Des comptes sur X (anciennement Twitter) affirment qu'il existerait une ambassade israélienne en Tunisie et que la Tunisie entretiendrait des relations économiques avec Israël, notamment via l'exportation de pétrole. Depuis le dimanche 4 mai 2025, des publications virales relayées par ces comptes, notamment saoudiens, soutiennent que la Tunisie abriterait une représentation diplomatique israélienne ou exporterait du pétrole vers Israël, sous-entendant une normalisation cachée entre les deux pays. Ces allégations ont suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux, particulièrement dans un contexte de tensions croissantes autour de la question palestinienne. La Tunisie n'entretient actuellement aucun lien diplomatique officiel avec Israël. La présidence l'a rappelé à plusieurs reprises, notamment après les Accords d'Abraham (2020), affirmant que la position de Tunis reste constante : soutien au peuple palestinien et refus de toute normalisation. Contrairement à ce qui est affirmé, il n'existe aucune ambassade israélienne en Tunisie, ni vice versa. L'histoire, en revanche, révèle l'existence de contacts indirects, informels et limités entre des dirigeants nationalistes tunisiens et des représentants israéliens dans les années 1950, avant l'indépendance de la Tunisie, mais aussi après celle-ci. Un artilce publié en 2025, sur Business News, revient sur cet aspect.
Par ailleurs, d'après une enquête fouillée publiée dans Jeune Afrique le 29 août 2005, ces échanges avaient été facilités, entre autres, par des médiateurs américains et européens. Ils visaient essentiellement à tâter le terrain diplomatique et à évoquer des pistes de coopération syndicale ou agricole. Mais même dans ces discussions, les Tunisiens restaient prudents : ils évoquaient des relations discrètes, non officielles et souvent conditionnées à des impératifs de politique intérieure et régionale. Ces contacts ont pris fin avec la guerre de Suez en 1956, et plus encore après les événements de Bizerte en 1961, marquant un net refroidissement.
Un article intitulé Israel and the Maghreb at the Height of the Arab-Israeli Conflict: 1950s–1970s, de Michael M. Laskier, publié dans la Middle East Review of International Affairs, cite : « Les premiers contacts entre Israël et la Tunisie furent établis à New York entre 1951 et 1952, au plus fort de la lutte pour l'indépendance de la Tunisie, lorsque des représentants tunisiens approchèrent la mission israélienne auprès de l'ONU ou des responsables syndicaux israéliens, souvent par l'intermédiaire d'hommes politiques américains. Parmi les envoyés du Parti Néo-Destour qui rencontrèrent des responsables israéliens figurait Bahi Ladgham, un membre influent du bureau politique du parti et proche confident du leader nationaliste tunisien et futur président, Habib Bourguiba. Lors d'une rencontre le 25 juin 1952 entre Ladgham et Gideon Raphael, de la mission israélienne à l'ONU, Ladgham sollicita le soutien pour une résolution appuyant l'indépendance tunisienne et assura à Raphael que son parti n'était pas responsable des émeutes anti-juives qui frappaient Tunis à l'époque. »
Depuis l'indépendance en 1956, la Tunisie n'a jamais reconnu Israël. Bien que Bourguiba ait adopté, dans les années 1960, une position pragmatique appelant à la paix au Proche-Orient, il a fermement refusé de reconnaître Israël tant que la question palestinienne ne serait pas résolue. En 1996, un bureau de liaison israélien avait brièvement ouvert à Tunis, dans le cadre d'un rapprochement amorcé après les accords d'Oslo. Il a été fermé dès 2000, à la suite de la deuxième Intifada. Concernant l'affirmation selon laquelle la Tunisie exporterait du pétrole vers Israël, aucune donnée douanière, commerciale ou officielle ne corrobore cette thèse. La Tunisie n'est pas un pays exportateur de pétrole en quantités significatives : sa production est modeste et ne couvre même pas ses besoins internes.
Les affirmations à propos d'une ambassade israélienne en Tunisie et sur des échanges commerciaux pétroliers entre les deux pays sont infondées et trompeuses. La position officielle de la Tunisie demeure inchangée.