes et les CPR dans les années 2011-2014. La Tunisie doit rester civilisée, elle ne vit pas au moyen-âge. Pour atteindre cet objectif d'éliminer les islamistes tout en respectant l'Etat de droit, il y a une seule et unique méthode, c'est la même qui a réussi hier lors de la campagne de vaccination : une volonté politique, exécution administrative et communication. Dans le cas des islamistes, il y a toujours eu une bonne communication médiatique pour dénoncer leurs multiples violations de la loi, leur infiltration de l'administration et des appareils sécuritaire et judiciaire, leur financement douteux, leurs agressions physiques et verbales dans l'enceinte même de l'assemblée… Sauf qu'il n'y a pas eu de volonté politique pour mettre un terme à ces abus. Le 25 juillet, tout a changé, cette volonté politique y est. Sauf que, quinze jours après, on ne voit toujours pas de décision officielle, légale et concrète pour faire éjecter les islamistes du paysage tunisien. Les médias ont beau rappeler les méfaits des islamistes, leurs abus, leur blanchiment d'argent et les financements suspects, ils sont toujours là à se réunir et à nous injurier sur les réseaux sociaux. Cela va jusqu'à souhaiter la mort de ceux qui sont allés se faire vacciner hier.
Pour que les décisions de Kaïs Saïed trouvent effet, il faut respecter l'enchaînement, volonté politique, exécution administrative et communication. Pour le moment, en matière de lutte contre l'islam politique, seules la volonté politique et la communication sont présentes. Ce qui manque, c'est l'exécution administrative qui, dans ce cas, est représentée par l'appareil judiciaire. Cet appareil, gangréné par les disciples de Noureddine Bhiri, n'est pas en train de remplir son rôle. C'est ce qui a d'ailleurs poussé Kaïs Saïed à saisir le controversé tribunal militaire, après avoir invité, désespérément et à maintes reprises, la justice civile à jouer son rôle. Les dossiers ? Par dizaines. Le financement étranger d'Ennahdha, les contrats de lobbying signés avec les Américains (jusqu'à maintenant), les 6268 dossiers terroristes étouffés par l'ancien procureur Béchir Akremi, les appels au djihad du député Mohamed Affes, les appels à la haine et le financement suspect du député Ridha Jaouadi, les agressions verbales de Seïf Eddine Makhlouf contre un magistrat, ses innombrables agressions verbales et une autre physique contre Abir Moussi, la gifle donnée par le député Sahbi Smara à Abir Moussi, la gifle donnée par le député Néji Jmal à la députée Zeïneb Sefari, les accusations infâmantes du député Rached Khiari contre le président de la République, ses-montages vidéo grotesques contre le député Fayçal Tebbini, la radio pirate et les accusations infâmantes contre les membres de la Haica du député Saïd Jaziri, les multiples procès qui trainent de Maher Zid, l'attaque de l'aéroport et les agressions verbales contre la police des frontières par des députés d'Al Karama, le forcing effectué par ces mêmes députés pour faire entrer un classé S17 à l'assemblée et les agressions verbales contre la garde présidentielle… Tout cela n'est qu'une partie des charges contre les députés islamistes, qui ont bel et bien été relayées par les médias, mais qui n'ont pas fait réagir sérieusement la justice.
Kaïs Saïed a fait son travail et a demandé expressément aux magistrats d'en finir avec cette impunité, ce qui lui a valu une grande popularité. Les médias ont fait leur travail, même si cela leur a généré souvent des insultes et des menaces et quasiment jamais de gratitude. Qu'attend maintenant la justice pour faire le sien ? Pourquoi le parquet n'a pas réagi tout seul suite aux agressions ? Pourquoi n'a-t-il pas encore donné suite aux multiples plaintes déposées par les députés victimes ? Pourquoi le parquet n'a toujours pas instruit le dossier de Béchir Akremi assigné à domicile ? Pourquoi renvoie-t-on, pour deux ans après les faits, une agression d'un magistrat par un député ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi… En recevant les membres du Conseil supérieur de la magistrature, Kaïs Saïed a demandé clairement à ce que la loi soit appliquée à tous. Il a levé l'immunité parlementaire permettant aux magistrats de faire leur travail. Pourtant, celle-ci ne pouvait pas être évoquée par les députés-voyous puisque toutes les charges indiquées plus haut n'ont rien à voir avec le travail parlementaire, le seul couvert par l'immunité. N'empêche, maintenant que cette immunité est levée depuis quinze jours, les magistrats se devaient de bouger dans le sens de l'Histoire et de la légalité pour faire ressusciter tous ces dossiers enfouis dans les tiroirs. Quinze jours après, ils n'ont pas bougé et ils risquent de faire tomber à l'eau les promesses de Kaïs Saïed. Si jamais cela arrive, si jamais les magistrats continuent à faire ce que bon leur semble, à ne pas appliquer la loi et à protéger les députés-voyous, il y a grand risque que le chef de l'Etat réagisse d'une manière spectaculaire, comme le 25 juillet, en gelant le CSM et en limogeant quelques magistrats véreux. Ces magistrats seront l'ennemi numéro 1 du président, et pas seulement, s'ils continuent à jouer l'autruche.
Il ne s'agit pas de chasse aux sorcières et il ne faut pas qu'il y ait de chasse aux sorcières. Il s'agit juste d'appliquer la loi et de faire sentir aux Tunisiens que nous sommes tous égaux devant elle. Il s'agit d'une soif de justice que les magistrats (certains) refusent d'assouvir. La balle est aujourd'hui chez eux et c'est à eux de prendre des décisions fortes, des décisions justes, des décisions qui montrent à tous les Tunisiens, et à tous les partenaires étrangers, que nous sommes un Etat de droit ! Or, un Etat qui laisse les voyous passer entre les mailles du filet judiciaire n'est pas un Etat de droit. Messieurs et mesdames les magistrats, nous avons fait notre travail en tant que médias, le président a fait le sien avec cette volonté politique d'en finir avec la corruption et la voyoucratie, faites maintenant le vôtre de grâce ! Faites le pour votre pays, faites le pour la justice, faites le pour l'égalité !