La professeure de droit constitutionnel Salsabil Klibi a commenté, dans la soirée de mercredi 6 avril 2022, l'annonce présidentielle sur l'adoption du scrutin uninominal majoritaire à deux tours pour les prochaines législatives anticipées prévues en décembre 2022. Dans un post sur sa page Facebook, elle a indiqué que ce mode de scrutin ne ferait que consacrer davantage la logique des allégeances au sein de la société tunisienne. Lors de sa visite à Monastir à l'occasion de la commémoration du 22e anniversaire du décès du fondateur de la République tunisienne Habib Bourguiba, le chef de l'Etat Kaïs Saïed a fait savoir que l'adoption du scrutin uninominal avait été dictée par les résultats de sa consultation nationale. Rappelons que seuls 500.000 ont participé à cette consultation sur plus de sept millions d'électeurs recensés en 2019. Critiquant cette décision, Salsabil Klibi s'est interrogée sur l'origine de la conviction de certains sur l'efficacité de ce mode de scrutin. Elle a laissé entendre, dans ce sens, que le scrutin uninominal ne pourrait être la garantie de l'élection du « meilleur » dans la société tunisienne faisant référence à l'influence des contrebandiers et des riches. Elle a, également, signalé que ce mode de scrutin pourrait avoir des répercussions sur la représentation politique des femmes. « Le scrutin uninominal n'a jamais été une garantie d'une meilleure représentativité sauf dans l'esprit de ceux qui croient avoir le droit de participer aux élections et surtout de les gagner. Il ne fera que saper davantage l'idée que l'Etat devrait reposer sur des institutions et non sur des relations personnelles et consacrer de plus en plus la logique des allégeances envers le cousin, l'oncle, la tribu, le patron… », a-t-elle écrit sur sa page Facebook. Le scrutin uninominal majoritaire à deux tours est, rappelons-le, un vote simple sans pondération se déroulant sur deux tours. En France par exemple, l'électeur doit choisir, au premier tour, un candidat parmi plusieurs. Si un candidat recueille la majorité absolue (plus de 50 % des suffrages exprimés et au moins le quart du nombre des électeurs inscrits), il est élu. Sinon, on organise un second tour avec un nombre plus réduit de candidats. Au second tour, est élu le candidat qui recueille le plus de voix (majorité relative).