Présentant sa propre lecture de la situation politique du pays au lendemain de la création de la commission consultative pour une nouvelle république par le président de la République, Kaïs Saïed, le député d'Attayar, Nabil Hajji, a assuré que le chef de l'Etat œuvrait pour rester au pouvoir à vie tout comme l'avait fait Habib Bourguiba, fondateur de la République tunisienne. Invité du Grand Débat sur Shems FM samedi 21 mai 2022, il a indiqué au micro de Myriam Belkhadi, que le locataire de Carthage voudrait construire « l'Etat de Kaïs Saïed » tel qu'il le rêve et qu'il ne laisserait jamais tomber son rêve peu importe ce que cela lui coûtera. « Il joue grand », a-t-il lancé expliquant qu'à son sens Kaïs Saïed ne quittera jamais le pouvoir de façon pacifique, car il sera exposé aux mêmes accusations qu'il a lui-même lancé contre les députés ayant participé à la plénière exceptionnelle du 30 mars au terme de laquelle les parlementaires ont décidé d'annuler les décisions du locataire de Carthage avant que celui-ci ne finisse par annoncer la dissolution de l'Assemblée des représentants du peuple, le jour-même. « Il a violé la constitution et a changé la forme de l'Etat (…) Le jour où il y aura un Etat sans Kaïs Saïed celui-ci sera jugé pour ça », a ajouté Nabil Hajji. Les députés de la plénière du 30 mars ont été accusés d'attentat à la sûreté intérieure de l'Etat et de complot. Ils encourent, de ce fait, des sanctions allant jusqu'à la peine de mort selon l'article 72 du Code pénal tunisien. « Est puni de mort, l'auteur de l'attentat ayant pour but de changer la forme du gouvernement, d'inciter les gens à s'armer les uns contre les autres ou à provoquer le désordre, le meurtre ou le pillage sur le territoire tunisien ». Le politicien a, également, critiqué l'absence de vision du président de la République rappelant qu'il est seul aux commandes depuis dix mois et pourtant, il a présenté un projet d'une nouvelle république « sans traits distinctifs ». Sur la question du référendum que le président de la République entend organiser en juillet, le député a souligné les violations à la pelle commises par le chef de l'Etat et les membres de l'Instance supérieure indépendante pour les élections notant que ceux-ci ont prêté serment sur une constitution qu'ils ont tous déjà violée. Il a affirmé que Kaïs Saïed n'hésiterait pas à falsifier les élections et les résultats du référendum rappelant que le chef de l'Etat a considéré réussie sa consultation nationale électronique alors que les 500.000 participants ne représentent que le 1/16 du peuple tunisien. Il a relevé, dans ce sens, une incompréhension totale du projet de Kaïs Saïed et le manque de culture démocratique. Il a fait savoir que sur les 500.000 participants à la consultation, 60.000 avaient voté contre le changement du régime électoral pour ensuite voter pour la gouvernance par les bases, à la fois.