L'expert économique Ezzeddine Saidane a affirmé, mardi 31 mai 2022, avoir été invité à faire partie du Comité des Affaires économiques et sociales de la Commission nationale consultative pour une nouvelle République présidée par Sadok Belaïd. Au micro de Myriam Belkadhi dans la Matinale de Shems FM, et en réponse à une interrogation de l'animatrice s'il faisait partie de la commission nationale consultative, l'expert a certifié que oui, en expliquant qu'il a été contacté par Sadok Belaïd qui lui a demandé un rapport écrit qui répond à deux questions : sa vision du futur économique du pays, d'une part, et les politiques et mesures à entreprendre pour y parvenir, d'autre part. « J'ai achevé ce rapport et je l'ai présenté au doyen Belaïd. Malgré tous les reproches et lacunes de cette approche, je considère qu'il est de l'intérêt de la Tunisie que cette démarche réussisse. On m'a demandé de rejoindre le comité des Affaires économiques et sociales et je vais accepter d'un point de vue purement patriotique. Je n'ai aucune appartenance politique, mais je considère que c'est un devoir national », a-t-il indiqué. Et d'ajouter : « Il y aura sûrement d'autres économistes et plus il y aura d'avis notamment antagonistes plus on tirera bénéfice pour parvenir à des solutions réelles de sortie de crise avec moins de sacrifices pour le peuple tunisien ». En réponse à une question de Myriam Belkadhi sur le fait qu'il sera considéré dorénavant comme ayant fait allégeance au chef de l'Etat, l'économiste a rétorqué que son allégeance va uniquement à la patrie.
Sur un autre volet, Ezzeddine Saidane a estimé que c'est une aberration de discuter du budget 2023 alors que celui de 2022 n'a pas été bouclé. « On parle du budget 2023 et de la manière de le préparer alors qu'on n'a aucune idée sur la situation de la Tunisie en 2023. Aujourd'hui, on n'a pas de budget, on a été dépassé par les événements et toutes les hypothèses retenues ne sont plus d'actualité. Il est plus opportun de faire, en premier lieu, une loi de finances complémentaire », a-t-il souligné. Il a aussi spécifié que la valeur du dinar dépasse sa valeur réelle de 22%, selon les rapports du FMI. Et de préciser qu'en 2020 et 2021, la dette publique s'est envolée de 30% alors qu'entre février 2021 et février 2022, la dette publique a augmenté de 10,5 milliards dinars, sans comptabiliser les dettes de l'Etat envers les établissements publics et les entreprises privées tunisiennes.
S'agissant des prêts syndiqués en devises octroyés par les banques tunisiennes à l'Etat, l'expert a considéré qu'ils sont dangereux car provenant de ressources qui viennent des dépôts à vue des clients étrangers des banques. Il a aussi noté qu'il s'agit du septième prêt et que les six autres n'ont pas été remboursés mais rééchelonnés, en exprimant ses craintes face à cette situation et en considérant que la Banque centrale de Tunisie n'a pas joué son rôle. La veille, dans l'édition N°61 du Jort du 30 mai 2022, un décret-loi n° 2022-33 du 30 mai 2022, portait sur l'approbation de la convention de financement conclue le 20 mai 2022, entre la République tunisienne, et un groupe de banques locales pour le financement du budget de l'Etat, d'un montant respectif de 81,5 millions d'euros et 25 millions de dollars américains pour le financement du budget de l'Etat.