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Tunisair : Les petits-porteurs décident de faire confiance à Sarra Rajeb
Publié dans Business News le 28 - 04 - 2016

Après un an de retard sur les délais ordinaires, Tunisair a fini par tenir son Assemblée générale ordinaire pour l'exercice 2014, jeudi 28 avril 2016 à l'hôtel Ramada Plaza à Gammarth, sous la présidence de son PDG Sarra Rajeb. Une assemblée marquée par des tensions et au cours de laquelle des actionnaires ont exprimé leur mécontentement face aux performances de la société, au prix de l'action et à la gestion globale de l'entreprise. Des actionnaires qui ont été envoutés par Mme Rajeb qui a su les écouter, les rassurer et leur promettre des changements imminents. Compte rendu.
Tunisair-S.A a clôturé son exercice 2014 avec un résultat bénéficiaire de 43,52 millions de dinars (MD) contre -205,3 en 2013, soit une régression de l'ordre de 121,2%. Les produits d'exploitation ont atteint 1.220,1 MD (+6,3%) pour des charges d'exploitation de 1.315,8 MD, (+0,6%), et un résultat d'exploitation déficitaire de -95,7MD (+40,3%).
Pour leur part, les états financiers du groupe Tunisair font ressortir un total net bilan consolidé de 1.836,41 millions de dinars (MD), des capitaux propres positifs de 114,3 MD et un résultat bénéficiaire consolidé de 47,92 MD.

Sarra Rajeb a commencé par promettre une chose capitale pour les actionnaires : dorénavant les assemblées générales ordinaires seront tenues dans les temps, en promettant que le rapport d'activité de 2015 sera bientôt prêt et que l'AGO de 2015 se tiendra au cours de cette année.
La PDG a précisé que la compagnie a été fortement affectée par une conjoncture nationale et internationale défavorable, qui s'est répercutée avec une baisse de 5% de son trafic en termes de passagers, évoluant de 3,7 millions de passagers transportés en 2013 à 3,5 millions de passagers. Pour pallier à cette baisse, la compagnie a œuvré à améliorer son coefficient de remplissage de l'activité régulière et supplémentaire qui a atteint 70,7% en 2014, enregistrant un gain de 2,5 points par rapport à 2013. On notera l'amélioration de la recette unitaire de 13,4% contre une baisse de la part de marché de la société de 0,7%, qui est passée de 34,1% en 2013 à 33,4% en 2014.
Autre point important qui a mené à ce résultat bénéficiaire, l'Etat qui a pris en charge 149 MD de dettes auprès de l'OACA (antérieures à juin 2012).
Le rapport des commissaires Samir Ben Jemaa (S.F.C) et Hichem Chekir (le Consortium Cabinet Hichem Chekir et la société Amex) note plusieurs réserves, notamment concernant les deux avions présidentiels dont la vente qui n'a pas été concrétisé. Il relève de multiples problématiques liées à l'ERP qu'a acheté la société à sa filiale A.I.S.A. Il pointe aussi des problèmes liés aux immobilisations, aux comptes clients, aux personnels et comptes rattachés, au traitement comptable des redevances aéroportuaires, etc.
Prenant la parole lors de la séance de débat, plusieurs actionnaires ont clamé haut et fort, leur mécontentement et leur ras-le-bol, des propos blessants à l'encontre des membres du conseil d'administration auxquels ils reprochent une mauvaise gestion et des résultats qui ne sont pas au rendez-vous. Pire, ils leur reprochent aussi d'être rémunérés alors qu'ils "ne font rien et restent spectateurs alors que le navire prenait l'eau".
Comme à l'accoutumée, le plus hystérique de tous était le célèbre actionnaire Mustapha Chouaïeb, qui s'est donné en "spectacle" pointant des défaillances mais usant parfois de propos déplacés et blessants.
Des actionnaires ont exprimé leur incompréhension face à la chute spectaculaire du prix de l'action qui est passée de 44 dinars en 1995 à 0,580 dinar aujourd'hui, sous un silence assourdissant du conseil d'administration qui "n'a pas bougé un doigt". Plusieurs actionnaires ont réclamé en compensation des pertes qu'ils subissent depuis quelques années (baisse du prix de l'action + absence de dividende) une gratuité de billets ou une réduction sur leurs prix, pour les actionnaires minoritaires. D'autres ont dénoncé les opérations de vol de bagages ou le service catering à bord. Certains ont voulu savoir où en est le plan d'assainissement, avec ses 1.700 départs anticipés à la retraite.
Mustapha Chouaïeb a souligné que plusieurs fournisseurs se sont plaints des retards de règlement. Pour le retard dans la publication des rapports, il s'est insurgé contre le conseil en lançant à ses membres : «faites-moi parvenir vos données, je vous établirai le rapport 2015 gratuitement». Il a estimé que la publicité faite par la compagnie était "inutile" tant qu'elle n'améliore pas ses services. Il a aussi pointé du doigt les employés qui sortent dans leurs heures de travail. Pour lui, il faut arrêter d'acheter de nouveaux avions. Et de conclure que l'Etat doit prendre ses responsabilités, la situation de la compagnie étant due à l'incompétence de son conseil d'administration.
Moncef Ouaghlani s'est interrogé sur ce que les administrateurs ont fait face à la situation de l'entreprise et comment les commissaires aux comptes ont validé les comptes. Il a interpelé Mme Rajeb, en lui demandant si elle sera assez forte pour contrer les lobbies. Enfin, il s'est adressé aux petits porteurs les invitant à bouger et à contacter le ministère de tutelle et ceux du marché financier pour faire évoluer les choses.
Pour sa part, Adel Atti a rappelé que la PDG n'était pas aux commandes en 2014 pour lui demander des comptes. Ceci dit, connaissant sa bonne réputation, il a demandé à la PDG de prendre des décisions rapides et courageuses.
En réponse à ce flot de questions des actionnaires, Sarra Rajeb a souligné, pour commencer, que si elle n'était pas prête à supporter cette lourde charge, elle n'aurait pas accepté ce poste. Concernant le plan de redressement de Tunisair, elle a indiqué qu'elle est arrivée en avril 2015 et que le plan a été envoyé au ministère du Transport en juillet 2015. Elle a relevé dans ce cadre que la durée de chaque PDG après la révolution ne dépassait pas 1 an ce qui a compromis leur travail. La valse des ministres n'a pas arrangé les choses non plus, selon elle, le plan ayant été présenté à l'ancien ministre le 18 septembre 2015 et vient d'être soumis au nouveau le 29 mars 2016. "On s'attend à ce que le plan soit soumis au gouvernement au mois de juin 2016", déclare Sarra Rejeb.
Mme Rajeb a précisé que ce plan de développement comprend une nouvelle stratégie commerciale misant sur la diversification des marchés et des axes pour ne plus dépendre du tourisme et de ses crises : parmi les nouveau marchés ceux de l'Afrique. D'ailleurs, entre 2014 et 2016, les parts de trafic ont évolué : l'Europe passant de 78% à 71%, l'Afrique de 12,6% à 16,6% et les autres pays (Arabie Saoudite, Russie, Liban et Turquie) de 9,4% à 12,2%. Ce plan mise sur le développement d'une dizaine de destinations africaines d'ici 2020 outre le lancement, le 18 juin prochain, de celle de Montréal et un retour des charters vers la desserte des pays d'Europe de l'Est.
Le plan de développement veut aussi changer le mode de gouvernance en améliorant le rôle du Conseil d'administration et rendre le contrôle de l'Etat a postériori. Il ambitionne, également, une compression des coûts et une amélioration de la qualité de service.
Concernant le plan d'assainissement, la PDG a souligné qu'il n'y a pas de ratios calculant le nombre d'employés nécessaire pour une meilleure efficacité, précisant qu'elle a commandé plusieurs études benchmarking sur plusieurs compagnies mais sans y trouver de recette miracle : donc il faut procéder tâche par tâche pour déterminer le nombre de personnes nécessaire pour chaque tâche (un travail qui nécessite 3 ans de travail). Or Tunisair, ne peut pas attendre autant de temps, donc en se basant sur des ratios, un sureffectif de 1.000 employés a été estimé. Mme Rajeb précise que le coût de départ des 1.700 personnes a été sous-estimé et que les 52 MD ne sont suffisants que pour couvrir le départ de 400 personnes et qu'il faudrait débourser 133 MD pour le départ anticipé des 1.000 employés. Elle a indiqué que les personnes concernées ont été identifiées et qu'un projet est pratiquement conclut avec la CNSS.
Au sujet des avions présidentiels, Sarra Rajeb a avoué que dans le monde c'est le ministère de la Défense qui gére les appareils présidentiels. Elle a précisé que BBJ 737 a failli être vendu, mais que le gouvernement a demandé à ce qu'il soit réservé à l'usage des 3 présidents moyennant un paiement : 20.000 dinars pour l'heure de vol et que le projet n'est rentable qu'en effectuant 200 heures de vol par an. Elle a noté que, dans ce cadre, la présidence de la République a payé ses factures.
Concernant l'Airbus A340 qui n'a fait que 70 heures de vol, elle a précisé que l'acheteur voulait la confidentialité mais que la transaction étant discutée lors d'un conseil ministériel. "Certains médias ont ébruité l'affaire ce qui a fait capoter la vente", explique-t-elle. Et d'ajouter qu'actuellement, il y a deux acheteurs sérieux en lice, et qu'elle espère que cette fois-ci la vente sera conclue, ce qui va soulager la compagnie de ses frais de stand-by à Bordeaux (France).
Concernant le progiciel ERP (Enterprise resource planning), elle a avoué qu'il est la cause du retard du rapport de 2014, "ceci dit normalement il est au point et sera bientôt pleinement opérationnel", a-t-elle ajouté.
Par ailleurs, la gratuité des billets pour les actionnaires est une proposition que la PDG a promis d'étudier sérieusement, "le tout avec une réticence soutenue des membres du conseil".
Mme Rajeb a souligné que le coefficient de remplissage ne reflète pas la rentabilité d'une compagnie. Ceci dit la société table sur un coefficient de 72% en 2016.
Concernant le plan de flotte, elle a rappelé qu'il a été signé en 2008 et modifié à plusieurs reprises. Actuellement, il reste 5 avions à réceptionner mais Tunisair a demandé à Airbus de retarder la livraison à cause de la baisse du trafic et de sa situation financière. Elle va également changer sa commande de A330 en A320. Pour elle, le renouvellement de la flotte est important mais il faudrait dorénavant engager une réflexion avant de s'investir dans ce genre de mégaprojet.
Pour le service catering, la PDG a rappelé que Tunisie Catering est restée à l'arrêt de mars 2015 à fin février 2016, ce qui représentait un coup dur pour l'image de la compagnie. Elle s'est dite très satisfaite de la reprise d'activité et des retours favorables qu'elle entend des passagers sur ses prestations. Autre point, elle a l'intention de préparer un business plan et de reconquérir de nouveaux marchés et ses 18 anciens clients, en précisant que Egypt Air a été conquis qu'Air France fait son audit des locaux.
Autre point abordé, celui de la régularité des vols. Pour Sarra Rajeb, ce critère est très important et les clients y sont très sensibles. La compagnie travaille sur son amélioration, d'ailleurs elle a gagné 2 points en 2015, le taux de régularité des vols (pour un retard de moins de 15 minutes) passant à 54%.
Pour le vol de bagages, la PDG a précisé que le nombre de bagages volés est passé de 2.118 en 2014 à 81 en 2015, soit 0,1% de bagages spoliés par rapport au nombre de passagers. Son ambition est d'atteindre le zéro bagage volé.
Sarra Rajeb a su gagner la confiance des petits porteurs. Ces derniers, bien qu'exaspérés par la situation chaotique de la compagnie, ont exprimé leur confiance dans cette femme charismatique, qui a une longue expérience et qui a su leur redonner confiance dans l'avenir par sa franchise et sa spontanéité. D'ailleurs, plusieurs appels ont été adressés à l'Etat lors de cette AGO, pour ne plus changer si souvent les PDG et pour "leur laisser cette femme qui les a envoutés".


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