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Interview - Elisabeth Moreno : nous avons une communauté de destin et d'intérêts
Publié dans Business News le 28 - 05 - 2022

La ministre chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes dans le gouvernement Castex, Elisabeth Moreno a été investie par le président Emmanuel Macron pour porter les couleurs de la majorité présidentielle aux élections législatives de la 9ème circonscription qui compte la Tunisie. En campagne à Tunis, Business News a rencontré Elisabeth Moreno qui a évoqué ses motivations, son attachement à l'Afrique, son programme pour améliorer la situation des Français établis en Tunisie, mais aussi les relations bilatérales.
L'enjeu est de taille. En face, elle a pour adversaire Karim Ben Cheikh, candidat franco-tunisien de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (NUPES) qui ambitionne de détrôner la majorité présidentielle.
Les électeurs français de l'étranger sont appelés aux urnes dès le 27 mai pour voter en ligne s'ils le désirent, environ deux semaines avant le vote en présentiel.

Vous êtes candidate de la 9ème circonscription des Français établis hors de France. Quels sont vos liens avec cette circonscription et notamment la Tunisie ?
Je suis moi-même une Française de l'étranger, puisque je suis née sur ce continent. Je suis née dans le plus petit pays de cette circonscription, qui compte 16 pays, le Cap-Vert. J'ai vécu au Maroc. J'ai travaillé plus de 15 ans avec le continent africain et avec les différents pays de cette circonscription. J'ai des amis ici. Le continent africain coule dans mes veines. C'est le continent de mes ancêtres et même si j'ai grandi en France, j'ai beaucoup travaillé avec l'Afrique. Il y a une attache très personnelle et cette circonscription en particulier qui comprend les quatre pays du Maghreb et les autres pays de l'Afrique de l'Ouest.
La raison pour laquelle le président de la République m'a investie en tant que candidate de cette circonscription, c'est parce qu'il y a des enjeux importants dans cette région. Ces enjeux comprennent tous les sujets que le président Macron a décidé de mettre au cœur de ses nouvelles relations avec le continent africain. Je pense à tout ce qui a été fait ces cinq dernières années et qui doit continuer : le devoir de mémoire qui a été fait avec l'Algérie et le Rwanda, la restitution des œuvres d'art au Bénin ou au Sénégal, un énorme évènement au cours duquel le président a reçu 4000 Africains de la société civile parce que c'est bien d'avoir de bonnes relations avec les institutions, mais c'est important de comprendre cette société civile qui s'interroge aujourd'hui sur les relations entre la France et, il faut le dire, d'anciennes colonies.
Moi, en tant que franco-africaine et ancien membre de gouvernement, je travaille avec le président de la République et avec la nouvelle Première ministre, avec toutes les institutions françaises. Je crois que le député est le trait-d'union le plus important entre les Français qui vivent en dehors de la France et les institutions publiques. Je sais qu'il y a beaucoup d'attentes à ce niveau-là.

Plus de 17 mille électeurs inscrits et en grande majorité des franco-tunisiens. Selon vous, quelles seraient les attentes de ces Français de Tunisie ?
De ce que nous avons connaissance, il y a 23 mille français ou franco-tunisiens qui vivent ici. Cela démontre combien nos relations sont importantes. Les attentes des Français qui vivent en Tunisie se rejoignent sur plusieurs choses.
L'éducation de leurs enfants. Ils trouvent que les frais de scolarité sont beaucoup trop chers. Ils sont extrêmement préoccupés par la qualité de cette éducation. Il faut donner les moyens à notre jeunesse de comprendre un monde en pleine transformation mais aussi d'y trouver sa place.
Donc, il faut faire en sorte que tous les Français et franco-tunisiens puissent avoir accès à une école de qualité et ce quel que soit le niveau de leurs revenus. On ne peut pas avoir des enfants qui ont droit à une bonne éduction parce que les parents sont en bonne situation financière et d'autres dont les parents sont en situation précaire qui n'y ont pas accès. J'ai l'intention de trouver des moyens de financements innovants, des partenariats public-privé pour pouvoir alléger ces frais de scolarité.
Par ailleurs, que vous soyez Français et que vous viviez dans l'Hexagone ou en Tunisie, vous êtes Français. Pour avoir été une Française de l'étranger, je sais parfois combien on peut se sentir isolé, abandonné. Je veux retravailler sur ce sentiment d'appartenance, de fierté. Je suis intimement convaincue que la double culture est une richesse extraordinaire, notamment les diasporas. J'ai dans l'idée de créer un fonds d'investissement dédié à ces membres de la diaspora qui ont envie de revenir se réinstaller en Tunisie et que s'ils ont envie de retourner en France, qu'ils puissent le faire. Mettre en valeur cette liberté de mobilité. Ces Français sont les meilleurs ambassadeurs de notre culture et de notre savoir-faire. Ce rayonnement auquel ils contribuent, la France se doit de le reconnaitre et de les aider à réussir.

Le programme national du parti ne consacre pas grand-chose aux Français de l'étranger. Comment expliquez-vous cette « omission » et comment la justifier ?
Cela n'est pas exact. Le président de la République a été extrêmement volontariste sur ces questions. Dans mon programme, il y a une grande partie qui est le programme national pour les Français de l'étranger. J'ai rajouté une partie qui concerne exclusivement les Français de la 9ème circonscription.
Le président a véritablement envie que les 3 millions et demi de Français qui vivent à l'étranger se sentent pleinement Français et que les questions de santé, d'éducation, de formation, d'économie soient extrêmement présentes.

Dans votre programme, vous articulez votre projet autour de trois axes principaux, lesquels ? et pensez-vous pouvoir les mener à bien en accédant à l'Assemblée nationale ?
Le premier axe dont nous avons parlé, c'est l'éducation. Un accès à une éduction de qualité et accessible à tous les revenus. La deuxième chose c'est la santé. On s'est rendu compte pendant la crise sanitaire, qu'il y a des décalages entre les besoins et la réalité de ce qui se passe. La CFE pose beaucoup de questions à nos compatriotes. Ils n'arrivent pas comprendre parfois comment cela fonctionne, ils ne savent pas parfois ce qui doit être remboursé, à quel niveau… Il faut donc faciliter l'accès à l'information de cette caisse. Après, il y a le coût. On ne peut pas, là encore, faire en sorte qu'il y ait des Français de l'étranger qui y ont accès car ils sont expats et gagnent bien leur vie et d'autres non parce que les moyens financiers ne le permettent pas. Nous avons aussi le champ de couverture. J'ai entendu certains Français de l'étranger me dire qu'ils sont obligés de cotiser à deux caisses pour avoir une bonne couverture. Ce n'est ni pratique, ni facile et c'est coûteux. Donc, je veux travailler sur une refonte, un diagnostic pour comprendre ce qui ne fonctionne pas et qu'on puisse adapter cette CFE aux besoins de nos concitoyens.
Le troisième volet, est la diplomatie économique. Cela me tient très à cœur, parce que la France est le premier partenaire économique de la Tunisie, ensuite car les opportunités de développement économique entre les deux pays sont très importantes, en particulier à la sortie de cette crise sanitaire. On a beaucoup d'entreprises qui ont traversé des moments extrêmement difficiles, qui n'ont pas toujours bénéficié des aides comme elles auraient pu le souhaite. Et parce qu'il y a eu ces deux années de confinement, il y a des relations d'affaires qui sont complétement distendues aujourd'hui.
Ce que je souhaite, c'est de travailler avec des pays, avec Business France, avec Medef International, le groupement du patronat francophone et aussi la chambre de commerce et d'industrie franco-tunisienne, pour rétablir ces relations et construire des partenariats gagnant- gagnant. On fera de sorte que des Français qui vont vouloir investir en Tunisie les choses soient facilitées pour eux. Et de même pour les Tunisiens qui veulent investir en France. On œuvrera pour que les relations soient beaucoup plus simplifiées.
Cette diplomatie économique, elle est non seulement nécessaire au moment où nos pays ont besoin de relancer leur économie, mais elle est aussi salutaire dans la mesure où personne ne réussit seul et que les enjeux sont tellement nombreux qu'il faut que nous soyons extrêmement solidaires dans la manière dont nous travaillons. Quel meilleur pays que la Tunisie pour avancer sur ce genre de procédures.

En Tunisie, les Français ont massivement voté Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle. Au premier tour, il était toutefois au coude à coude avec Jean-Luc Mélenchon. Vous avez en face un adversaire redoutable, Karim Ben Cheikh, candidat de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (NUPES), un franco-tunisien de surcroît. Comment convaincre les électeurs de voter en faveur de la majorité présidentielle ?
Je respecte tous mes adversaires (Rire). Je crois que ce qui est important c'est le programme et c'est ce que vous avez à offrir aux Français de l'étranger. Je suis quelqu'un de pragmatique, parce que je ne suis pas une femme politique classique et traditionnelle puisque je ne suis rentrée au gouvernement qu'il y a deux ans. J'applique ce que je connais le mieux, c'est-à-dire l'efficacité.
Entre un candidat de l'opposition qui n'aura aucun moyen de faire bouger les lignes, simplement parce qu'il est dans l'opposition et qu'il ne pourra que contester, que dire qu'il n'est pas d'accord, et une candidate qui est en relation permanente et régulière avec tous les membres du gouvernement et le président de la République. Une candidate qui connait parfaitement les enjeux dans cette circonscription parce que j'y ai vécu avec ma famille. Une candidate qui a l'Afrique chevillée au corps et qui connait parfaitement les rouages institutionnels français. Je pense qu'il faut laisser les Françaises et les Français choisir celui ou celle qu'ils pensent qu'il sera à même de défendre leurs droits et leurs intérêts.
Et puis, on est dans un environnement mondial complexe, on a des crises géopolitiques et sanitaires importantes, des crises sociales et climatiques. La France a une place dans l'échiquier mondial importante. Si on se trouve dans une situation de cohabitation où notre pays est bloqué et où on ne prend aucune décision pour des raisons bassement politiques et politiciennes, personne n'en sortira gagnant.
J'ai la volonté de faire progresser notre pays que ce soit en France mais aussi dans tous les pays où il y a des Français, parce que les enjeux auxquels nous faisons face ont un impact direct sur leur vie. On sait qu'il va y avoir une crise alimentaire sans précédent. Si à chaque fois, qu'il y a une décision importante à prendre, on passe notre temps à nous taper dessus parce qu'on n'est pas du même bord politique, ça va être totalement contreproductif, ça va bloquer et geler notre pays pendant cinq années. On n'a pas les moyens de s'offrir une telle chose à un moment où le monde est dans cet état.

La crise sociale, économique et politique en Tunisie impacte forcément la vie des Français qui y résident. Quel sera l'apport de la députée Moreno aux relations franco-tunisiennes, concrètement ?
Je suis une femme de dialogue, de rassemblement. Je sais qu'il y a une part de diplomatie importante dans un rôle de député. Mon objectif c'est de parler autant avec mes collègues et les institutions françaises pour défendre les droits de nos compatriotes en Tunisie, que de parler avec des institutions tunisiennes pour savoir comment nous pouvons avancer ensemble dans un intérêt commun.
De la même manière que nous avons une communauté de destin, nous avons une communauté d'intérêts. Je mettrai beaucoup de temps et d'énergie à rassembler, à dialoguer, à co-construire et à créer des partenariats gagnant-gagnant.

La France a réduit le nombre de visas accordés aux Tunisiens de 30% afin de forcer les autorités à délivrer des laissez-passer consulaires pour expulser les illégaux. Depuis cette sanction, les Tunisiens peinent à décrocher un rendez-vous pour obtenir un visa. Nous avons des témoignages de médecins, journalistes, universitaires, etc. qui ont dû annuler des engagements professionnels. Des parents qui n'ont pas pu voyager pour rendre visite à leurs enfants franco-tunisiens à cause de cette mesure jugée humiliante. Qu'en dites-vous ?
Cette question de visas est importante parce qu'elle touche la vie des familles, des professionnels, des entreprises qui se sont vus freinés dans leurs déplacements. Vous avez utilisé le mot « humiliation » et je peux comprendre que certaines personnes qui avaient l'habitude de voyager facilement ce soit humiliant pour elles. J'ai de l'empathie, je comprends et je le respecte. Maintenant, vous savez aussi qu'il y a une question de souveraineté et de relations bilatérales qu'il faut aussi respecter et comprendre. La Tunisie a le droit d'accueillir sur son sol et de garder les personnes qu'elle décide et c'est la même chose pour la France.
J'ai beaucoup entendu de personnes se plaindre de cela, qu'il existe une certaine incompréhension, que ça a généré des humiliations et des frustrations. Ce que j'ai décidé, si j'étais choisie pour représenter les Françaises et les Français de Tunisie, de demander une commission d'enquête parlementaire pour mettre à plat toutes ces questions de visa, pour comprendre ce qui fonction et ce qui dysfonctionne et pour voir comment atténuer l'impact extrêmement négatif et en particulier pour certaines familles, notamment les conjoints et les enfants. Un impact aussi sur les relations d'affaires, il y en a certaines qui sont tombées parce que les gens n'ont pas pu voyager. Donc, je pense que ces impacts là n'ont pas été forcément identifiés lorsque ces décisions ont été prises. Cette commission d'enquête permettra de trouver un moyen de gérer cette situation compliquée pour nos deux pays. Ne croyez pas que c'était une décision facile, mais ouvrir le dialogue, trouver les solutions qui soient adaptées par rapport aux problématiques des uns et des autres, je pense que c'est la meilleure approche.


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