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Sources et manifestations du populisme …
Publié dans Business News le 28 - 04 - 2022

Le populisme n'est pas un fait politique mais une approche narrative. Toute crise nourrit le discours et la posture populiste et favorise l'apparition d'un leader populiste car il incarne la seule issue de rupture d'une crise. Le discours du populiste est scindé en deux parties diamétralement opposées. D'abord, l'état des lieux apocalyptique. Ensuite, la solution salvatrice et miraculeuse. Tout comme en affaire, on vend d'abord le problème et on en devient la solution incontournable. Le populisme est une trame de fond qui accompagne des cycles aléatoires basés sur la défaillance des mécanismes sociaux et politiques. Il y a une portée quasi mystique et ésotérique, quasi messianique même dans le discours du populiste. Il puise dans une source historico-religieuse (sic !). La religion et la mythologie ont d'ailleurs souvent une place prépondérante dans le discours politique populiste. L'aspect providentiel est mis en avant. Le charisme « de sortie de crise » est un charisme nourri par l'espoir et l'attente. Historiquement, l'émergence d'une figure charismatique était ponctuée par les plus grandes détresses populaires. Les catastrophes baissent sensiblement le niveau d'exigence du peuple qui devient prêt à faire des concessions inconcevables en temps de prospérité. Karl Marx affirme que « les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas de plein gré, dans des circonstances librement choisies, celles-ci, ils les trouvent au contraire toutes faites, données, héritage du passé ». Le contexte est donc un aspect fondamental. Le phénomène de procuration total du destin d'un peuple et d'une nation à un personnage qui apparait comme un héros, l'abandon des prérogatives et des choix à un grand manitou trouve sa source dans l'attente, l'enthousiasme mais également l'espoir porté par ce leader.
Le discours populiste se décline en deux. Le conservateur et positiviste qui ira puiser dans la nostalgie et les gloires passées ou alors au contraire un discours empruntera la voie de la révolution pour débarrasser un peuple de son vécu, de son passé et offrir un tout autre avenir. Un discours souvent chaotique en ce cas.
Par ailleurs, la cartographie politique « classique » ne reflète aucunement le rapport au populisme. Ils empruntent parfois des chemins différents, prennent des formes opposées mais convergent en termes de résultats anthropologiques et sociaux. Certains optent pour une contribution étatique minime et cèdent une grande part au marché, cela permet d'atténuer la responsabilité de l'Etat dans les grandes réformes douloureuses, d'autres prêchent l'omnipotence du pouvoir en place et certains préfèrent simuler une délégation des pouvoirs à un corps inexistant et hypothétique tel que … le peuple, abstrait et impalpable ! Aux cotes de la domination traditionnelle, qui puise son origine et sa puissance dans les coutumes et les traditions, et la domination charismatique, fruit d'une construction identitaire forte au sein d'un écosystème et d'une conjoncture, il y a la domination rationnelle légale qui provient du droit et des règles dont on citerait la bureaucratie, ou l'usage des lois et des organes officiels pour aboutir à cette domination. Une configuration qui s'amplifie ces derniers temps.
Pour assoir sa domination, un supposé leader charismatique arrive à cumuler deux aspects et deux ingrédients essentiels. D'abord, l'identité profonde d'un peuple qui est traduite par l'histoire, la culture, mais aussi les rêves et les aspirations. Ensuite, les caractéristiques d'une époque et d'une conjoncture. Le triangle créé par le leader, le contexte ou l'époque et le peuple avec tout ce qu'il incarne est la clé de voute de sa construction populiste. Les qualités intrinsèques du leader n'ont aucune valeur s'ils sont en inadéquation avec le vécu et l'orientation d'un peuple ou s'inscrivent dans un anachronisme par rapport à la situation. La personne, l'être, l'individu est au meilleur des cas l'une des planètes qui permettrait d'aboutir à l'alignement des astres. Les facteurs psychosociologiques agissent et impactent d'une manière unilatérale. Cela explique le manque d'attractivité de certains intervenants politiques tout à fait respectables voire brillants.
Le populisme conquérant …
L'analogie entre le charisme populiste en politique et celui qui sévit en économie peut ne pas s'avérer hasardeux. Les deux mondes ont délaissé la lucidité, le réalisme et le pragmatisme pour basculer dans une narration parfois surréaliste mais entrainante et séductrice. Les outils de management et de gestion ou encore les équilibres financiers ont été troqués avec des discours de gourous s'adressant à des compagnies quasi-sectaires avec un champs lexical qui ne s'apparente en rien à ce qu'a connu l'entreprise avant les années 80. Le populisme économique a créé des chefs mis en scène loin des marionnettistes discrets. Récemment, Jeff Bezos, Richard Branson ou Elon Musk sont devenus les curseurs qui indiquent la valeur d'une entreprise. Elon Musk joue au yoyo avec une bourse qui obéit à ses tweets totalement insensés parfois. Ce néomanagement qui cultive un aspect héroïque et conquérant a fini inéluctablement par mener les trois hommes à la …conquête de l'espace ! La corrélation a été très rapidement faite entre ce monde de l'entreprise et la politique.
Il faut saisir également ce retour au populisme comme un rejet de la froideur technocratique et la relation extrêmement verticale instaurée en société. Il s'agit d'un appel à plus d'horizontalité. Aller chercher des personnes « ordinaires » voire inaptes à saisir la complexité de la tâche pour gérer les affaires publiques fleurit partout dans le monde. On a assisté à la montée de personnages à la notoriété avérée aux plus hauts postes de responsabilité. Sportifs, comédiens, vedettes en tous genres sont venus convertir leur notoriété première en vote de confiance pour une tache qui ne leur était pas destinée. La domination charismatique devient donc l'attraction du personnage et la distraction de la mission ! Le réel est atomisé. Le désir domine. La responsabilité à la tête de l'Etat exige d'être habité par la chose, d'avoir mené des réflexions, d'avoir répondu à des interrogations. La connaissance, le savoir, l'expérience, l'écoute et l'entourage sont également des maillons essentiels. Le néolibéralisme a rendu la gestion des Etats analogue à celle des entreprises et celles des entreprises similaires à des fictions et du show. Emmanuel Todd dit à ce propos : « Le but de la politique, c'est de passer à la télé, éventuellement d'être élu, si possible président, mais en aucun cas de gouverner ». Ainsi le chef de l'Etat a été « placé à la tête, mais non aux manettes, d'une économie en déconfiture ». Certaines limites de la démocratie représentative ont donné lieu à un populisme qui a dégénéré en démagogie et en facilité de pensée. Parfois même en anéantissement de la réflexion et sa complexité. Le discours populiste n'est pas un problème en soi. Ce qui représente une préoccupation, c'est l'incapacité de son porteur à évoluer et à hisser le niveau de son attitude, vis-à-vis des problématiques socio-politiques, au gré des responsabilités qu'il est tenu d'assumer. Mais le populiste ment-il seulement aux électeurs ou se ment-il à lui-même également ? Le populiste peut être foncièrement convaincu, le populisme devient un mode de pensée et des valeurs ancrées ou le populiste opportuniste qui voit en cette démarche un moyen, une voie pour atteindre l'objectif fixé. Il est facile pour un décideur de flatter les pires pulsions et instincts de la population, qu'il est sensé élever en savoir et en vertu. Les populistes empruntent irrémédiablement cette voie, qui n'est ni pérenne ni durable. Chatouiller l'avarice, exciter l'égoïsme et titiller la gloutonnerie est un exercice trop simple et indigne d'un homme d'Etat. Développer la lucidité et le bon sens de ses supporters requiert davantage d'énergie et de temps. Sauf que l'île du candidat et celle de l'élu sont deux cadres et écosystèmes diamétralement opposés. Rabelais disait « le père est temps de vérité », pour le populiste, le temps est loin d'être un allié. Bien au contraire. Les fissures apparaissent et les promesses se volatilisent et accélèrent l'effondrement du projet. Ou alors, il continue à se nourrir de grandes œuvres et cette surenchère spectaculaire le mène à sa perte à l'instar d'Hitler. Le populiste est ainsi redevable de nourrir son œuvre par des accomplissements de plus en plus sensationnels mais pas toujours utiles. La dissolution d'instances officielles n'aura en rien amélioré la situation des foyers tunisiens.
En somme, le leader est créé par un collectif social dans une situation donnée. Les locomotives populistes ne peuvent être intemporelles et universelles. Chaque époque et chaque société a sa propre interprétation du charisme. Les leaders européens ont été rigoureux et intransigeants, ceux d'Amérique latine ont cultivé le rapport conflictuel à la loi de la société dont ils émanent. Le Leader populiste a toutefois cette capacite incroyable de réunir des ilots sociaux aux codes antinomiques en une seule personne. En Tunisie, les soutiens de Saied sont une mosaïque déconcertante. Le populisme promeut ainsi une rupture qui peut être progressiste et aller dans la consolidation ou s'inscrire dans la résistance et être réactionnaire. Promettre de réinventer des codes, un fonctionnement et une mécanique socio-économique est la rupture à laquelle aspire une communauté terrifiée par un retour en arrière même si ces discours sont utopiques et chimériques.
La raison disparait, la lucidité s'évanouit et le bon sens s'éclipse …


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